12 - Effondrement

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C'est la troisième fois que je me réveille, cette nuit. J'ai l'impression que quelqu'un me broie les os de la jambe gauche et personne, même les médecins, ne peuvent faire quelque chose pour cela. Je suffoque et je dois vraiment avoir l'air ridicule, d'un point de vu extérieur. Mais la douleur est tellement intense que les gens peuvent bien me prendre pour une idiote, j'ai besoin de crier. 

Lorsque la crise est passée, j'ai envie de vomir ou de hurler encore. Mes membres sont douloureux, ma peau sale et couverte de sueur. C'est dégoûtant. Et c'est seulement à ce moment-là, quand la douleur passe totalement, que je me rends compte du monde extérieur, enfin, réellement, je veux dire. Zayn est dans un coin de la pièce et une infirmière se trouve à ma droite, une seringue en main. 

–– Vous allez mieux ? Elle demande. 

–– Oui, je dis en déglutissant, sentant mon bras s'engourdir. 

–– Vous allez devoir prendre une douche, mademoiselle. 

Je regarde vaguement mon corps et hoche la tête. C'est vrai que je suis assez sale, actuellement. Et ça me dérange aussi. Je me redresse en position assise, alors que Zayn s'approche. Il passe un bras dans le bas de mon dos, puis déplace ma jambe maintenant plâtrée vers le bord du lit. Lorsque je suis sur pied avec mes béquilles, je repousse le métis. 

–– Je vais me débrouiller, je déclare en me déplaçant lentement dans la pièce. 

L'infirmière articule un « je vous laisse » avant de disparaître. Tant mieux. Elle m'aide, mais cet air hautain qu'elle pose sur moi en permanence est pesant. J'entre dans la salle-de-bains minuscule, reliée à la chambre, et essaye de me démener entre manques de place, béquille et vêtements encombrants.

–– Laisse-moi t'aider. 

Zayn entre dans la pièce et se dirige premièrement vers la douche, où il allume l'eau. Mon bassin est appuyé au lavabo, c'est soulageant de ne pas être couchée, de marcher, même dans ces conditions. 

–– Est-ce que tu penses que je devrais mettre quelque chose... Autour du plâtre ? Ou alors je le laisse hors de l'eau ? A l'extérieur de la douche ? 

Je me mords la lèvre inférieure, assez incertaine de ce que je dois faire. Je crois ne jamais avoir eu de plâtre, enfin j'en suis sûre, en réalité. 

–– Je pense qu'on va plutôt mettre un sachet autour, il dit en fouillant dans les tiroirs, avant d'en ressortir un sac-poubelle. Hum, ça fera l'affaire. 

Il s'accroupit devant moi et me demande de lever ma jambe endommagée, ce que je fais. Il passe le sac autour, puis le referme au niveau de ma cuisse. Cette sensation est définitivement étrange. Zayn se redresse face à moi et sourit. 

–– J'imagine que tu peux faire le reste seule, il déclare et j'acquiesce. Appelle-moi si tu as un problème, je reste dans la pièce d'à côté. 

Je hoche la tête et il s'en va. Bon, très bien. Les vêtements, maintenant. En réalité, il n'y a que cette robe verte affreuse et mes sous-vêtements. J'espère que ça ira. Et qu'ils m'en apporteront d'autres. Je retire la robe, une main fermement accrochée au lavabo dans mon dos. Je la laisse trainer au sol, puis me débat avec mon soutien-gorge. 

Lorsqu'enfin, il tombe au sol, je soupire longuement de soulagement. Je retire le reste de mes sous-vêtements et la chaussette droite, celle qu'il me reste. Je souffle longuement, puis me dirige vers la douche en prenant appuie aux murs. 

L'eau chaude me détend un minimum et me débarrasse de cette sensation de saleté dérangeante. Je lave mes cheveux pendant un moment, veillant a ce qu'ils soit réellement propre. Puis, après de longues minutes – peut-être plus d'une demi-heure – j'éteins l'eau et tente de sortir de la douche sans tomber. Le sol est glissant et mon corps est encore couvert d'eau. J'avance lentement dans la pièce, essayant d'atteindre une serviette, mais ce qui devait arriver arriva : je tombe. 

ClaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant