Prologue

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J'observe la fenêtre, me demandant plusieurs fois à quel moment le parquet craquera, à quel moment ils m'obligerons à sortir de cette pièce morose mais appréciable. Ils ne m'avaient pas autorisé à me procurer une montre ou une horloge. Ils disent que le temps était mon ennemie, mais je le trouve apaisant.Je n'ai rien en commun avec toutes ces autres personnes, je n'ai rien à faire ici. 

Après un certain temps à patienter, me battant contre mes pensées tortueuses, des pas sinistres font vibrer le sol. La porte s'ouvre d'une volée et je ne bouge pas d'un millimètre. Celle-ci en quelque seconde seulement vient s'écraser contre le mur. Je ferme simplement les yeux en resserrant l'emprise de mes mains ensanglantées sur mes genoux. 

–– Olivia, il est l'heure, siffle une voix. 

Je ne m'attendais pas à ce que ce soit celui-ci, mais il a sa façon à lui de laisser la porte frapper brutalement contre le mur endommagé, je l'ai reconnu au moment où il a passer le seuil de cette porte. Cependant, il y a un avantage, il n'éprouve aucune pitié et je crois que cela m'arrange sur certains points. 

–– Toujours pas décidé à parler, la tarée, il dit en me relevant par les épaules, m'arrachant un sourire alors que mon regard reste fixé sur le sol. Rappelle-toi de ta place avant de faire se sourire-là. 

Je relève mon regard et le plante dans le sien, un sourire en coin toujours encré sur mon visage, alors que ses yeux bleus me scrutent pendant un moment. Il a vingt-neuf ans et s'appelle Louis, si j'ai tout compris – je dois l'avoir fait, de toute manière. Cela fait cinq ans que je l'observe. 

Après quelques secondes à me dévisager, il me pousse par les épaules sur le côté, n'oubliant pas de planter ses ongles dans ma chair, ce qui ne me relève qu'un nouveau sourire. 

–– Ne crois pas que je vais t'aider avec tes mains. Tes crises, ton problème, il dit en me faisant avancer jusqu'à la porte. 

Il me fait fixer un mur, puis la verrouille à l'aide de ses clefs, qu'il raccroche ensuite à sa ceinture. Il me décolle de la surface abîmée et observe quelques secondes mes mains avant de secouer la tête. 

–– Putain, il faudra que tu m'expliques comment tu réussis à le faire même avec ces menottes de merde. Ca m'intéresse, parce que c'est dingue, il dit en sifflant d'admiration, avant de me pousser à nouveau par les épaules. 

En quoi cela pourrait l'aider ? Je me pose la question deux secondes avant que l'on ne croise la nouvelle dans les couloirs. Eleanor, je crois. Miss décolleté, je préfère. Elle intéresse plus de la moitié du personnel, et surtout Louis. 

Et cela ne m'étonne pas. Ce n'est pas comme si je l'avais surpris dans les toilettes avec une des infirmières il y a moins d'une semaine. Elle s'approche et ronronne littéralement face au châtain qui retient mes mains dans mon dos – je lâche un soupir. 

En moins de deux secondes je suis retourné et il m'observe durement, un pli barre son front. Mon visage arbore à nouveau ce sourire en coin, alors que ses mâchoires se contractent – cela faisait un moment qu'il n'y avait plus eu de problèmes et j'avoue que cela m'avait manqué. C'est la seule chose intéressante, ici. 

–– Est-ce que tu te fous de moi ? Il demande. 

Je hausse un sourcil en souriant pleinement cette fois et il lève le bras. Je me mords la lèvre inférieure en attendant le coup qui ne tarde pas à claquer contre ma peau. Je ferme les yeux le temps qu'il passe, avant de les rouvrirent sur Louis, sur le point de rire. Des tas de gardes observent la scène anxieusement, comme des loups à l'affût d'une quelconque proie. 

Je lui renvoie son coup à l'aide de mon genou, dans ses parties, ce qui le fait crier, littéralement. Un long rire naît dans ma gorge alors que je le regarde s'effondrer et que tous les gardes se précipite sur moi. 

Le reste passe au ralenti, il me balance sur le sol et je n'essaye même pas de me débattre, c'est inutile. Il menotte également mes pieds, puis me retourne sur le ventre.

Ils s'apprêtent à me droguer et cette perspective me fait rire à nouveau. Je relève le regard et souris à un des gardes. 

–– Ne croit pas que cela va m'arrêter. Ce ne sera que temporaire, j'articule d'un ton glacé. 

Une seconde plus tard, je suis dans les vapes alors qu'il retire la seringue de mon bras, qui vient elle de m'injecter un calmant – ou bien autre chose, je n'ai jamais su. 

Et comme à chaque fois, je ferme les yeux en souriant, me demandant pourquoi je me retrouve entre une dizaine de gardes, les mains en sangs, droguée, dans une prison, à vingt et un ans.

ClaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant