Je soupire lorsque l'infirmière déglutie en me regardant, encore perchée à plus de trois mètres de moi. Et je roule des yeux avant de lever mes menottes à sa vue.
–– Je ne peux rien vous faire, techniquement, je déclare, ce qui ressemble plus à un coassement qu'autre chose.
Ma voix n'est pas douce ou appréciable. Elle me paraît insupportable et rauque, mais je l'utilise tellement peu que cette fatalité est supportable.
–– Techniquement, elle répète en avançant un peu plus.
Je roule à nouveau des yeux en rabaissant cette affreuse blouse blanche sur mes jambes épaisses. Mes menottes m'en empêchent, ainsi que le garde à seulement cinq mètres de moi, mais si je le pouvais, j'aurais déjà frappé cette pimbêche. Elle est là à me regarder anxieusement, perchée sur ses talons hauts, comme si je pouvais la détruire par un simple touché de peau à peau.
–– Je ne vais pas vous tuer, j'articule en plantant mes yeux bleus dans les siens. Maintenant, aidez-moi, mon genou est en train de me faire réellement mal.
Et je ne mens pas, il me fait souffrir, même si j'essaye de le cacher. Elle approche et s'assoit sur un petit tabouret, en face de moi, passant ses mains sur ma jambe. Quelques minutes plus tard, enfin, elle semble plus ou moins détendue.
–– Comme ça, vous avez l'air d'une fille innocente, elle dit en un chuchotement.
–– Pourquoi ? Je demande. Parce que j'ai des cheveux blonds et des yeux bleus ? Croyez-moi, les apparences sont trompeuses. Ce n'est pas mes cheveux blonds qui vont m'empêcher de commettre un meurtre, je dis, le regard fixé à un mur au fond de la pièce.
–– C'est ce que vous avez fait ? Je fronce les sourcils, alors que mon regard tombe dans ses yeux.
–– Vous avez tué quelqu'un ? Elle demande, anxieuse, alors que ses mains se crispent sur ma peau.
–– Stop, coupe le garde, qui s'est rapproché.
–– Je n'allais pas lui dire, je siffle sans même lui jeter un regard. Je ne suis pas idiote.
–– Parle-moi autrement, il dit en fronçant les sourcils.
Et je ne réponds pas, essayant de contenir toute la colère qui me traverse. Je ferme les yeux en calmant peu à peu ma respiration haletante, relâchant après plusieurs minutes mes mains, arquées et enfoncées dans le cuir de la table d'auscultation.
–– J'ai finie, déclare la femme d'une petite voix en terminant le bandage au niveau de mon genou.
–– Ce n'est pas trop tôt ! S'écrit l'homme en m'arrachant littéralement de ma place, me tirant par le bras.
J'observe le mur blanc, alors que résonne dans la pièce un des albums de The Cranberries, la chanson Conduct, plus précisement. Je suis nostalgique et dans une humeur morose à l'entente de celle-ci. Elle m'arrache des sentiments, énormément. Et alors que je suis concentrée sur les paroles, un cri violent et déchirant me fait fermer les yeux.
Voilà la seule et unique raison du pourquoi j'écoute de la musique, tout le temps. Je me trouve ici dans le bâtiment réservé aux plus grands criminels du monde, dans la partie encore où se trouvent les plus dangereux. Logée au cœur des Etats-Unis, cette prison est en fait la troisième ou quatrième plus sécurisée. Les gardes s'amusent à l'appeler la nouvelle Alcatraz. Et en effet, personne n'a jamais réussi à s'échapper de cet endroit.
Les étages du dessous sont ceux où sont enfermés des criminels qui habitaient simplement proche d'ici. Plus on monte, plus les individus sont dangereux. Et je suis au dernier étage, dans la cellule tout au fond du couloir Est de l'étage Quatre. On appelle cet étage Enfer, et je confirme ces propos. A longueur de journée, nous pouvons entendre ici des cris déchirants, mais la nuit aussi. Il n'y a ici que des gens avides de sang et de meurtre. Je couvre mes oreilles avec mes mains en fermant les yeux, mon collier coincé entre mes lèvres.
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Claire
FanfictionObession, nom féminin singulier Pensée qui obsède, idée fixe. "Une personne morte ne devrait pas être aussi présente !" © Par propriété exclusive de l'auteur, la copie et les utilisations partielles ou totales de son travail sont interdites; conform...