Introduction {Andrea}

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« Si la vie ne te fait pas de cadeau , déploie tes ailes et renaît de tes cendres comme un phénix. »

Je perds la notion du temps, tellement ce qui m'entoure n'a plus de vision, d'odeur, ni de sensation quelconque

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Je perds la notion du temps, tellement ce qui m'entoure n'a plus de vision, d'odeur, ni de sensation quelconque. Je sombre à chaque seconde qui passe, un peu plus profondément. Je ne ressens plus rien, plus de douleur, plus rien de positif non plus. Je ne pense plus à rien. Le vide total. Le néant m'envahit dans sa spirale infernale jusqu'à ce que tout s'arrête, un peu trop brutalement.

— Vite ! En salle 3, faites-lui toutes les recherches nécessaires et je veux qu'on lui fasse passer une IRM, maintenant ! J'en ai rien à foutre qu'il n'y ait pas de place, faites-en ! On est en train de le perdre, bordel !

Je sens de l'agitation autour de moi, j'entends des bruits dont je n'arrive pas à déterminer la provenance, mais aussi des voix, beaucoup de voix qui se mélangent et se confondent. Je ne sais pas pourquoi j'ai conscience de tout ça, je pensais qu'une fois qu'on était mort, il n'y avait plus rien autour de nous. Un vide intersidéral. Pourquoi une telle agitation pour un cadavre ? Mes paupières s'ouvrent et ma rétine est agressée par une lumière bien trop vive. Ce n'est rien comparé à la douleur que je ressens dans tout mon corps. Une douleur oppressante, comme si on m'enfonçait les côtes une à une avec précision. Ma respiration est difficile, mais ce qui l'est encore plus, c'est de comprendre que je n'ai pas réussi à la rejoindre parce que maintenant que je vois, que je ressens, tout me revient en mémoire avec une malsaine insatisfaction. Pour que j'aie si mal, pour que je sois conscient de ce qui m'entoure, c'est que j'ai échoué. Je parviens à bouger et la douleur s'intensifie, c'est pire que tout. On me sangle, je le sens autant que j'entends l'ordre qui vient d'être donné.

Des personnes en blouse. Ils ne comprennent pas que je ne veux pas de tout ça, ils ne savent pas qu'ils commettent une grave erreur. Je ne veux pas vivre, pas si ça doit être sans elle. Elle est morte. L'homme dans l'ambulance l'a dit, je l'ai entendu et j'ai fait ce que j'avais à faire. Comment ai-je pu échouer ? Je n'aurais pas dû ! Je pousse un hurlement de douleur, car même si j'ai l'habitude de la souffrance, celle-ci est particulièrement tenace. Une main se glisse sur la mienne et au-dessus de moi, le visage de mon père apparaît. D'un seul regard rempli de larmes, je lui fais comprendre que je ne peux pas me battre. Il est le seul à pouvoir comprendre ce que je ressens. Il a perdu sa fille. Moi, je viens de perdre ma femme et notre enfant, je n'ai plus aucune raison de vivre. Aucune.

— Em... empêche-les... parviens-je à dire difficilement car mon corps n'est que débris.

— Arrête ça tout de suite, Andrea, j'ai déjà perdu un enfant, je n'en perdrais pas un deuxième.

Il ne me comprend pas. Il était le seul à le pouvoir, mais il ne fait pas cet effort. Sa voix est étrange, je n'ai jamais entendu mon père s'exprimer d'une façon qui laisse penser qu'il ressent la douleur comme n'importe quel être humain. Depuis quand a-t-il des sentiments ? Son cœur de pierre ne l'est peut-être pas autant alors que j'ai le net souvenir de lui à l'enterrement de Lila. Il n'a pas versé une larme, pas une seule. Peut-être que c'est ma propre souffrance que j'entends dans le son de sa voix, car mon corps n'est que ça, charpie, et tout se mélange dans ma tête.

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