Seconde Chance

Chapitre 16 {Aby} Stockholm Syndrome

« Baby look what you've done to me. Baby look what you've done now. Baby I'll never leave if you keep holding me this way.  Baby look what you've done to me. Baby you got me tied down.  »

One direction -Stockholm Syndrome

Les anciens disent que le temps efface les maux et nous offre un nouveau départ avec plus de légèreté. Je suis la preuve vivante que ce n'est pas toujours le cas. Des semaines se sont écoulées depuis que j'ai failli perdre la vie sous la main d'Andrea, autant de temps où je rumine ce passé maudit qui s'est débloqué de ma mémoire capricieuse comme une foutue boîte de pandore qui m'a explosé au visage. Il y a des choses dont il vaudrait mieux ne jamais se souvenir. Je me rappelle de tout, absolument tout. De mon enlèvement, à ce que j'ai vécu là-bas en étant témoin de la rage qui émane d'Andrea jusqu'à cet homme qui m'a passé à tabac m'en faisant faire une fausse-couche. Je me rappelle aussi de la petite Lila, du jour où j'ai appris son existence et ce qui lui était arrivé. Des conditions de ma détention chez les Venturini. Du père qui ne m'apprécie pas. De la présence de ma mère à mon mariage avant que mon père et mon fiancé ne débarquent pour créer un tel chaos. De la folie de Lorenzo dont j'ai été victime. À présent je sais qu'aussi horrible fût l'épreuve de perdre mon enfant, il ne pouvait pas en être autrement, car je n'aurais jamais pu aimer un enfant venant d'un homme capable de telles atrocités.

C'est quand même étrange comme organe le cerveau, pendant longtemps il m'a privé de mes souvenirs avant de m'ouvrir grand la porte pour tout me balancer à la gueule comme une tornade qui m'a retourné sur place. Je ne compte plus le nombre d'heures que j'ai passé à hurler, à pleurer, recroquevillée sur moi-même. Plus d'une fois j'ai cru que je serais incapable de me relever, mais j'ai trouvé une bonne raison de tenir  : Alba. À chaque fois que je pose mes yeux sur elle, je sais pourquoi je continue de me battre. Parce qu'elle ne peut pas grandir sans mère, parce qu'elle a besoin de quelqu'un pour la protéger et la rassurer quand elle aura peur. J'ai perdu ma mère en étant une adulte, mais les séquelles que ça laisse à l'intérieur de moi ne cicatriseront jamais.

Elle me manque tellement. Ça n'était pas toujours simple entre nous, mais on avait réussi à trouver un certain équilibre et quand j'ai eu le plus besoin d'aide, elle était là. Elle m'a aidé à leur échapper, elle m'a offert la possibilité d'avoir une belle vie et surtout, d'être libre. Pourquoi a-t-il fallu que ce désir de vengeance venant de mon père et de Lorenzo détruise autant de vies ? Lila, maman, moi. Je ne suis plus qu'à moitié vivante depuis que mon cœur a cessé de battre et qu'il a été remplacé par un autre. C'est difficile d'expliquer comment je me sens, mais j'aimerais qu'on me dise si un jour je serais capable d'accepter ce nouvel organe qui bat dans ma cage thoracique.

Oui, le temps a passé et la fin juin, avec ses températures plus clémentes, se dessine devant moi pour m'apporter un peu d'apaisement. J'ai récupéré mes souvenirs, mais pensé que ça me rendrait à nouveau complète, ce n'était qu'une illusion idiote. Dans ce déferlement de flashs, j'ai ressenti également tout l'amour que j'ai pu porter à Andrea. Longtemps j'ai cru au syndrome de Stockholm, préférant m'y réfugier derrière ce prétexte plutôt que de reconnaître être tombeuse amoureuse d'un homme aussi sombre, mais la vérité est là  : je suis amoureuse de lui, du moins je l'étais, car les derniers événements laissent un goût amer dans ma bouche et je ne suis pas certaine d'être capable de lui pardonner. Est-ce que je serais tombée amoureuse de lui sans toute cette histoire d'enlèvement ? Nous ne le saurons jamais.