3- La corporation

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La corporation – Dans la soirée.

Il y a quelques mois, je travaillais ici, dans cette corporation. Pas très longtemps parce que la déprime que j'avais fait causée par ma rupture me l'interdisait.

À Brooklyn, je me sentais chez moi. En sécurité, protégée, sans meurtres, mafias, mensonges, fausses promesses. Loin d'Italie.

C'est déjà ça.

La première fois que j'avais mis les pieds dans cette ville, tout était rose. Je romantisais tout. Dormir dehors, avoir froid ou faim jusqu'en tomber au sol, les crackheads et leurs comportements ahurissants. J'étais tombée bien bas.

Mais Taylor était là, lui. Si j'avais eu un minimum de conscience, j'en aurai parlé à Mavis.

Sans m'enfuir comme une voleuse.

En parlant de Mavis, voici une semaine que je ne l'ai pas vu, elle répondait à mes messages une fois sur deux et souvent je croyais l'apercevoir à mon lieu de travail. J'imaginais que ma paranoïa me jouait des tours.

« Tu es parano Lynn, Pedro ne pourrait jamais faire une telle chose »

«Bugiarda. Menteuse. Tu ne fais que mentir. »

« Dis-moi, ça t'arrive d'être censée, strega. »

Toutes ces pensées me revinrent en mémoire. Mes mains tremblaient et mes yeux se remplissaient de larmes.

C'est chaud de pleurer pour rien comme ça.

Toi ferme ta gueule.

« Je ne pleure pas, je ne pleure pas, me dis-je dans un simple murmure. »

J'avais l'irrépressible envie d'appeler Mavis, dans ces moments-là, c'était elle qui m'aidait sans jugement, sans peur. Je voulais retrouver ça.

« Siri, appelle Maymay.

Je lui donnais ce prénom lorsque nous n'avions que huit ans.

-J'appelle Maymay.

L'intelligence artificielle déformait son nom, ce qui m'étouffa un rire. Même sans être là à me faire rire, elle le faisait quand même.

Les tonalités de l'appel retentirent dans mes oreilles et puis là.

« Ly...Lynn ?

- Mavis ? Tu vas bien ? Tu ne me réponds plus depuis notre sortie, je pensais que tu regrettais tout ce qu'on s'était dit et que t'acceptais pas mes excuses, ce que je comprendrais.

Je me levai de ma chaise et fis les cent pas dans mon bureau avant de sortir de celui-ci parce qu'une fulgurante envie de caféine s'empara de moi.

-Tu aurais pu me dire que tu ne voulais pas me parler, j'aurai compris et puis-

Je marchais dans les couloirs de la corporation, à la recherche d'une machine à café.

-No...non absolument pas. C'est...c'est que euh, je suis en Italie je reviens dan...dans quelques jours.

Elle mentait, j'en étais persuadée.

Mon cappuccino à la vanille dans les mains, je retournais à mon point de départ et soudain, dans mon oreille, j'entendais les fausses excuses de mon amie d'enfance comme un écho. Comme si cette dernière était tout proche. Sûrement pas en Italie.

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