Partie 5 - La reine.

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C'est à votre tour maintenant ma reine. Venez avec moi.

Il tressaillit en entendant la voix caverneuse du garçon, toujours le même, s'adresser à sa mère ainsi. Il releva aussitôt la tête et se tourna vers sa mère, un air désespéré sur le visage. Non... pas elle non plus... Sa mère prit un air digne malgré ses larmes et se leva de la chaise sur laquelle elle était assise pour se diriger vers la porte de la geôle, faisant pousser un petit sanglot à sa sœur.

« Non... murmura cette dernière en essayant de rattraper sa mère et il se leva précipitamment du sol afin de tenter à son tour de l'empêcher de s'en aller.

— Ma-Maman... N'y vas pas...! Tu sais ce qu'ils vont te faire ! Comme papa, tu ne reviendras pas !

— Aurélien, mon tout petit... murmura sa mère en fermant les yeux avant de se baisser pour être à sa hauteur. Papa te l'a dit. Tu dois être fort à présent, c'est toi le roi.

— Oui et il m'a aussi fait promettre de vous protéger. Elisabeth et toi ! Alors je ne veux pas que tu t'en ailles !

— Mais j'ai pas le choix mon petit cœur... Alors promets-moi de veiller sur ta sœur. Vous vous devez de veiller l'un sur l'autre durant mon absence.

— Maman... me laisse pas... laissa-t-il échapper dans un sanglot terrifié et sa mère lui adressa un sourire désolé.

— Excuse-moi mon chéri. Tu le sais que si ça ne tenait qu'à moi je resterai pour toujours avec toi. Tu le sais, hein ? insista sa mère et il hocha précipitamment la tête en pleurant. Je t'aime plus que tout, Aurélien. Toi aussi, Elisabeth, l'entendit-il dire à l'attention de sa grande sœur et bientôt, il entendit cette dernière s'approcher d'eux. Vous êtes mes amours, ne l'oubliez jamais. C'est pour ça que vous devez me jurer... me jurer de rester en vie. Au moins vous. Le sang royal ne doit pas disparaître. »

Il hocha la tête doucement puis il sentit sa mère déposer un petit baiser sur sa joue avant de le prendre dans ses bras, avec sa sœur. Quand le révolutionnaire en eut marre, il l'entendit ouvrir les portes de la geôle et le sentit tirer brusquement sa mère loin d'eux et il éclata encore plus en sanglots à ça, terrorisé à l'idée de ne plus jamais voir sa mère de sa vie.

« Non...! Monstre, lâchez-là ! Lâchez ma mère ! »

Il chercha à se débattre afin de l'empêcher de l'emmener loin de lui mais il le sentit le pousser en arrière et il tomba au sol, ce qui lui arracha un petit gémissement de douleur. Il ne faisait pas le poids contre lui. Il se redressa tant bien que mal en sentant sa sœur le rejoindre par terre pour l'aider à se relever et il jeta un regard noir à travers ses larmes dans la direction qu'avait pris le révolutionnaire en emportant sa mère. Mais il n'était déjà plus là. Ses yeux trouvèrent plutôt le garçon de la veille, celui qui avait paru inquiet quand il s'était réveillé et qui avait empêché le révolutionnaire qui était parti avec sa mère de le frapper quand il avait voulu s'interposer entre ce dernier et son père. Il éclata alors violemment en sanglots en se rappelant que c'était à cause de lui qu'il était prisonnier ici, car c'était lui qui l'avait enlevé cette première nuit.

« Vous êtes des monstres... Jamais je ne vous le pardonnerai... » dit-il d'une voix tremblante à son intention avant de s'effondrer dans les bras de sa sœur.

Ils avaient détruit sa vie.

***

Il se réveilla en sursaut plusieurs heures plus tard en entendant la porte de la geôle s'ouvrir de nouveau dans un grincement terrible. Il se redressa faiblement par-dessus sa sœur, celle-ci l'ayant tenu dans ses bras jusqu'à ce qu'il arrive enfin à s'endormir un peu plus tôt. Il lâcha son lapin en peluche pour venir se frotter les yeux difficilement et fronça les sourcils en voyant le garçon sembler essayer de bloquer le passage au révolutionnaire qui avait emporté sa mère le matin-même. Sa mère.

« Non, attends... Qu'est-ce que tu vas lui faire ? Ce n'est encore qu'un enfant.

— Guillaume, laisse-moi passer. Je suis obligé si je veux qu'on règle le compte à sa mère.

— Sa mère ? Mais quel rapport ? Tu ne crois quand même pas qu'il va accepter de mentir pour toi ?

— Écoute, Guillaume. Il aura pas besoin de mentir, juste de se montrer devant les juges. Maintenant, dégage. Je sais ce que je fais. »

Il vit le révolutionnaire pousser fortement le garçon et il sursauta quand celui-ci apparut devant lui, un air à lui glacer le sang sur le visage.

« Ma... Maman ? Où c'est quelle est ? bredouilla-t-il, intimidé par le plus grand et celui-ci troqua son air noir pour un sourire se voulant rassurant.

— Ta mère te manque Aurélien, n'est-ce pas ? J'ai été un peu trop dur tout à l'heure. Alors je t'autorise à venir avec moi pour la voir une dernière fois. Qu'est-ce que t'en dis ? »

Il vit Guillaume froncer les sourcils à ça et sembler vouloir rétorquer quelque chose mais le plus grand leva la main dans les airs, l'empêchant de dire quoi que ce soit.

« Et... Elisabeth ? Est-ce qu'elle peut venir elle aussi ? balbutia-t-il en se tournant d'un air hésitant vers sa sœur encore profondément endormie à ses côtés.

— Non, Aurélien. Juste toi. Regarde, elle dort encore et je ne peux pas vous laisser y aller à deux. Alors, tu viens ? »

Il se mordit fébrilement la lèvre inférieure en réfléchissant, se demandant ce que le révolutionnaire avait vraiment derrière la tête, mais quand le visage souriant de sa mère apparut dans son esprit, il céda.

« D'accord... murmura-t-il avant de se tourner vers sa sœur afin de déposer un petit baiser sur sa joue fraîche. Je reviens vite, Elisabeth... Ne t'inquiète pas. »

Il se leva alors et rejoignit le révolutionnaire, le regard inquiet du garçon – Guillaume – sur lui. Est-ce qu'il savait quelque chose qu'il ne savait pas ? Au moins, il espérait qu'il prendrait soin de sa sœur en son absence.

Fiction OrelxGringe - Royauté. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant