Partie 20 - La bénédiction.

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« Eh... Comment tu te sens ? Un peu mieux ? »

Quand Aurélien se redressa contre le dossier du lit le lendemain matin, celui-ci lui lança un regard interrogateur, avant de venir se frotter les yeux d'un air encore fatigué. Il était adorable.

« Qu'est-ce que... Est-ce que je me suis endormi...? lui demanda ce dernier en se frottant les yeux vigoureusement et il sourit doucement, attendri par le jeune roi.

— Ah ça oui... T'as dormi comme un bébé, répondit-il en riant, ses yeux se posant sur le petit lapin en peluche un peu délavé à présent qu'il avait glissé dans les bras du plus jeune après qu'il se soit endormi la veille.

— Guillaume... Est-ce que c'est... le lit du paysan et de sa femme ? lui demanda Aurélien, ignorant sa dernière remarque. Est-ce que... j'ai dormi dans leur lit ? »

Il l'observa un long moment en silence, Aurélien observant d'un air hésitant la pièce dans laquelle il s'était réveillé avant que celui-ci ne se tourne vers lui :

« Guillaume ?

— Ah euh... oui. Oui, c'est là que je t'ai amené dormir, hier, dit-il rapidement alors qu'il pensait intérieurement que c'est là où ils avaient dormi, s'étant endormi en serrant le plus jeune contre lui.

— D'a-D'accord... balbutia le plus jeune, attrapant doucement son doudou à ses côtés dans le lit. Je n'arrive toujours pas à réaliser... Ce qu'il s'est passé hier... Ils sont morts... par ma faute. Parce qu'ils me cachaient...

— Ce n'est pas tout à fait vrai, et tu le sais. Même si tu n'avais pas été là... ils auraient quand même incendié le village. Parce que les villageois n'acceptaient pas de se soumettre à la République qu'ils tentent à tout prix d'imposer par la Terreur. »

Aurélien ne répondit rien, le dévisageant en silence, avant qu'il ne le voie écarquiller les yeux d'un air terrorisé et il bugua un moment en voyant cette expression sur son visage avant de percuter ce qu'il avait laissé échapper sans faire exprès :

« Le... Le village...? Ils ont incendié le village aussi ? Guillaume, c'est bien ce que tu as dit ? s'écria Aurélien, les yeux écarquillés, et comme il ne répondait rien, il le vit se mettre à genoux sur le lit en repoussant les draps. Guillaume !

— O-Oui, Aurél... Je suis désolé. Les colonnes infernales... Ils ont recommencé... Ils ont tout mis à feu et à sang. Ils sont tous morts.

— T-Tous...? M-Même les enfants...? bégaya Aurélien en le regardant d'un air dévasté et quand il hocha la tête doucement, Aurélien éclata en sanglots. Non... C'est de ma faute... Pourquoi...? Guillaume... »

Il prit le jeune roi dans ses bras en le voyant s'effondrer ainsi et le serra fort, essayant ainsi de lui procurer un peu de réconfort. Aurélien... Pourquoi le destin devait-il s'acharner sur lui en le rendant responsable de tous les malheurs de son peuple alors que lui ne voulait précisément que son bien ? Il avait tellement de peine pour lui.

***

« Aurél... Il va nous falloir nous en aller maintenant... »

Aurélien resta immobile quand il posa sa main sur son épaule alors qu'il était agenouillé devant une petite croix blanche, le jeune roi venant tout juste d'enterrer un des enfants du village à cet endroit précis.

« Elle avait... encore sa poupée dans les bras, Guillaume... murmura Aurélien avant de se tourner vers lui, un petit sourire triste sur le visage et les larmes aux yeux. Il en manque plein... On a pas réussi à trouver tous les corps...

— C'est normal... Souviens-toi ce que je t'ai dit. Ils ont été brûlés. Donc pour la plupart... il n'y a déjà plus de corps malheureusement.

— Alors est-ce que... ils vont se retrouver en Enfer ? lui demanda d'une petite voix le plus jeune et, encore une fois, il fut surpris de voir à quel point il avait gardé sa foi en Dieu malgré tout ce qu'il lui était arrivé ces dernières années.

— Non, bien sûr que non. Tu as fait une prière pour eux, n'est-ce pas ? Alors si même le roi prie pour leur âme... pourquoi donc Dieu les chasserait du Paradis ? Hein ?

— Parce que tu crois... qu'Il m'écoute ? Tous ces gens morts pour moi... Et puis... je ne suis pas encore roi, Guillaume, je te l'ai déjà dit...

— Et moi, je te l'ai assez répété, Aurél. Tu es devenu roi le jour où ton père est mort. Le roi est mort, vive le roi... N'est-ce pas ?

— Tu crois que je le mérite ? D'être... roi ?

— Bien sûr que tu le mérites. Je n'ai jamais douté de ça. »

Aurélien lui lança un petit regard hésitant quand il dit ça et il prit doucement sa main dans la sienne.

« Aurél, en tant que roi... J'aimerais que tu me bénisses pour la bataille de tout à l'heure.

— Te... bénisses...?

— Oui. Tu veux bien faire ça pour moi ? Tu as déjà dû voir ton père le faire, non ? »

Aurélien hésita avant de hocher la tête doucement, puis il le vit se lever et tendre la main dans sa direction. Il enleva alors son épée de son fourreau et lui tendit cette dernière, mettant la poignée dans sa main. Leurs doigts se frôlèrent à ça et il frissonna au contact, ne s'étant jamais fait à ce dernier malgré les années qu'il avait passé à ses côtés. Aurélien lui sourit doucement et il joignit ses mains en forme de prière, fermant les yeux. Il baissa la tête et il sentit le plus jeune poser avec délicatesse son épée sur son épaule droite :

« Mon chevalier... Pour la bataille qui approche, je vous bénis. Je remets ma vie entre vos mains, mon espérance dans votre cœur, et la survie de mon peuple sur vos épaules. Je vous prie de ne jamais abandonner, jusqu'à ce que la victoire soit nôtre. »

Il recula ensuite l'épée de l'épaule du plus grand et s'agenouilla face à lui. Il déposa l'épée dans ses mains à présent grandes ouvertes au-devant de lui, puis posa ses mains sur ses épaules.

« Je t'en supplie... Reste en vie. Je ne le supporterais pas sinon. »

Il allait ouvrir les yeux en l'entendant lui murmurer ça en addition à la bénédiction quand il le sentit déposer un petit baiser sur son front. Aurélien embrassa ensuite sa joue droite, puis sa joue gauche, faisant faire une embardée à son cœur, avant de se blottir dans ses bras.

« Fais attention à toi... Je t'en supplie...

— Aurél...

— Vraiment. Je ne plaisante pas. Je sais que ça fait trois ans que tu attends ce moment... mais fais attention à toi. Tu sais à quel point ils sont dangereux. Je ne le supporterais pas s'il venait à t'arriver quelque chose... »

Il hocha la tête contre celle du plus jeune, indiquant ainsi qu'il avait compris, et il entoura sa taille de ses bras. Aurélien... Ma vie toute entière t'appartient.

Fiction OrelxGringe - Royauté. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant