Partie 6 - La soeur.

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« Aurélien ? »

Il releva la tête de son livre quand il entendit la sœur du plus jeune appeler ce dernier alors qu'il cherchait à tout prix depuis qu'il s'en était allé avec son frère de l'enlever de son esprit. Il ne comprenait pas pourquoi... mais celui-ci l'obsédait. Peut-être était-ce parce que c'était le futur roi. Mais son frère ne voulait plus de roi, alors qu'allait-il devenir ?

« Auré– Où est-il ?! Qu'avez-vous fait de mon frère ?! l'entendit-il alors s'adresser à lui en se levant de la chaise sur laquelle elle dormait jusqu'ici et en la voyant s'approcher de la porte de la geôle, il leva un doigt devant sa bouche pour lui dire de ne pas faire de bruit.

— Chut, ils dorment, dit-il simplement en faisant un petit signe de tête en direction des deux amis de son frère qui s'étaient assoupis après leur partie de carte et la princesse leur jeta un regard furtif avant de froncer les sourcils.

— Et alors ? Vous allez me dire où vous avez amené mon frère ou je vous promets que–

— Oh, du calme...! Ton frère est avec le mien, c'est tout. Il lui a proposé d'aller voir une dernière fois ta mère, même si je ne comprends pas pourquoi.

— Avant de la guillotiner, c'est ça ? Vous êtes des criminels. Et vous voulez lui imposer ça en plus ?! Aurélien n'a que onze ans ! C'est un enfant !

— Ce n'est plus un enfant ! s'écria-t-il de colère alors que dans son esprit l'âge du plus jeune résonnait en lui. Plus depuis qu'il est devenu roi à la place de votre père. Tu sais bien ce qu'on dit : Le roi est mort, vive le roi.

— Justement. C'est à cause de vous ça. Vous autres, les révolutionnaires, dit Elisabeth d'un air de dégoût. Vous vous mêlez de choses qui sont plus grandes que vous, que vous n'arriverez jamais à comprendre tout à fait. Aurélien, ça fait depuis qu'il est né qu'on lui a imposé ce rôle. Qu'il apprend à devenir roi. Les ombres de nos ancêtres pèsent sur ses épaules. Mais malgré tout, on a toujours tout fait pour qu'il puisse vivre son enfance comme n'importe quel autre enfant. Et à cause de vous, il va être obligé de grandir plus vite qu'il ne le devrait.

— Chacun son tour alors. »

Il serra la mâchoire pour s'empêcher de dire autre chose de plus véhément à la princesse. En vérité, il était injuste. Il n'avait jamais manqué de rien étant petit, venant d'une famille bourgeoise, et ce n'était pas de la faute du roi et de la reine si son père était mort quand il avait eu dix ans, le laissant seul avec sa mère et son frère. Le roi n'avait pas le pouvoir de faire revenir les morts à la vie, non ? Et ce n'était pas de sa faute non plus s'il avait dû grandir un peu plus vite afin d'aider sa mère et son frère à maintenir les apparences quand leur fortune avait commencé à disparaître petit à petit à cause de leur train de vie.

« Tu veux te laver ? proposa-t-il alors à la princesse en sortant de ses pensées et celle-ci lui lança un regard surpris.

— Quoi ?

— Te laver. Ça va bientôt faire trois jours que vous êtes là. Tu dois avoir envie de te laver, non ? Je t'ai vu te gratter tout à l'heure.

— Il y a de quoi ici ? lui demanda la princesse en lui jetant un regard méfiant et il hocha la tête. Et pour les vêtements ? Je remets ma chemise de nuit ?

— Mm... Si tu veux... je peux aller chercher des vêtements propres au château. Je prendrai des habits propres pour ton frère pour quand il reviendra aussi. Et après je t'accompagne pour te surveiller. Ça te va ? »

La princesse hésita avant de hocher la tête.

« Je ne sais pas pourquoi tu fais ça mais merci. J'aurai l'impression de regagner un peu de dignité au moins. »

Il acquiesça et tourna les talons. Il hésita à réveiller les amis de son frère avant de se dire que ça ne servait à rien car à part passer par la fenêtre, la princesse n'avait aucun moyen de sortir d'ici. Il allait espérer que tout se passerait bien alors.

***

En revenant à la prison, il hésita avant de décider de passer par la place du village. Comme il s'y attendait, une foule immense était amassée sur la place et en se hissant sur la pointe des pieds, il vit la reine près de la guillotine. Celle-ci avait un air digne sur le visage malgré le fait qu'elle ait les poings liés par une corde et il fronça les sourcils en se rendant compte que les villageois du premier rang semblaient l'insulter. Il ne comprenait pas car, comme lui, les villageois aimaient en grande partie leur roi et leur reine. Ils avaient juste été manipulés pour certains et avaient bien trop peur des révolutionnaires pour les autres pour oser s'interposer. Depuis que son frère et ses amis avaient pris le contrôle de l'armée de Paris et de l'Assemblée depuis quelques semaines, c'était devenu un véritable bain de sang. Jour après jour, c'était des centaines de personnes innocentes qu'on envoyait à la potence. Juste parce qu'elles refusaient de leur obéir à eux ou qu'elles étaient de sang nobles. Et à ce moment précis, il se demanda comment il avait pu laisser faire ça. Est-ce que lui aussi avait peur d'eux ? C'est alors qu'il aperçut Aurélien sur la scène, près de son frère, et il fronça les sourcils en le voyant complètement amorphe, regardant sa mère près du bourreau mais comme s'il ne la voyait pas vraiment. Le plus jeune n'était même pas retenu par des liens et pourtant, il ne faisait rien. Il plissa les yeux afin d'essayer de mieux le voir quand il crut apercevoir du sang sur sa chemise de nuit qui lui semblait aussi déchirée au niveau des genoux mais juste à ce moment-là, le plus jeune sursauta violemment avant de s'écrouler au sol, tombant dans les pommes. Il écarquilla les yeux d'un air paniqué avant de comprendre que le bourreau venait de faire son office. Il avait raté la mort de la reine car il avait été hypnotisé par lui. Il vit alors son frère se pencher vers Aurélien et le prendre dans ses bras, redescendant de la scène, le poussant à s'en aller. Il fallait qu'il parte de là avant que son frère ne le voie. 

Fiction OrelxGringe - Royauté. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant