« Est-ce que ça va un peu mieux comme ça ? »
Il sortit de sa contemplation du plus jeune en entendant ce dernier lui poser cette question d'une voix douce lorsqu'il eut finit ce qu'il était en train de faire. Il baissa les yeux en direction de son épaule blessée qui était à présent entourée du tee-shirt blanc d'Aurélien et quand il leva sa main vers celui-ci pour le frôler de ses doigts, Aurélien recula la sienne qui était posée délicatement par-dessus le tissu. Leurs doigts se frôlèrent et il vit le plus jeune rougir adorablement au léger contact. Adorable, pensa-t-il en souriant distraitement tandis qu'il se mettait à caresser son épaule ainsi bandée. Il releva la tête en voyant Aurélien frissonner du coin de l'œil malgré le feu qui brûlait toujours et il éloigna sa main de son épaule afin d'approcher cette dernière de son bras à lui :
« C'est parfait, Aurél. Mais toi ? Ça va...? Tu as l'air d'avoir froid...
— Un peu... Mais c'est pas grave, répondit le jeune roi en frissonnant quand sa main vint entourer son bras avec douceur. C'était plus important ton épaule, même si je n'ai pas pu faire grand chose...
— C'est déjà bien assez, je te promets, dit-il d'un air assuré avant d'apercevoir les bleus disséminés un peu partout sur la peau blanche du plus jeune. Tu as vraiment la peau... délicate. Pour que le simple fait de dormir par terre te fasse autant de bleus... »
Aurélien lui lança un petit regard hésitant avant de sembler se rappeler des bleus qui recouvraient son corps et il le vit hocher la tête. Alors, il se rappela d'avec quelle violence il s'était réveillé un peu plus tôt, semblant sortir d'un cauchemar, et il se mit à caresser sa peau de son pouce avec délicatesse :
« Tout à l'heure... Tu as fait un cauchemar, n'est-ce pas ? Tu as crié dans ton sommeil...
— J'ai... J'ai crié...? bégaya Aurélien en lui lançant alors un regard inquiet et il hocha la tête. Qu'est-ce que... Qu'est-ce que j'ai dit...?
— Tu... Tu suppliais quelqu'un d'arrêter. Tu as dit Non et tu semblais être en train de te débattre. De quoi tu as rêvé ? »
Le plus jeune lui lança un regard terrifié quand il l'entendit dire ça et il vit alors des larmes lui monter aux yeux, ce qui lui serra le cœur.
« Ce n'était pas... qu'un simple rêve, c'est ça ? C'était quelque chose... que tu as vécu. Récemment, peut-être même ? À la prison ? lui demanda-t-il d'un air hésitant et il vit les larmes bordant les yeux du plus jeune se mettre à couler sur ses joues quand il dit ça. Aurél... Tu veux bien me dire... ce qu'il s'est passé ? »
Le jeune roi resta un long moment silencieux, les yeux rivés sur lui et un air désespéré sur le visage, avant qu'il ne le voie baisser la tête d'un air abattu.
« Aurél...? l'appela-t-il doucement en caressant avec douceur sa peau et il le vit secouer la tête faiblement.
— C'est ton frère.
— Mon frère ? répéta-t-il en haussant les sourcils d'un air surpris. Julien ? Est-ce qu'il t'a... fait du mal...?
— Oui... Énormément... murmura le plus jeune en gardant la tête baissée et il sentit son cœur se serrer dans sa poitrine, ayant soudainement peur de ce qu'il allait lui dire sur ce dernier. Ce jour-là... quand il m'a proposé d'aller voir ma mère avant qu'elle ne passe sous la guillotine... c'était un piège. Je n'aurais jamais dû y aller... »
Il écarquilla les yeux en se rappelant de ce moment quand son frère était entré dans la prison et qu'il s'était mis entre lui et la geôle où se trouvaient le jeune roi et sa sœur alors qu'ils dormaient encore, pris d'une intuition soudaine. Son frère lui avait dit de le laisser passer parce qu'il avait besoin d'Aurélien pour régler son compte à la reine, l'Assemblée semblant un peu hésitante à faire passer cette dernière sous la guillotine. Elle est encore trop innocente à leur yeux et ils ne m'ont pas cru quand je leur ai dit de quoi elle était coupable. Il avait demandé à son frère s'il pensait vraiment qu'Aurélien allait mentir pour appuyer son mensonge et ce dernier lui avait répondu qu'il n'en aurait pas besoin. Qu'il aurait seulement à se montrer devant les juges du tribunal de la Terreur. Et Aurélien avait accepté de l'accompagner ensuite quand son frère lui avait menti, prétendant vouloir l'amener voir sa mère une dernière fois. Quand il était revenu, Aurélien avait paru comme mort à l'intérieur, après avoir assisté à la mise à mort de sa mère, et quand il s'était effondré contre lui dans le bain après qu'il lui ait demandé ce que son frère lui avait fait, celui-ci lui avait dit être coupable de la mort de celle-ci. Il lui fallait une preuve alors il l'a créée, entendit-il la voix du plus jeune dire dans son esprit. Je vais dire qu'elle est coupable d'inceste sur son propre fils, comme ça d'une pierre deux coups, entendit-t-il ensuite la voix de son frère dans son esprit, se rappelant de leur conversation du matin-même. Devine, eut-il ensuite l'impression d'entendre la voix de son frère murmurer à son oreille, lui faisant penser à quand il l'avait confronté pour savoir ce qu'il s'était vraiment passé quand il avait amené Aurélien voir sa mère vu l'état dans lequel il était revenu à la prison. Il avait hésité à croire que son frère avait réellement réussi à pousser la reine à faire quelque chose à son fils avant de se dire qu'en fait, il aurait très bien pu se passer d'elle pour rendre réel son mensonge. Et cette idée s'était peu à peu imposé à lui malgré le fait qu'il préfère éloigner cette hypothèse de son esprit, jusqu'à maintenant.
« Il t'a... touché, n'est-ce pas ? murmura-t-il alors, dans un souffle. Comme il voulait faire croire à l'Assemblée que ta mère le faisait avec toi et comme il n'avait pas de preuves... il l'a fait pour de vrai. Pour en avoir une et pouvoir ainsi tuer ta mère. »
Aurélien tressaillit sous ses doigts quand il dit ça et il le vit lui jeter un regard terrifié :
« Tu étais... au courant ? »
Il hésita un long moment avant de se dire que ça ne servait plus à rien de mentir après tout ce qu'il avait déjà laissé échapper. Oui, il le savait. Et il avait laissé faire son frère. Il était aussi coupable que lui alors dans un sens. Aurélien éclata en sanglots à sa réponse et il le vit baisser la tête de nouveau, se renfermant sur lui-même. Il était coupable de ce qu'il lui était arrivé. Il s'en était douté, et il n'avait rien fait. Il était bel et bien un monstre.
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Fiction OrelxGringe - Royauté.
FanfictionAurélien est prince quand des hommes tentent de destituer son père du trône.