Eh... Aurél, ouvre les yeux... Tu m'entends...?
Il sortit de l'inconscience en entendant une voix l'appeler doucement. Il entrouvrit alors les yeux, péniblement, et plusieurs secondes passèrent avant que le visage qu'il aperçut penché par-dessus le sien ne devienne complètement net. Guillaume. Il essaya de se redresser, mais s'en trouva incapable tant il se sentait faible et il prit alors conscience de la main que Guillaume avait posé sur son torse.
« Reste allongé, Aurél. Tu as perdu beaucoup de sang, lui dit ce dernier en enlevant sa main de par-dessus sa poitrine pour la glisser dans ses cheveux et il le sentit frôler le pansement qu'il sentait avoir sur l'arcade sourcilière. Est-ce que ça te fait encore mal ?
— Non... répondit-il sincèrement avant d'attraper doucement la main du plus grand de la sienne pour la reculer de son visage. Guillaume... Il les a tués... Les paysans qui nous ont accueillis... Je l'ai entendu tirer... Et quand il m'a vu en sortant de la maison... Il a essayé de m'attraper...
— Je sais, Aurél... J'ai bien compris, lui répondit Guillaume et il le vit lui lancer un regard doux malgré son air triste avant de reprendre. Il t'a... touché ? Tu as dit qu'il avait... encore une fois ? Il a osé recommencer ?
— N-Non... Il le voulait... Il a essayé... Il m'a fait du mal, m'a fait tomber par terre... mais j'ai réussi à m'enfuir cette fois. Et j'avais bien trop peur... alors j'ai attrapé son arme qu'il avait délaissée au sol et j'ai tiré. Je l'ai tué... juste au moment où il me transperçait la taille avec son épée... Je ne m'en étais pas rendu compte tout de suite... »
Il éclata en sanglots en repensant à la scène, la sensation de la lame froide de l'épée le faisant frissonner en s'en rappelant. Il sentit alors Guillaume se mettre à caresser avec une infinie douceur sa taille blessée et il se rendit compte que cette dernière était à présent bandée.
« Je suis tellement désolé de pas avoir été là pour toi, Aurél. J'aurais dû être à tes côtés. Te protéger. J'en avais fait le serment, merde. »
Il sourit d'un air triste et quand il ferma les yeux un instant, il sentit Guillaume éloigner sa main de sa taille pour lui passer un linge humide sur le front :
« T'es un peu fiévreux, lui expliqua ce dernier quand il rouvrit les yeux pour lui lancer un regard interrogateur et il les referma aussitôt en se blottissant contre sa main quand celle-ci trouva sa main dans ses cheveux. Il te faut te reposer ce soir. Nous partons de toute façon demain matin.
— Comment ça...? Déjà...?
— Oui, Aurél. Ton armée est fin prête à croiser le fer avec l'armée de la République. Ils sont tous tenus au courant. La bataille aura lieu demain dès onze heures. Nous aussi nous auront un long chemin à parcourir jusqu'à Paris. Et puis... nous ne sommes pas seuls.
— Qu'est-ce que... tu veux dire par là ? questionna-t-il le plus grand du regard en entrouvrant faiblement les yeux et celui-ci lui sourit d'un air malicieux.
— Quelqu'un est venu me parler aujourd'hui dans la taverne où je m'étais arrêté pour prendre mon dernier repas du voyage. Et cette personne... c'était quelqu'un que l'on croyait tous deux mort depuis longtemps...
— Quelqu'un...? Qui ça, Guillaume ? Je t'en supplie, dis-le-moi... implora-t-il ce dernier en le voyant prendre un malin plaisir à faire durer le suspens. Guillaume...! Je t'ordonne de me le dire.
Il attrapa la main du plus grand qui était plongée dans ses cheveux en disant cela et celui-ci sourit doucement avant de hocher la tête.
« Ta sœur, Aurélien. Elisabeth est en vie.
— Qu-Quoi...? »
Les larmes lui montèrent aux yeux en entendant le plus grand lui dire ça et il sentit son cœur s'emballer dans sa poitrine à la seule pensée que sa sœur puisse être en vie :
« S'il-te-plaît, ne rigole pas avec ça... Comment ça se pourrait...? Ça fait trois ans... trois ans que je la cherche partout... dit-il en se redressant péniblement, venant s'adosser au dossier du lit. Trois ans que je demande après elle dans chaque village où on est accueillis... Sans aucune réponse positive... Sans que jamais personne ne me dise l'avoir vue...
— Je te promets que je ne me moque pas de toi, Aurél, lui dit Guillaume en entourant son visage de ses mains pour le forcer à plonger son regard dans le sien. Elle a réussi à se cacher chez des nobles. Et elle s'est crée sa propre armée, composée elle de nobles et de bourgeois. Si l'on ne gagne pas la guerre ainsi, c'est à n'y rien comprendre.
— Tu crois vraiment... qu'on a une chance de remporter la bataille ? demanda-t-il dans un murmure en fermant doucement les yeux et il sentit Guillaume attirer son visage à lui afin de déposer un baiser sur son front chaud.
— Bien sûr. C'est obligé. On ne peut pas perdre avec les trois quart du peuple derrière nous, hein ? Tu es légitime, Aurél. Je te l'ai assez répété ces dernières années. Et tu monteras sur le trône de France. Tu as ma parole.
— C'est vrai... Tu as promis... » s'entendit-il murmurer alors qu'il sentait ses paupières se faire de plus en plus lourdes et il sentit Guillaume l'attirer à lui avec douceur, celui-ci se mettant à caresser sa nuque de ses doigts avec délicatesse sous ses longs cheveux noir emmêlés.
Guillaume... Son chevalier. Il avait promis de le faire couronner roi de France et depuis trois ans qu'il était à ses côtés, jamais il n'avait failli à la mission qu'il s'était donnée. Celle de veiller sur lui et de le protéger. Alors oui, s'il lui disait qu'ils avaient une chance de remporter le combat, c'est que ça devait être vrai. Il avait une totale confiance en lui.
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Fiction OrelxGringe - Royauté.
FanfictionAurélien est prince quand des hommes tentent de destituer son père du trône.