Partie 13 - Mon roi.

46 6 1
                                    

« Aurél...? Qu'est-ce que tu fais ? »

Il se tourna vers Guillaume en l'entendant lui demander ça et il le dévisagea un long moment, ses bretelles pendant de chaque côté de son corps, avant de remettre celles-ci sur ses épaules nues. Il roula son tee-shirt blanc en boule puis se retourna vers Guillaume, avançant ce dernier de son épaule, avant de remarquer l'entaille qu'il avait au niveau de l'arcade sourcilière et de s'arrêter en plein mouvement. Comment avait-il pu l'oublier ? Cette blessure... c'était son frère qui la lui avait faite. En le frappant de la crosse de son arme. Il frissonna en se remémorant la scène, celle-ci lui faisant aussitôt penser à une autre scène, avant de sursauter brusquement en sentant Guillaume entourer délicatement son poignet.

« Aurél...? Je t'ai posé une question.

— Mm... Quoi...? bredouilla-t-il, n'ayant aucune idée de combien de temps il avait déconnecté de la réalité en se perdant dans ses pensées.

— Je t'ai demandé... ce que tu faisais. Ce que tu voulais faire. Pourquoi t'as enlevé ton tee-shirt ? Qu'est-ce que tu comptes faire là ?

— Je... J'aimerais... J'aimerais te soigner. Au moins... un minimum, tenta-t-il d'expliquer en bégayant, se forçant littéralement à dissiper le souvenir qu'avait pris place dans son esprit. Si... Si tu acceptes que je te touche... Si tu me laisses... Tu es blessé et... j'aimerai... éponger... un peu de ton sang...

— Me soigner ? Après... Attends, après tout ce que je t'ai fait subir, tu veux me soigner ? Tendre à mes blessures ?

— Qu'est-ce... Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi tu dis ça comme ça ? demanda-t-il d'un air hésitant en voyant Guillaume froncer les sourcils. Tu ne veux pas...?

— Mais... c'est pas ça, Aurél. C'est à cause de moi que t'as été emprisonné ces derniers jours. T'as déjà oublié ou quoi ?

— N-Non, mais... Tu as racheté ta faute... Tu m'as aidé à m'enfuir de la prison, balbutia-il en fronçant les sourcils, repassant les évènements récents dans son esprit. Tu m'as porté sur ton dos quand j'étais à bout de force... Tu as veillé sur moi pendant que je dormais... Et même... même quand j'étais prisonnier... Tu as empêché ton... ton frère cette fois-là... de me frapper, dit-il en se rappelant de quand Julien avait tenté d'abattre son arme sur lui quand il avait voulu s'interposer entre lui et son père et que Guillaume avait attrapé son frère par le bras pour l'en empêcher. Tu nous as aidé... ma sœur et moi... continua-t-il en se mettant à pleurer en se rappelant soudain de sa sœur et une angoisse sourde fit son apparition en lui à son seul souvenir. Tu nous as aidé en nous procurant du linge pour qu'on puisse s'enfuir. Et... aussi... quand je me suis effondré en larmes contre toi hier soir... tu n'es pas parti. Tu es resté avec moi. Tu as beaucoup fait pour moi là-bas et... pour ça... je te pardonne. Vraiment.

— Tu me... pardonnes ? répéta Guillaume en haussant les sourcils d'un air surpris et il hocha précipitamment la tête alors que ses larmes dévalaient ses joues.

— Oui. Tout, je te pardonne tout. Je sais que c'est ton frère qui t'a entraîné dans toute cette horreur. Je comprends... Et tu aurais pu ne rien faire, c'est sûrement ce qu'il attendait de toi. Mais tu as choisis de m'aider au lieu de ça. Tu t'es mis en danger pour nous. Pour moi.

— J'ai mis du temps à faire un choix... entendit-il Guillaume lui répondre alors qu'il sanglotait sans pouvoir plus s'en empêcher et soudain, il le sentit poser délicatement sa main sur sa joue, ce qui le fit tressaillir violemment. Entre la République que voulait instaurer mon frère et ses amis, quitte à en passer par le sang et les larmes... et la Royauté millénaire de tes aïeux.

— Et tu... tu as choisi...? bégaya-t-il en lançant un regard implorant au plus grand, n'étant pas encore complètement sûr de la fin de cette phrase.

— Toi. Je t'ai choisi toi, Aurél. Évidemment, dit le plus grand en se mettant à caresser sa joue et il exhala un petit rire à travers ses larmes, infiniment soulagé de sa réponse. Je te choisis. Et il faudra me passer sur le corps, littéralement, si quelqu'un veut te faire du mal. Si tu acceptes, je veux passer ma vie à te protéger. En tant que soldat à ton service. Au service du roi. »

Il secoua la tête lentement, ne trouvant pas le courage en lui de répéter encore une fois à Guillaume qu'il n'était pas roi, qu'il ne le serait jamais, et qu'il n'y avait plus rien à protéger en lui. Que même s'il mourrait demain, ça ne changerait rien au cours de l'Histoire, et qu'il fallait bien qu'il comprenne cela une bonne fois pour toute. Il n'avait aucun devoir envers lui en tant que sujet du Royaume, car de Royaume il n'y en avait plus à présent. Il ne trouva cependant pas les mots et se jeta à la place au cou du plus grand, s'effondrant en sanglots contre lui. Même s'il était illégitime à présent en tant que roi, il était terrifié. Terrifié que Julien soit en ce moment-même à sa recherche et veuille le tuer quand même. Il avait tellement peur.

Fiction OrelxGringe - Royauté. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant