Partie 10 - L'évasion.

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« Accroche-la bien à la fenêtre. Il ne faut pas que ça lâche. »

Il tourna la tête d'un air hésitant vers Guillaume dans son dos, le plus grand les observant en silence assis à la table. Est-ce que vraiment celui-ci n'allait rien dire à son frère ? Et si leur évasion lui retombait dessus ? Il détourna rapidement le regard quand ses yeux rencontrèrent les siens, si clairs. Il lui semblait honnête. Ça l'embêtait de mettre sa vie en jeu pour les leurs mais il l'avait promis à son père, puis à sa mère : il devait protéger sa sœur. Même si avant c'était plutôt elle qui le protégeait, étant la plus grande ayant cinq ans de plus que lui, maintenant il était le roi et ça changeait tout. Enfin, roi... Ça n'était pas vraiment vrai. Il n'avait pas été couronné officiellement et les révolutionnaires voulaient abolir la monarchie alors en réalité... il n'était plus rien. Contrairement à ce que pouvait penser Guillaume, celui-ci l'ayant appelé mon roi un peu plus tôt. Il devait avouer que ça l'avait surpris quand il lui avait dit ça et même... que ça lui avait fait plaisir. Il avait senti une douce chaleur l'envelopper à ces mots. Il se pencha pour attraper son doudou au sol et l'épousseta avant de venir le mettre dans la poche avant de sa salopette beige, pour le voyage.

« C'est prêt, Aurélien. On ferait bien d'y aller, entendit-il sa sœur lui dire et il jeta un coup d'œil à cette dernière près de la fenêtre avant de hocher la tête.

— Guillaume...? appela-t-il alors ce dernier en se tournant vers lui et quand il vit celui-ci hausser les sourcils, semblant surpris qu'il lui adresse la parole, il lui sourit doucement. Je voulais te remercier. Pour ce que tu as fait pour nous aujourd'hui. Peu de gens... l'auraient fait, je crois.

— S-Si, je pense... répondit Guillaume d'un air embarrassé. Beaucoup de gens... ne sont pas d'accord avec ce qui est en train de se passer... Et les autres... finiront bien par ouvrir les yeux. Comme moi je l'ai fait.

— Tu crois que le peuple... aimait mon père ? lui demanda-t-il alors en se mordillant la lèvre. Aimait... être gouverné par un roi ?

— Je pense que oui. C'était un roi juste malgré les erreurs commises. Et cette famine... ce n'est pas de sa faute tout de même. J'ai même l'impression que c'est pire maintenant. Alors... quand tu t'en sentiras capable... je suis sûr que le peuple t'aimera aussi. »

Il sentit les larmes lui monter aux yeux en l'entendant dire ça et il secoua la tête. Non, jamais il ne pourrait être roi à présent. C'était trop tard. Il était devenu illégitime à leurs yeux. Juste quand il était en train de penser à ça, il entendit un grand bruit et la porte menant à l'intérieur de la geôle s'ouvrit dans un fracas monstre. Il écarquilla les yeux en apercevant Julien et ses amis révolutionnaires tous armés d'un fusil et il se rua sur sa sœur, complètement paniqué :

« Elisabeth, dépêche-toi ! Passe par la fenêtre, vite ! »

Sa sœur s'exécuta aussitôt et il entendit les révolutionnaires essayer d'ouvrir la porte de la geôle du plus vite qu'il le pouvait dans son dos. En regardant sa sœur descendre sur la corde de linge, il comprit qu'elle n'aurait jamais le temps d'atteindre le sol s'il ne faisait rien pour les retarder et il se mordit la lèvre d'inquiétude à l'idée de ne pas être assez avant de se jeter sur eux :

« Arrêtez ! N'avancez pas plus ! Je vous l'interdis ! »

Les révolutionnaires s'arrêtèrent à ça, le regardant d'un air déboussolé, et il chercha d'un air paniqué le plus grand. Il le trouva juste au moment où il vit son frère le frapper au visage avec la crosse de son arme.

« Non ! s'écria-t-il en se disant que tout ce qui était en train d'arriver était de sa faute et il entendit alors Julien se diriger vers lui d'un pas pressé alors qu'il voyait le plus grand tomber par terre.

— Qu'est-ce que vous attendez ?! Tirez sur la fille ! Il ne faut pas qu'elle s'échappe ! » hurla ce dernier et les révolutionnaires s'élancèrent vers la fenêtre afin de faire ce qu'il leur avait dit.

Il chercha à les en empêcher mais Julien était déjà prêt de lui et celui-ci lui lança un regard menaçant en l'attrapant par le bras :

« Qu'est-ce que tu comptes faire là, Aurélien ? Tu te crois de taille contre nous ? Vraiment ? Souviens-toi de la dernière fois. Est-ce que t'étais de taille ? »

Il fut terrorisé de l'entendre lui dire ça, le faisant penser à ce que ce dernier avait osé lui faire la veille. Il eut alors l'impression que toutes ses forces le quittaient et quand il entendit les amis de Julien commencer à tirer derrière lui, ce dernier le poussa en arrière pour les rejoindre. Il chuta violemment au sol et cria de douleur au contact du sol dur. Mais personne ne l'entendit à travers les coups de feu. Tout le monde s'en fichait de lui. Et ils allaient tuer sa soeur, sans qu'il ne puisse rien faire pour empêcher ça. Il se mit alors à pleurer douloureusement, se disant qu'il aurait même préféré que Julien l'ait tué pour que tout cela puisse finir enfin, avant de sentir tout à coup une main se poser sur son épaule. Il rouvrit les yeux difficilement en se demandant qui ça pouvait bien être et écarquilla les yeux de surprise en voyant que c'était Guillaume à travers ses larmes.

« Qu'est-ce que... Qu'est-ce que tu fais là...? bégaya-t-il, confus, pensant à quand son frère l'avait frappé de la crosse de son arme un peu plus tôt.

— Je te sauve la vie. Viens avec moi, vite ! »

Il écarquilla les yeux encore plus de surprise en l'entendant lui dire ça d'un air assuré malgré le sang qui coulait sur son visage au départ de son arcade sourcilière et il n'eut pas le temps de répondre quoi que ce soit qu'il le sentit le tirer à lui pour l'aider à se redresser.

« Dépêche-toi ! »

Il se laissa entraîner par le plus grand quand ce dernier le tira derrière lui et celui-ci le fit passer par une porte qu'il n'avait pas vu jusqu'ici, un peu en retrait de la geôle. Derrière lui, il entendit Julien crier le prénom de son frère d'un air énervé et il se remit à pleurer, terrifié. Ce dernier allait les tuer.

Fiction OrelxGringe - Royauté. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant