« Ils m'ont dit que le peuple refusait d'avoir un roi à la tête du pays dorénavant. »
Aurélien fronça légèrement les sourcils en entendant son père dire ça en soupirant. Il était encore vêtu de sa chemise de nuit vu qu'il n'avait pas pu se changer après avoir été emmené de force dans ce lieu et il joua un instant avec son lapin en peluche avant de relever le visage pour regarder son père sur qui il était assis.
« Qu'est-ce que ça veut dire ?
— Ça veut dire, Aurélien, que c'est une révolution. Je pensais au début que ce n'était qu'une révolte et que j'arriverai à régler les problèmes en acceptant leurs requêtes mais... de toute évidence, ça n'a pas marché.
— Alors... toutes les... lois ? bredouilla-t-il en fronçant les sourcils de plus belle, se sentant perdu. Toutes les lois que t'as fait passer ces derniers jours ? Celles que les représentants du peuple t'avaient demandé de signer ces dernières semaines... ça n'a pas suffit ? Pourtant c'est ce qu'ils voulaient, non ?
— Apparemment pas. »
Il sentit les larmes lui monter aux yeux en entendant son père dire ça. Ce dernier avait tout fait comme il le fallait, il avait respecté sa parole, accepté les nombreuses lois demandées par les révolutionnaires... Et même malgré tout ça, ce n'était pas suffisant ? Alors... s'il n'y avait plus de roi en France... qui allait veiller sur le peuple ? Qui allait s'assurer que ce dernier puisse manger à sa faim malgré toutes les crises que le pays était en train de traverser ? Et surtout... lui, qu'allait-il devenir ? Il avait toujours été élevé dans cette seule optique : un jour, tu seras roi. Et ce sera à toi de prendre des décisions difficiles pour la prospérité du royaume. Sans ça, il n'avait plus aucune raison de vivre. Il enfouit son visage dans le creux du cou de son père et se mit à pleurer à chaudes larmes, alors qu'il entendait sa mère se lever de la chaise sur laquelle elle était assise dans son dos :
« Louis ! Je t'ai dit et répété que tu étais bien trop gentil ! Des fois, c'est d'autorité dont un pays a besoin ! Il ne fallait pas se laisser faire dès le début !
— Marie, je t'en prie... Je ne pouvais pas décemment prendre d'autre décision... Je me serais attiré leurs foudres...
— Ah, parce que là, non ? Ils veulent ta peau, Louis, tu comprends ça ? Et ces révolutionnaires n'arrêteront pas tant qu'ils ne l'auront pas ! »
Il sentit quelqu'un le séparer de son père pour l'entraîner loin de lui et en entrouvrant les yeux, il vit que c'était sa sœur. Celle-ci lui offrit un petit sourire triste avant de s'asseoir sur la chaise qu'avait quittée sa mère et de l'attirer à elle pour lui faire un câlin réconfortant :
« Tout va bien, Aurélien. On s'en sortira, tu verras... »
Dans son dos, il entendait sa mère continuer à engueuler son père alors que ce dernier restait silencieux et il secoua la tête lentement tout en restant dans l'étreinte que voulait lui donner sa sœur. Non, tout n'irait pas bien. Il en avait le sentiment. Qu'est-ce qu'ils allaient donc pouvoir bien devenir ?
***
« Louis ! »
Il se réveilla en entendant sa mère crier le prénom de son père et il prit un peu de temps à se remémorer les événements récents en voyant qu'il s'était endormi tout contre sa sœur. Celle-ci fronça les sourcils dans son sommeil s'étant endormie de même avant d'ouvrir les yeux et il la vit regarder devant elle d'un air perdu avant de sembler se mettre à paniquer :
« Eli...
— Papa ! »
Il se tourna aussitôt dans la direction que regardait sa sœur et sauta de ses genoux en voyant sa mère empêchée de bouger par deux révolutionnaires alors qu'un autre passait une corde autour des poignets de son père pour l'empêcher de faire le moindre mouvement :
« Papa ! »
Il se précipita sur celui-ci et quand le révolutionnaire près de son père le vit s'élancer dans sa direction, il le vit lever son arme dans les airs comme pour le frapper avec. Cependant, son arme resta dans les airs, et en tournant légèrement la tête, il aperçut un garçon semblant bien plus jeune que ce dernier. Le garçon avait agrippé fermement l'avant-bras de celui qui avait passé la corde autour des poignets de son père et quand il le vit secouer la tête lentement a l'attention du révolutionnaire, il se dit que son visage lui disait quelque chose. Est-ce que ce n'était pas lui qui l'avait kidnappé ? Celui qui l'avait empêché de s'enfuir et lui avait mis ce mouchoir devant le nez pour qu'il tombe dans les pommes ? Il frissonna en se rappelant soudain de lui et il se rappela alors qu'il l'avait aussi vu l'observer un peu plus tôt, quand il s'était réveillé et s'était jeté sur son père. Il avait paru... inquiet ? Il vit alors le premier homme – celui qui s'apprêtait à le frapper de son arme avant qu'il n'entre en scène – se mettre à soupirer et celui-ci lui fit un signe de tête lui indiquant qu'il pouvait s'approcher de son père.
« Papa... Qu'est-ce qu'il se passe ? Où tu vas...? balbutia-t-il en s'approchant de ce dernier et son père l'attira à lui malgré la corde reliant ses poignets.
— Viens-là, mon chéri... Il va te falloir être fort maintenant, lui dit son père en forçant un sourire sur ses lèvres. Parce qu'à partir de maintenant... c'est toi, le roi, lui murmura son père au creux de l'oreille, le faisant écarquiller les yeux. Tu dois prendre soin de ta mère... de ta sœur... et si possible... de ton peuple. S'ils t'en laissent la possibilité.
— Qu'est-ce... Qu'est-ce que tu racontes ? C'est toi le roi. Pas moi !
— Plus maintenant, Aurélien. Si j'ai bien compris... dans quelques heures même pas, je ne serai plus, lui dit son père et il sentit les larmes affluer à ses yeux en l'entendant dire ça. Alors il va te falloir être fort...
— Mais... non... Où c'est qu'ils t'amènent ?! s'écria-t-il avant de se tourner vers le révolutionnaire derrière son père qu'il voyait s'approcher de nouveau de celui-ci. Où c'est que vous l'amenez...?! Répondez-moi...! Eh, je vous parle...! »
Le révolutionnaire le repoussa quand il chercha à s'interposer et il chuta au sol, poussant un petit gémissement de douleur au contact d'avec le sol. Il entendit sa mère et sa sœur se précipiter vers lui à ce moment-là et quand il rouvrit les yeux difficilement alors que sa mère l'aidait à se redresser, il croisa le regard incertain du garçon. Celui qui l'avait kidnappé. Celui qui semblait bien plus jeune que les autres. Il lui jeta un regard noir à travers ses larmes avant de se perdre dans ses yeux. Des yeux marron clairs rien de plus communs mais qu'il trouva tout de même étonnement beaux. Le garçon lui lança un regard surpris en voyant comment il le regardait avant de tourner les talons et de suivre les autres révolutionnaires. Il les détestait. Des monstres, voilà ce qu'ils étaient. Tous, sans la moindre exception.
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Fiction OrelxGringe - Royauté.
FanficAurélien est prince quand des hommes tentent de destituer son père du trône.