Partie 21 - La bataille.

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Il observait les gens qui le dévisageaient d'un air curieux alors qu'ils passaient à travers eux d'un air hésitant. Ces gens... étaient son peuple. Ce même peuple qui avait gardé foi en lui quand même lui n'avait plus aucune espérance en l'avenir. À mesure que le cheval sur lequel il était assis devant Guillaume avançait sur la place, les têtes se baissaient pour le saluer humblement. Il espérait vraiment... qu'il ne les décevait pas. Après tout, pour la plupart, c'était la première fois qu'ils le rencontraient et peut-être n'était-il pas à l'image qu'ils se faisaient de lui. Il sentit Guillaume caresser avec douceur son dos de ses phalanges tandis que ce dernier tenait la bride de son cheval et ce dernier s'arrêta alors. Il se tourna pour l'observer d'un air inquiet et ce dernier lui sourit avant de hocher la tête d'un air assuré. Il le vit descendre du cheval et il tenta de le retenir avant de reculer sa main, se disant qu'il était ridicule. Pas devant tous ces gens, Aurél, se réprimanda-t-il intérieurement et Guillaume sourit avant de prendre sa main avec douceur dans la sienne pour la porter à ses lèvres, sans jamais la toucher de ces dernières :

« Mon roi. Nous voilà sur le champ de bataille, murmura Guillaume contre sa main avant de se tourner vers la foule de gens les observant, sans jamais lâcher sa main. Ô peuple de France ! Voici votre roi, Aurélien de France. Je vous prie de lui plaider allégeance et de tout donner dans la bataille pour qu'il puisse triompher aujourd'hui. Aujourd'hui, Aurélien montera sur le trône de France ! Pour le roi ! »

Il frissonna en entendant Guillaume s'écrier cela et il se tourna vers la foule devant lui, détournant son regard de ce dernier, les larmes aux yeux. Le peuple resta silencieux un moment et il se mit à trembler devant les regards scrutateurs des personnes devant lui, ayant soudain peur qu'ils se soient trompés, avant qu'il n'entende une voix s'élever parmi la foule :

« Pour le roi ! »

C'était une voix de femme et quand il se tourna dans sa direction, il sentit son cœur s'emballer dans sa poitrine en apercevant sa sœur, un oriflamme aux couleurs de la famille royale dans les mains :

« Elisabeth... murmura-t-il, les yeux rivés sur sa sœur qu'il revoyait pour la première fois en trois ans, et celle-ci lui sourit doucement.

— Nous sommes là, Aurélien. Tous. »

Il vit alors des centaines de cavaliers s'avancer derrière sa sœur, faisant grossir les rangs des paysans déjà présents sur la place. Tous. Ils étaient tous là, et pour lui. Pour lui et leur patrie. Une voix s'éleva, puis une autre, et une autre... jusqu'à ce que dans une seule et même voix il entendit son peuple crier Pour le roi ! accompagné de sa sœur et de Guillaume. Il frissonna devant l'émotion que ce chant lui procurait, les larmes aux yeux mais s'empêchant de pleurer devant eux. Il devait se montrer digne de leur courage et de leur détermination. Car aujourd'hui, c'était pour la France qu'ils combattaient certes... mais aussi pour lui. Il était le symbole du combat qu'ils avaient à mener. Il ne s'en rendit pas tout de suite compte, mais quand il se tourna vers Guillaume, il s'aperçut que celui-ci le regardait, un petit sourire sur les lèvres. Son cœur rata un battement à la vue de ce sourire et un instant plus tard, Guillaume levait son épée dans les airs en se tournant vers la foule. La bataille allait commencer.

***

« Guillaume !! »

Il entendit sa propre voix résonner dans les airs lorsqu'il vit la balle toucher l'épaule de ce dernier et Guillaume s'écrouler au sol. C'était un des révolutionnaires contre qui le plus grand était en train de se battre à l'épée qui avait dégainé son arme, perdant patience en voyant qu'il n'arrivait pas à la battre. Ce n'était pas du jeu. Pas encore une fois. Il voulut sauter du cheval pour s'élancer vers le plus grand, mais il se sentit être poussé en avant et il tomba par terre, aux galops de l'animal. Celui-ci prit peur et se cabra, alors il se roula en boule et protégea son visage au cas-où ce dernier lui donnerait un coup dans sa panique. Fort heureusement, l'animal ne le toucha pas et quand il l'entendit s'enfuir en courant, il releva le visage d'un air terrifié. Tout autour de lui, les hommes se battaient. Des corps jonchaient le sol et il ne pouvait pas dire si c'était ceux des Révolutionnaires ou bien des paysans, nobles et bourgeois qui formaient son armée. Sûrement un peu des deux. Il chercha du regard Guillaume et quand il le trouva enfin, en train de se redresser péniblement, la main sur son épaule ensanglantée, il se rendit compte que le révolutionnaire qui lui avait tiré dessus était à présent mort devant lui. Il voulut s'élancer vers lui pour s'assurer qu'il allait bien en le voyant grimacer de douleur, mais il sentit quelqu'un l'attraper à bras le corps et il se mit à paniquer en sentant la personne tenter de l'entraîner en arrière.

« Gui... Guillaume !! Guillaume !! » appela-t-il d'un air désespéré le plus grand, mais celui-ci ne sembla pas l'entendre parmi les cris.

Guillaume semblait avoir du mal à revenir à lui après la balle qu'il venait de recevoir dans l'épaule et il hurla son nom, en pleurs, alors qu'il essayait en vain de se défaire de son assaillant. C'est alors que Guillaume sembla l'entendre, ce dernier se tournant en direction de l'endroit exact où il se trouvait, et il le vit écarquiller les yeux d'un air d'effroi à travers ses larmes. Il sentit la personne qui le tenait le forcer à monter des marches et ensuite, il la sentit le pousser en avant. Il se réceptionna tant bien que mal et écarquilla les yeux de peur en apercevant la machine terrible au-devant de laquelle il était. La guillotine.

« N-Non, non, non... S'il-vous-plait... paniqua-t-il et il tenta de s'enfuir en voyant dans son esprit la machine maudite trancher le cou à sa mère alors qu'il était aux premières loges pour assister au spectacle, sans rien pouvoir faire.

— Tu restes là, le morveux. Il faut que tu meures pour que la République vive. Sans ta mort, le peuple ne nous écoutera pas. »

Il trembla en voyant dans son esprit Julien lui dire cela et il éclata en sanglots, terrifié.

« Laissez-moi...!! Laissez-moi, je n'ai rien fait...!! S'il-vous-plaît !! Guillaume !! Je t'en supplie, sauve-moi !! Tu as promis !! Guillaume !! »

Les bruits et les cris autour de lui devenaient de moins en moins nets à mesure que la panique prenait possession de son corps et il entendit un grand bruit derrière lui alors qu'il sentait le révolutionnaire le lâcher. Il voulut s'échapper mais trouva que ça lui était impossible, tant son esprit avait déconnecté de son corps à cause de sa terreur, et il entendit la lame descendre jusqu'à lui. Il ferma alors les yeux, prêt à mourir comme l'avait décidé son destin, avant de se sentir tiré en arrière et atterrir violemment contre le torse d'une personne qu'il n'eut aucun doute était Guillaume. Il s'effondra alors encore plus en larmes à ça, bien conscient qu'il venait de peu d'échapper à la mort. Il avait tenu sa promesse. Guillaume était venu le chercher.

Fiction OrelxGringe - Royauté. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant