Partie 12 - La blessure.

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Il se tourna vers le plus jeune quand le feu qu'il avait allumé pour les réchauffer eut réellement pris. Hormis le fait qu'il était toujours inconscient, le jeune prince – roi, à présent, se reprit-il – semblait allait bien. Aucune trace de blessure n'était visible sur son visage et il ne put s'empêcher de pousser un petit soupir soulagé en voyant cela, puis il se mit à l'observer attentivement. Avec ses longs cheveux noirs qui lui arrivaient jusqu'aux épaules et sa peau blanche comme de la neige, Aurélien paraissait tellement exempt de toute impureté. Il lui faisait vraiment penser à un ange descendu du ciel. Mais c'était ridicule. C'est alors, à mesure que les secondes défilaient, qu'il se mit à ressentir une étrange chaleur dans sa poitrine et il se rendit compte qu'un sourire benêt avait pris place sur son visage. Il effaça aussitôt ce dernier en s'en rendant compte et arrêta de remuer les braises sous le feu pour venir déposer sa courte veste par-dessus la silhouette d'Aurélien.

« Mais dans quelle galère je suis encore allé me mettre moi... soupira-t-il en pressant légèrement l'épaule du plus jeune sous sa veste. Tout ça pour ta gueule d'ange... »

Aurélien ne répondit rien, profondément endormi comme il l'était, et il attrapa son doudou à l'aveuglette pour le lui mettre dans les bras comme il l'avait si souvent vu tenir ce dernier ces derniers jours. Ce même doudou que le jeune roi avait fait tomber à ses pieds quand il s'était endormi sur son dos, la peluche glissant d'entre ses doigts, et qu'il avait eu tout le mal du monde à attraper au sol sans le réveiller, étant sûr qu'elle était importante pour lui et qu'il serait dévasté de se rendre compte qu'il l'avait perdu. Si mignon, se fit-il la réflexion, un peu distraitement, en caressant une dernière fois son visage du regard. Puis, il détourna ce dernier et vint s'adosser péniblement contre un des côtés intérieur de la cabane en bois dans laquelle il avait amené le plus jeune. Il réprima avec difficulté un gémissement de douleur de passer le seuil de ses lèvres quand son épaule blessée percuta le bois dur de la cabane et il ferma les yeux, complètement épuisé de même. Il s'était réellement mis dans la merde cette fois. Il avait enlevé le nouveau roi aux mains des révolutionnaires et ça faisait aucun doute dans son esprit que ces derniers passeraient la contrée au peigne fin pour le retrouver maintenant. Et merde.

***

« Mm... Non... A-Arrêtez... Arrêtez...! »

Il se réveilla en entendant Aurélien gémir dans son sommeil et se tourna vers lui juste au moment où ce dernier se redressait d'un bond, semblant sortir violemment d'un cauchemar. Il observa ce dernier haleter péniblement, tentant de toute évidence de reprendre sa respiration ainsi que ses esprits, avant de décider de lui faire savoir sa présence à ses côtés :

« Aurél...? »

Celui-ci sursauta brusquement en l'entendant l'appeler et il le vit se tourner alors dans sa direction, un air terrifié sur le visage :

« Eh... C'est Guillaume... tenta-t-il de le rassurer en voyant qu'il semblait tout bonnement terrorisé. Tu te rappelles ? Je t'ai aidé à t'enfuir.

— G-Guillaume...? balbutia Aurélien d'un air hésitant en le dévisageant d'un air effrayé avant de paraître le reconnaître enfin. O-Oui, je me rappelle. Bien sûr... Tu m'as... aidé. Sauvé même... Tu ne m'as pas... laissé... Alors même que je t'avais dit de le faire. Tout à l'heure, dans la forêt... Quand j'étais à bout de force...

— Je n'ai fait que mon devoir.

— Ton devoir ? Quel devoir ? »

Il resta silencieux, ne sachant que répondre à ça. Aurélien ne semblait pas se rendre compte qu'il était à présent le roi de ces terres, quoi qu'en pensaient les révolutionnaires dont faisait partie son frère. Il lui devait maintenant allégeance, parce qu'il avait fait son choix à présent. Le choix d'être de son côté dans toute cette barbarie. Il ne put cependant pas lui dire tout cela car une violente douleur le traversa soudain et il poussa un râle de douleur avant de venir appuyer de toutes ses forces contre la blessure qu'il avait à l'épaule, fermant les yeux sous le déchirement qu'il ressentait dans tout son être à ce moment-là.

« Guillaume ! entendit-il le jeune roi s'exclamer en se rapprochant précipitamment de lui et en entrouvrant les yeux, il vit la peluche lapin de ce dernier rouler jusqu'au feu, pratiquement dans les flammes mais s'arrêtant heureusement juste avant. Qu'est-ce que tu as ? Tu as mal ? »

Aurélien ne se préoccupa pas de la peluche et il fut quasiment sûr qu'il ne l'avait même pas vue dans son empressement.

« Guillaume...

— C'est... C'est rien... Juste mon épaule qui me lance... marmonna-t-il entre ses dents et il releva la tête pour regarder Aurélien.

— Ton épaule...? répéta ce dernier qui semblait véritablement inquiet pour lui – ce qui fit rater un battement à son cœur à la simple pensée qu'il puisse réellement se soucier de son état, lui qui était littéralement la personne à cause de qui il s'était retrouvé prisonnier – avant qu'il ne voie une lueur de réalisation passer dans ses prunelles sombres. Mais oui, bien sûr... que je suis bête ! J'avais oublié... La balle t'a touché. Ton frère... »

Il vit Aurélien écarquiller les yeux un bref instant lorsqu'il mentionna son frère avant qu'il ne le voie se reprendre et se mettre à chercher quelque chose du regard. Le plus jeune ne sembla pas trouver ce qu'il cherchait comme ça car il le vit alors lui lancer un regard hésitant avant de le voir se mordiller la lèvre inférieure d'un air hésitant :

« O-Ok... Je... Je vais faire avec les moyens du bord alors...

— Faire quoi ? »

Aurélien ne lui répondit pas et il le vit avec confusion se tourner dos à lui et commencer à enlever les bretelles de sa salopette. Il écarquilla alors les yeux en le voyant se défaire de son tee-shirt et il sentit son cœur se mettre à s'emballer dans sa poitrine en le voyant se déshabiller ainsi. Mais qu'est-ce qu'il faisait, bordel ?

Fiction OrelxGringe - Royauté. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant