Partie 7 - La conversation.

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Aurélien...! Eh, Aurélien !

Il se laissa chuter au sol quand Julien – le révolutionnaire qui l'avait amené voir sa mère comme il s'était présenté à lui plusieurs heures plus tôt – le lâcha dans la geôle. Il resta un long moment complètement immobile et le regard dans le vide, n'arrivant pas à penser à quoi que ce soit d'autre que ce qu'il s'était passé un peu plus tôt, quand il sentit une main lui relever le visage. Il mit du temps avant de reconnaître sa sœur, celle-ci ayant un air terriblement inquiet sur le visage, et à sa vue, les larmes lui montèrent aux yeux :

« Elisabeth... J'ai tué... J'ai tué maman... »

Il ne dit rien de plus devant son regard terrifié et s'effondra en larmes, remontant ses mains devant son visage. Sa sœur le prit aussitôt dans ses bras dans une tentative vaine de le réconforter et il entendit Julien parler dans son dos.

Qu'est-ce que c'est que ces habits ? D'où est-ce qu'ils sortent ?

Il entendit une voix masculine lui répondre – il n'y avait que des hommes de toute façon parmi les révolutionnaires qui les avaient emprisonnés – et il crut reconnaître Guillaume, le garçon qui semblait le moins sûr d'eux tous.

« Je l'ai autorisée à se laver. Ça la grattait toute cette poussière. Et je suis allé lui chercher des vêtements propres au château. J'ai pris des affaires pour son frère aussi.

— Alors tu ferais mieux de l'accompagner se laver. Il en a besoin je pense. »

Il n'entendit pas la réponse du garçon, mais il comprit qu'ils parlaient de lui. Il se redressa pour observer sa sœur et un petit sourire s'inscrivit sur ses lèvres en voyant la robe propre qu'elle portait à présent.

« Tu es mieux comme ça. Ça a dû te faire du bien... »

Elisabeth hocha la tête silencieusement, les larmes aux yeux, et il entendit alors la porte de la geôle s'ouvrir dans son dos.

« Est-ce que... Est-ce que tu aimerais te laver toi aussi ? Tu dois en avoir envie depuis le temps que vous êtes emprisonnés ici... »

Il tourna lentement la tête et aperçut Guillaume, ce qui fit apparaître il-ne-savait-pas-pourquoi une douce chaleur dans sa cage thoracique.

« Tu te proposes de m'accompagner ? demanda-t-il dans un murmure et le plus grand hésita un instant avant de hocher la tête.

— Oui, si ça te va. Seulement pour m'assurer que tout se passe bien.

— Tu devrais accepter, Aurélien, lui murmura sa sœur en souriant doucement quand il se tourna vers elle pour savoir ce qu'elle en pensait. Tu peux lui faire confiance. 

— D'accord, répondit-il alors en se retournant vers le plus grand. Quels vêtements m'as-tu pris ?

— La salopette, celle avec une poche sur le torse... »

Il sourit doucement, pensant à cette salopette dans laquelle il aimait mettre son doudou quand il sortait jouer dans le jardin. C'était parfait.

***

« Au-Aurélien ? Tout va bien là-dedans ? »

Il était perdu dans ses pensées quand il entendit la voix de Guillaume l'appeler. Enfin... il était plutôt en train de penser à ce qu'il s'était passé un peu plus tôt. Sa mère. Julien. L'Assemblée. L'humiliation qu'il avait ressentie. Ce mensonge. Il ne sut alors pas quoi dire et resta silencieux, ce qui poussa Guillaume à entrer dans la cellule où il prenait son bain dans un baquet en bois.

« Je... Ça va ? Tu veux... un peu plus d'eau chaude ? »

Il frissonna en se rendant compte que l'eau dans laquelle il baignait était à présent froide et hocha la tête doucement, se sentant complètement déconnecté du monde réel.

« Ok, je t'en verse alors, lui dit Guillaume et il le sentit verser un seau d'eau chaude dans son eau, ce qui le fit frissonner en sentant leur proximité soudaine ainsi que la nouvelle chaleur qui l'enveloppa à la sensation de l'eau chaude. Qu'est-ce que... Qu'est-ce que c'est que ces bleus sur ta peau ? »

Il ne répondit rien un long moment avant de comprendre que le plus grand lui avait posé une question et il releva la tête doucement pour l'observer d'un air fatigué :

« Des bleus ?

— Oui, là sur tes bras...

— Oh... C'est à cause de comment je dors, répondit-il en souriant doucement. Je n'ai pas l'habitude de dormir ainsi. Le sol est dur. »

Guillaume resta silencieux un long moment avant qu'il ne le voie hocher la tête d'un air hésitant.

« Je suis désolé. Pour tout, lui dit alors ce dernier et comme il ne répondit rien, il le vit détourner le regard avant de sembler se décider à dire ce qu'il avait sur le bout de la langue. Et tout à l'heure... Mon frère... Qu'est-ce qu'il t'a fait vraiment ? »

Une boule vint se loger dans sa gorge à cette question, les souvenirs d'un peu plus tôt l'assaillant aussitôt, et il baissa la tête en poussant un petit sanglot brisé, avant de se laisser chuter tout contre Guillaume qui était accroupi prêt de lui.

« Eh... Eh...! Aurélien !

— Il a tué ma mère... Et c'est de ma faute...

— Qu'est-ce que... Qu'est-ce que tu veux dire par là...?

— Il a dit... que son témoignage contre ma mère n'était pas suffisant. Qu'il lui fallait une preuve... Alors il l'a créée. Il a rendu son mensonge réel.

— Q-Quoi...? »

Il s'écroula en sanglots dans les bras de Guillaume en entendant à quel point il semblait choqué dans sa voix. Est-ce que celui-ci avait compris ce que son frère lui avait fait ? Est-ce qu'il avait compris qu'à présent il n'avait plus aucune légitimité à être roi ? Tremblant dans l'eau du bain, il sentit le plus grand resserrer son étreinte autour de sa taille pour le serrer plus fort contre lui. Alors il se dit que peut-être, peut-être seulement, Guillaume n'était pas aussi méchant que ses autres tortionnaires. Surtout pas son frère.

Fiction OrelxGringe - Royauté. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant