Partie 8 - La colère.

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« Qu'est-ce que tu lui as fait ?! Julien, réponds-moi ! Qu'est-ce que tu lui as fait ?! »

Il réussit à attraper son frère par l'épaule pour le forcer à se retourner et à l'écouter en voyant ce dernier faire la sourde oreille. Après le bain du plus jeune, il s'était rendu compte que son frère n'était plus dans la prison, ayant laissé le soin à ses amis de surveiller la princesse. Ces derniers avaient repris leur partie de carte et il avait ramené Aurélien dans sa geôle avec sa sœur. Il l'avait tenu par le bras, celui-ci lui ayant paru beaucoup trop faible pour marcher par lui-même, et sous ses doigts sa peau lui avait paru si douce que lorsqu'il l'avait lâché il avait dû s'empêcher littéralement de le retenir à lui. C'était un roi après tout. La sœur du plus jeune s'était élancée vers lui pour le prendre dans ses bras dès qu'elle l'avait vu et Aurélien lui avait offert un petit sourire fatigué alors qu'il se laissait faire dans l'étreinte de sa grande sœur. Merci. C'est ce qu'il avait lu dans ce sourire et il avait aussitôt pris la décision d'aller parler à son frère de ce qu'il lui avait fait un peu plus tôt en sentant son cœur rater un battement à ce sourire. Il voulait en avoir le cœur net.

« Espèce de connard... Tu vas me répondre, oui ? Qu'est-ce que... tu... lui... as... fait ? demanda-t-il d'un air énervé en resserrant ses mains sur le col de son frère qui était à présent adossé contre le mur de leur salon et celui-ci lui lança un regard qui signifiait qu'il n'était pas du tout impressionné.

— Ce que je lui ai fait ? Mais à qui, Guillaume ?

— Au roi, putain ! Qu'est-ce que tu as fait au roi ?!

— Le roi ? répéta son frère en haussant les sourcils de surprise avant de sourire d'un air moqueur. Mais tu sais très bien ce que j'ai fait au roi... Je l'ai guillotiné !

— Mais pas lui ! Je te parle de son fils, le nouveau roi ! s'énerva-t-il en pensant que son frère le prenait vraiment pour un débile.

— Oh, lui... Mais il n'est pas roi, Guillaume. C'est juste un prince de rien du tout. Et je te l'avais dit, non ? Jamais je ne le laisserai prendre la place de son père et régner à la place de l'Assemblée. Il fallait bien faire quelque chose pour qu'il devienne illégitime aux yeux du peuple... »

Il fronça les sourcils en l'entendant dire ça, faisant écho à ce qu'Aurélien lui avait dit un peu plus tôt quand ce dernier était en train de pleurer tout contre lui : C'est de ma faute si ma mère est morte. Il lui fallait une preuve en plus de son témoignage, alors il l'a créée. Il a rendu son témoignage réel. Et ce matin...

« Ce matin tu m'as dit... que tu avais un plan pour que l'Assemblée accepte la mise à mort de la reine. Et Aurélien... le roi, insista-t-il, il a dit que c'était de sa faute si elle était morte. Qu'est-ce qu'il s'est passé pendant qu'il était avec toi ?

— Mon plan c'était de dire que la reine était incestueuse, lâcha alors son frère et il écarquilla les yeux de surprise en se rappelant alors qu'il le lui avait dit juste avant de venir chercher le plus jeune dans la geôle.

— Qu-Quoi ? Tu es resté sur cette idée ?

— Oui. Comme ça, d'une pierre deux coups. La reine, coupable d'inceste, passe à la guillotine et son fils le prince, lui, ne pourra jamais être roi aux yeux de son peuple vu son pêché.

— A-Attends... Mais... Ça ne reste qu'un mensonge... Comment tu as fait pour avoir... une preuve de cela ? dit-il en fronçant les sourcils, choqué, en se rappelant des mots du plus jeune. Il n'a pas pu... mentir devant tous ces gens, non...? Comment tu as rendu ça... réel...?

— Devine. »

Il fut perdu quand son frère lui dit ça, se demandant si vraiment il avait réussi à pousser la mère du jeune roi à commettre l'irréparable pour servir son mensonge. Ce n'était pas possible, non ? Il se rappela alors de son air complètement hors de tout, comme si son âme avait quitté son corps, lorsqu'il l'avait vu debout sur la scène alors que sa mère était sur le point de se faire couper la tête. Julien n'avait même pas eu besoin de le ligoter. Il lui jeta alors un regard terrifié, ne sachant que croire, et son frère le poussa pour le forcer à le lâcher.

« Maintenant, Guillaume, voilà jusqu'où il faut aller pour donner naissance à cette République. S'il faut l'imposer dans le sang, on le fera. Tu peux compter sur moi, ainsi que sur tous ceux qui l'attendent de leur vœux. Et si tu trouves ça trop extrême, tu peux t'en aller. Mais fais attention à ne pas être le prochain sur la liste.

— Quelle liste ?

— La liste des prochains à passer à la guillotine.

— Tu tuerais ton propre frère ? dit-il en fronçant les sourcils et il vit un sourire moqueur s'inscrire sur le visage de son frère à ça.

— Je suis prêt à tout pour l'avènement de cette République, dois-je me répéter ? »

Il secoua la tête lentement et suivit son frère des yeux quand celui-ci s'éloignait. Son frère était devenu fou. Et à présent, même s'il était déjà probablement trop tard pour ça, il fallait qu'il se décide à agir. Il ne voulait plus avoir de sang sur les mains. Surtout pas d'innocents.

Fiction OrelxGringe - Royauté. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant