Chapitre 2

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- Sasha -

Vendredi 14 janvier 2022

Je raccroche d'avec mes parents pour la troisième fois de la journée, et encore le nombre d'appels a réduit. Mardi j'ai dû les avoir au moins une dizaine de fois, ils s'inquiètent c'est normal mais il va vraiment falloir que l'on arrive à couper le cordon. Moi encore je n'ai rien d'autre à faire mais eux cela doit sacrément perturber leurs journées, alors même s'il n'est que 18 heures je décide que pour aujourd'hui ça sera notre dernier échange. Ils ont pour sûr besoin d'un petit coup de pouce pour réussir à ralentir. 

Et puis bloquée sur la même phrase depuis plus de deux heures, je décide qu'il est temps d'aller chercher l'inspiration ailleurs et surtout m'aérer l'esprit. Le froid étant toujours présent, j'enfile un énorme sweat en plus de mon petit pull, avec ça mon manteau, mon écharpe et un bonnet je devrais survivre à une heure de promenade en bord de mer. De toute façon, je ne peux rien mettre de plus au risque de disparaitre complètement sous mes vêtements tant je porterais d'épaisseur.

J'opte pour les escaliers histoire de me donner bonne conscience et aussi prévisible que l'appel matinal de mes parents, je tombe dès le premier palier sur la seule personne que je connaisse ici. À croire que nos entrées et sorties sont toujours synchronisées.

« Tu sais que ça s'appelle du harcèlement à ce niveau là ? »

Charles s'amuse alors que je manque de lui rentrer dedans par manque de concentration.

« Et toi tu sais que ça s'appelle de la paranoïa de voir le mal partout comme ça ? »

Je rétorque en souriant aussi bêtement que lui. Il faut dire que depuis que j'ai emménagé je le croise au moins deux fois par jour. En fait ce n'est pas compliqué je le croise littéralement à chaque fois que je sors ou entre dans cet immeuble. La prévisibilité de notre rencontre est presque effrayante.

Si la première fois, le hasard semblait un peu gros, le fait est que nous nous croisons toujours sur un palier qui n'est pas le nôtre. Ou dans l'ascenseur sachant que nous alternons entre les deux histoire de briser les probabilités. Et pourtant, nous finissons toujours par nous croiser, immanquablement.

L'avantage c'est que ça me force à sortir en étant présentable ne serait-ce que pour descendre vérifier le courrier ou sortir les poubelles. Que j'ai d'ailleurs oubliées tête en l'air comme je suis. Sauf que si je remonte maintenant cela va finir d'alimenter son discours, alors tant pis je ferais un nouvel aller-retour ce soir en rentrant.

« Si tu ne me poursuis pas, reprend-t-il, où comptes-tu aller dans ce cas avec ta tenue polaire ?

- C'est ton moyen de vérifier mon alibi ? Je hausse un sourcil pour accompagner ma question.

- Non, il rit franchement, c'est juste qu'il pleut, et que si j'étais à ta place à moins d'avoir une raison vitale de sortir, je resterais à l'intérieur. Sauf si évidement tu veux tomber malade. »

Un coup d'œil par la fenêtre me confirme ce qu'il dit. Pourtant quand j'ai décidé de sortir, le ciel bien que noir semblait pouvoir tenir encore une bonne heure.

« Eh bien, je suppose que j'en suis quitte pour rester ici et continuer de fixer obstinément mon écran jusqu'à ce que l'inspiration ne me vienne de façon foudroyante. Je soupire en commençant à faire demi-tour pour remonter.

- Et qu'est-ce que tu dois écrire qui te mette dans un état pareil dis-moi ? Charles continue la conversation en montant les marches.

- Qui harcèle qui maintenant ? Je ris à mon tour face à toutes ses questions.

L'Amour en héritage.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant