L'Amour en héritage.

Chapitre 28

- A broken heart is all that's left -

- Sasha -

Samedi 30 avril 2022

Impossible de me rendormir. Encore une fois. À ce rythme là, je vais finir par accumuler assez d'heures de sommeil de retard pour les dix prochaines années. Il me faut plus de temps pour m'endormir que le temps que je passe effectivement dans les bras de Morphée, sans compter que mes nuits aussi courtes soient elles sont très agitées. Et tous les matins - si on peut dire que quatre heures soit déjà le matin - c'est la même histoire : je me réveille les joues baignées de larmes.

C'est donc ça un chagrin d'amour.

Je pense que j'aurais sincèrement préférais continuer de vivre sans l'avoir vécu. Surtout que dans la vraie vie ça n'a rien à voir avec la version édulcorée qu'on vous montre à la télévision parce que la réalité c'est qu'on ne peut pas noyer son chagrin dans de la glace à la fraise, et que personne n'a l'air aussi jolie que les actrices dans les films quand on pleure.

Non dans la vraie vie, la glace amène des problèmes supplémentaires. En effet, si l'on ne veut pas que ce savoureux et perfide mélange d'air et d'eau n'aille directement dans nos cuisses, il faut compenser par des heures de sport. De quoi avoir aussi mal dans tout son corps que dans son cœur. Sans oublier que pleurer est parfaitement inélégant.

Et puis, personne n'est prêt à cette douleur permanente. Même derrière un sourire elle ne disparait pas, elle se met en sourdine mais elle ne nous quitte jamais. Cette sensation de manquer d'air, ce déchirement dans la poitrine, ce vide permanent qui nous habite même si on est entouré ...

Ajoutez à cela le poids de la culpabilité. La conviction de savoir que c'est de votre faute, que vous êtes responsable de toute cette douleur, le mélange est explosif. D'autant plus lorsque vous savez que vous avez entrainé d'autres personnes dans cette chute. Par égoïsme.

Comment voudriez-vous être capable de dormir après ça ?

J'ai reproché à Arthur d'avoir qualifié notre relation d'erreur, mais tellement focalisée sur moi-même, sur ma colère et sur ma peine j'ai fait bien pire. J'ai peut être pu me berner le temps de quelques heures, le temps d'une nuit aidée par les effets de l'alcool, mais la vérité c'est que je savais que coucher avec Charles était une erreur.

Une erreur parce que je savais qu'entre lui et moi il ne pourrait jamais y avoir plus que de l'amitié et que notre relation n'a jamais été de cet ordre. Pire, je savais que mon cœur était ailleurs, et qu'en couchant avec lui je trahissais celui pour que je voulais vraiment.

En fait j'ai trahi tout le monde.

Charles parce que ce n'était pas juste ni honnête de ma part de l'entrainer là-dedans.

Arthur parce que même si notre relation ne comptait pas pour lui, et qu'il ne partage pas mes sentiments j'ai trahi les miens. Je l'ai trahi lui. Et j'ai ruiné toute relation possible entre nous. En somme je lui ai donné raison de m'avoir rejetée.

Et moi-même. Je me suis rendu impardonnable parce que j'ai tout gâché et plus que tout je me suis mise entre eux, j'ai ruiné leur relation qui était si belle.

« En fait, tu vois mamie j'ai fait du mal à tout le monde, je lâche à voix haute alors que des larmes perlent à nouveau sur mes joues. Tu m'as surestimée, je n'ai pas été à la hauteur ... et le rêve que tu espérais pour moi à tourner au cauchemar. »

Le petit vent frais qui souffle me fait frissonner. Le regard perdu dans le vide je remarque cependant que le jour a fini de se lever signe que je suis ici depuis plus longtemps que je ne l'imaginais. Le bruit de la nature qui s'éveille vient rompre le silence sacré de ce lieu tandis que je reste là immobile à pleurer silencieusement.