L'Amour en héritage.

Chapitre 23

- Sasha -

Vendredi 22 avril 2022

C'est sûrement parce que je ne suis venue qu'en plein milieu de l'été, mais dans mon imaginaire l'Italie reste un pays chaud. Or depuis notre arrivée toute ces images préconçues s'effondrent : il pleut des cordes et pour ne rien ajouter : il fait un froid de canard.

L'avantage c'est que ce temps maussade et déprimant est à l'image de ce que je ressens et de mon humeur, mais d'un autre côté cela ne va pas vraiment m'aider à oublier mes problèmes. En même temps comment oublier mes problèmes alors que ces derniers se trouvent juste à côté de moi. Littéralement. Même s'il feint de m'ignorer et de faire comme si je n'existais pas, Arthur se trouve bien à moins de trente centimètres de moi dans ce maudit garage Ferrari soudain bien trop petit à mon goût.

À bien y réfléchir je ne sais pas pourquoi j'ai accepté de venir. Pour soutenir Charles qui n'a rien demandé et qui subit malgré tout les conséquences de nos « erreurs » j'imagine.

Il faut dire depuis que Monsieur je ne sais pas ce que je veux et je me permets de crier sur les gens est venu jouer les chaperons au club l'autre jour avant de simplement disparaitre comme il semble si bien savoir le faire, nous n'avons pas échangé un seul mot, donc tout s'est compliqué. Lorsque j'ai le malheur de débarquer chez eux il s'enferme dans sa chambre ou fuit tout simplement alors pour plus de praticité je reste désormais dans mon appartement, et c'est Charles qui vient lorsqu'il le peut avec son emploi du temps.

Bon peut être aussi que je ne monte plus chez eux parce que voir Arthur me brise le coeur un peu plus à chaque fois. Dès que je pose les yeux sur lui, mon cœur s'emballe et je dois lutter entre d'un côté cette envie irrépressible d'aller me blottir contre lui en espérant qu'il me dise qu'il y avait une bonne explication, que tout est terminé et que désormais nous pourrons être ensemble ; et de l'autre cette colère qui me dévore et me donne envie de le frapper jusqu'à ce qu'il m'explique pourquoi il a joué ainsi avec moi et mes sentiments.

Parce que une erreur ce n'est pas vouée à se reproduire. Or ce premier baiser il y a deux mois pouvait être une erreur, mais pas les nombreux autres qui ont suivi. Si c'était une erreur pourquoi avoir recommencé ? Pourquoi s'être montré si attentionné ? Pourquoi m'avoir fait croire que je comptais vraiment ? Que notre relation était sincère ? Pourquoi ...

« Sasha ? »

La voix de Charles me ramène à la réalité, et vu l'air perplexe qu'il me lance j'imagine que ce n'est pas la première fois qu'il m'appelle.

« Oui pardon.

- Enfin ! Je commençais à croire que tu avais finalement complètement congelé, se moque-t-il en se plaçant face à moi de l'autre côté de la barrière.

- Jamais dans l'exagération toi c'est ça qui est bien, je lève les yeux au ciel en essayant de masquer mon sourire d'amusement.

- Qui a prétendu mourir de froid si elle ne mettait pas un sweat en plus de son pyjama et qu'elle ne collait pas ses pieds gelés sur mes jambes cette nuit rappelle-moi ? »

Évidemment je prends un air outré comme si tout cela était faux mais après tout s'il n'était pas heureux il n'avait qu'à me laisser augmenter le chauffage dans la chambre comme je l'ai proposé. Vingt degré cela n'a jamais été suffisant pour pouvoir dormir bien au chaud.

Enfin peut être que si j'avais pu dormir dans la chambre d'à côté, blottie dans les bras d'Arthur, certainement que vingt degrés auraient été amplement suffisant.
Cependant, cette hypothèse n'est plus envisageable.