La nuit était déjà tombée. Aucune étoile ne brillait ce soir-là. Seule, la Lune éclairait légèrement la région inconnue dans laquelle ils se trouvaient. En plus de tout cela, de grands arbres masquaient ce peu de lumière les plongeant dans le noir absolu. Le bruit des chauves-souris n'existait plus. Même le vent ne soufflait pas. En fait, tout était mort, sauf eux deux. Ils avaient survécu jusque-là avec beaucoup de chances mais aussi beaucoup d'entraînement.
ㅡ Je trouverai mon chemin vers ma mère. Je vais passer le reste de mes jours à la chercher.
L'alter égo esquissa un sourire moqueur.
ㅡ Tu ne pourras pas, murmura-t-elle. Tu vas te faire tuer.
Son visage se brisa.
ㅡ Pourquoi ne veux tu pas croire en moi ?
ㅡ Il te manque des choses, répondit-il.
ㅡ Je la ramenerai à la vie.
ㅡ Je t'aurai prévenu.
La nuit cédant la place au jour, le Soleil, normalement prévu, demeura invisible derrière les nuages. Il se leva après une courte nuit, réveilla son amie et, malgré ses coupures, se prépara. Il but quelques gouttes d'eau récoltées la veille.
ㅡ Tu es prête ? demanda-t-il.
ㅡ Non pas encore. Tourne toi je vais me changer, répondit-elle.
Il se tourna et attendit son signal. Une fois cela fait, ils brisèrent leur installation de la veille puis se remirent en route. Les montés et les descentes se faisaient nombreuses, accentuant leurs blessures. La pluie commença à tomber, les noyant encore plus dans leur désespoir. Hannah fut la première à craquer. Elle s'effondra sur le sol et Arthur dut s'arrêter un moment pour qu'elle puisse reprendre un peu d'énergie. Il s'était déjà rendu compte qu'elle souffrait car elle avait du mal à respirer dans son sommeil. Il appliqua sur son amie les premiers soin essayant de comprendre la cause.
ㅡ Hannah ça va ? demanda-t-il à de multiples reprises, inquiet.
Il toucha son front et sentit la chaleur. Il comprit très vite qu'elle avait la fièvre. Une gourde... Une dernière gourde... Une dernière gourde présente dans son sac. Il n'avait pas réellement bu depuis plusieurs jours et sa gorge était sèche, il avait des difficultés à respirer et à parler.
Il dut se décider car il comprit vite que s'il ne lui faisait rien, elle mourrait sûrement dans ce climat. Mais s'il gaspillait cette dernière gourde, il ne pourrait plus boire... Il déposa son corps chaud à un endroit. Il sortit sa gourde de la main gauche et un couteau suisse de l'autre. Il les déposa à côté d'elle. À l'aide du couteau suisse, il déchira un bout de sa manche.
ㅡ Je t'interdis de mourir ! Vis, Hannah je t'en supplie ! Vis ! cria-t-il désespéré. Allez par pitié, tiens le coup.
Il avait choisi d'utiliser le peu d'eau qu'il lui restait dans sa gourde pour son amie. Désormais, il n'avait plus de moyen pour boire. Leur chance de survie étaient faibles voire nulles mais par un élan de courage ils continuaient leur aventure. Durant tout le reste du trajet, il dut porter Hannah sur son dos, le fatiguant encore plus mais il sentait que son état s'améliorait. Au bout de plusieurs jours de marche et de silence entre les deux, ils finirent par arriver à leur destination. L'état d'Hannah s'était assez amélioré pour qu'elle puisse marcher.
La porte s'élevait devant eux, imposante et magnifique. Haute de cinq mètres, elle était ornée de motifs complexes en rouge et or, créant une symphonie visuelle de détails exquis. Chaque centimètre carré de la porte semblait raconter une histoire mystérieuse, avec des sculptures finement ciselées représentant des symboles énigmatiques et des créatures fantastiques. La surface de la porte était lisse au toucher, mais les reflets chatoyants de la lumière des torches faisaient ressortir les reliefs, ajoutant une profondeur presque tridimensionnelle aux motifs. Des arabesques complexes se déployaient en spirales, évoquant une magie ancienne et oubliée.
De près, les détails étaient encore plus fascinants. Les teintes rougeoyantes semblaient presque liquides, donnant l'impression que la porte était imprégnée d'une énergie mystique. Les motifs semblaient s'animer, comme si les créatures gravées dans la pierre pouvaient prendre vie à tout moment. Le silence qui régnait autour d'eux ajoutait à la solennité du moment. Ils levèrent les yeux pour contempler la grandeur de cette porte, échangeant un regard complice chargé d'excitation et d'appréhension. Les battements de leur cœur résonnaient dans l'air tandis qu'ils se préparaient à pousser cette porte et à découvrir les secrets qui se cachaient derrière elle.
L'instant où ils franchirent le seuil de l'antre marqua le début d'un cauchemar visuel et olfactif. La lumière qui baignait cet endroit singulier était un rouge intense, bien loin du blanc jaunâtre des lumières urbaines. Une atmosphère oppressante régnait, accentuée par une odeur nauséabonde qui emplissait leurs narines dès les premiers pas. Cherchant à échapper à cette puanteur insupportable, ils durent se boucher le nez pour éviter d'être submergés. L'obscurité enveloppait les recoins de cet endroit macabre, se mêlant au rouge ambiant pour créer une ambiance cauchemardesque.
Lorsqu'ils levèrent les yeux vers le plafond, l'horreur se dévoila devant eux. Des dizaines de corps pendaient, suspendus comme des marionnettes grotesques. Cependant, le nombre dépassa rapidement toute estimation raisonnable. Des centaines, des milliers, peut-être des dizaines de milliers de cadavres étaient accrochés au plafond, formant une macabre fresque.
Du sang dégoulinait des corps inertes, créant une pluie sombre et poisseuse qui accentuait l'odeur âcre de la mort. Les yeux sans vie des défunts semblaient les fixer depuis leurs hauteurs, certains ayant les orbites vides, d'autres avec des regards figés dans une agonie éternelle. Un silence oppressant régnait dans cette chambre de l'horreur, brisé uniquement par le son sinistre des gouttes de sang tombant au sol. La vision de ce carnage brutal fut insoutenable. Hannah, submergée par l'horreur et la tristesse, laissa échapper des larmes de regrets tandis qu'Arthur, incapable de supporter le spectacle, s'effondra au sol. L'antre, loin d'être le sanctuaire espéré, se révéla être un cauchemar vivant, laissant une empreinte indélébile sur leur psyché.
ㅡ Où suis-je ? se demanda t-il tremblotant.
Soudain, les portes qui s'étaient ouvertes toutes seules se fermèrent dans un bruit infernale, provoquant la chute de plusieurs corps. Au même moment, des bruits de pas s'approchèrent d'eux. Des bruits de pas non humain. Hannah tira sur la manche de son ami quand soudain elle le vit à la sortie du couloir... Ce n'était pas un homme, ni un animal, ni un monstre... C'était un démon. Le démon tourna son regard impitoyable vers eux, ses yeux incandescents reflétant la cruauté. Dans un élan de terreur, le jeune garçon tenta désespérément de réagir, mais la scène se déroula devant lui sans qu'il puisse l'arrêter. Le démon se précipita vers eux, une force maléfique déchirant l'air.
ㅡ Ar... Arthur ? balbutia-t-elle, une lueur d'agonie dans ses yeux, juste avant que son corps ne soit impitoyablement tranché en deux.
Un cri de douleur s'échappa de ses lèvres alors que les deux parties inanimées de son être chutèrent brutalement sur le sol glacé. Arthur, paralysé par l'horreur, demeura figé. L'impuissance le clouait sur place, et le spectacle de son amie déchirée le plongeait dans un abîme de désespoir. Le démon, indifférent à la détresse qui emplissait l'air, tourna son attention sadique vers Arthur, brandissant son épée maculée du sang de la jeune fille.
L'éclat métallique de l'arme s'abattit avec une brutalité sans pitié, sectionnant le torse d'Arthur en deux parties distinctes. Un râle de douleur s'échappa de sa gorge tandis qu'il chutait sur le côté, une larme solitaire traçant un chemin à travers la saleté de son visage.
ㅡ J'aurais... tellement... aimé... la voir juste... une derniè-, murmura-t-il.
Ses mots furent étouffés par l'évanouissement qui le submergea. La scène, baignée dans l'obscurité impie de cet endroit cauchemardesque, laissa derrière elle un silence macabre, seulement interrompu par le frémissement démoniaque des ombres.
VOUS LISEZ
Crépuscule d'un Ange Déchu [TERMINÉ]
Paranormal"ㅡ L'amour est une émotion d'une cruauté sans égale, surpassant la tristesse et la colère. D'abord magnifique, il devient soudainement cruel, manipulateur, épuisant, blessant et aveuglant... Même si tu vis une longue vie heureuse avec quelqu'un qui...