Crépuscule d'un Ange Déchu [TERMINÉ]

Chapitre VIII

Adrian émergea de sa chambre pour la première fois depuis plusieurs jours. Sa sortie n'était motivée que par le besoin de se procurer quelque chose à grignoter, avant de retourner s'enfermer à clef. Une fois à l'intérieur, il ouvrit son quatorzième paquet de chips, le balançant grossiérement sur son bureau avant de s'étaler sur son lit. Les cernes profondes sur son visage témoignaient des nuits blanches qu'il s'était infligées. Son temps de sommeil avait considérablement diminué depuis qu'il avait surpris Sasha et Eryn ensemble. Rien que d'y penser lui donnait envie de vomir. Puis, dans un geste mécanique, il tira une balle de tennis d'un de ses tiroirs et s'amusa à la lancer contre le plafond, la recevant et répétant ce mouvement à plusieurs reprises. Chaque rebond semblait résonner avec l'écho de ses pensées tourmentées.

Ces moments qu'il passait seul avec son lui-même le satisfaisait. Il ne demandait rien de plus si ce n'est qu'un peu de compagnie, une compagnie spéciale. Il avait pourtant tout essayé : il avait amélioré ses notes, changé de coupe de cheveux, fait un effort sur sa nutrition... Mais rien. Rien ne s'était passé comme prévu.

Ce qu'Adrian aimait par-dessus tout c'était les bracelets. Il adorait en concevoir et en donner à ses amis. Le bruit de la balle remplissait la salle.

Un jour d'hiver, les flocons de neige tombaient

lentement, recouvrant les environs d'un manteau blanc scintillant. Adrian, emmitouflé dans son manteau, s'approcha d'Eryn avec une lueur d'excitation dans les yeux. Il lui tendit un petit paquet soigneusement emballé.

— Tiens, c'est pour toi ! Dit-il avec un enthousiasme évident.

Eryn prit délicatement le paquet, l'observant avec curiosité avant de le déballer. À l'intérieur se trouvait un magnifique bracelet, délicatement ouvragé, qui captura immédiatement son regard. Elle le prit entre ses doigts, l'examinant sous tous les angles, émerveillée par la délicatesse du cadeau. Elle leva ensuite les yeux vers Adrian avec un sourire sincère, irradiant de gratitude.

— Il est super beau, Adrian. Merci beaucoup ! s'exclama-t-elle, son sourire réchauffant l'atmosphère glaciale.

Adrian, visiblement gêné par les mots de remerciement, rougit intensément. La neige continuait de tomber autour d'eux, formant un paysage hivernal enchanteur. Malgré le froid qui enveloppait les arbres et leurs manteaux, la chaleur de l'amitié entre Eryn et Adrian était palpable, créant une bulle de confort au milieu de l'hiver.

Mais maintenant, il faisait si froid sans elle à ses côtés. Il savait très bien qu'elle était avec un autre, et rien que de penser à cela le mettait dans tous ses états. Ses cheveux noirs étaient si longs qu'ils avaient atteint sa nuque. Après plusieurs heures de repos, il se leva et

ouvrit les volets. La lumière du Soleil l'aveugla un moment, puis il se retourna. Il fouilla dans son armoire, puis sortit quelques vêtements. Il s'habilla avec un col roulé noir. Il mit un jean droit noir et enfila ses bottines qu'il n'avait jamais lâchées. Pour sublimer sa tenue, il rajouta un long manteau .

Il sortit de sa chambre et de l'établissement scolaire pour se poser contre un banc et admirer le paysage. Il mit ses mains dans ses poches et respira l'air frais de dehors. Ses lèvres sèches rejetaient un léger courant d'air à peine perceptible à cause du froid. Il leva la tête vers le ciel quand soudain, contre toute attente, quelqu'un s'assit à côté de lui.

— Tu fais quoi ici tout seul ? lui demanda une voix familière.

Adrian bougea sa tête vers le son de la voix, avant de faire un sourire épuisé.

— Sasha ? C'est plutôt moi qui viens te poser la question. Tu fais quoi ici ?

Sasha, arborant son éternel sourire décontracté, s'assit à côté d'Adrian. La pluie commença à tomber doucement, ajoutant une atmosphère mélancolique à leur rencontre impromptue.

— Juste un peu de marche pour décompresser. Les cours, tu sais, ça peut être épuisant. Et toi, pourquoi es-tu seul sous la pluie ? demanda Sasha en jetant un coup d'œil à la fine pluie qui les entourait.

Une conversation banale s'installa entre les deux très

bons amis de longue date. La pluie semblait être un élément magique, accentuant la connexion entre eux. Les gouttes d'eau glissaient sur leurs visages, créant un instant de complicité tacite.

— Mais sinon avec Eryn, comment ça se passe ? demanda Adrian en remettant la capuche de son long manteau pour se protéger de la pluie de plus en plus insistante.

— Hum... Comme d'habitude, il n'y a rien qui a changé. Et toi ? À la vue de tes cernes, t'as pas l'air dans ta meilleure forme, observa Sasha avec une pointe de préoccupation dans son regard.

— Mais si, je vais très bien, répondit Adrian d'une voix assurée, bien que son expression fatiguée contredise ses paroles. Les derniers jours ont juste été un peu difficiles. Il y a pas mal de choses qui triture mon esprit.

Adrian déposa sa main sur la tête de Sasha et frotta l'afro de son ami en disant qu'il serait toujours là pour le protéger. Sasha enleva la main de son ami en prétendant qu'il n'avait plus cinq ans. Adrian soupira puis regarda de nouveau le ciel, se prenant des gouttes de pluie sur le visage. Heureusement que cette dernière était légère. Soudain, un éclair tomba au loin, ce qui fit gronder le ciel. Adrian ferma les yeux et profita de ce bel orchestre. Les sons répétés des gouttes de pluie et le tonnerre qui venait sonner comme un coup de batterie se mélangeaient parfaitement.

Après plusieurs minutes, il rouvrit les yeux et se rendit compte qu'il s'était endormi sur ce banc. Sasha avait l'air d'être parti depuis longtemps car on ne sentait

plus sa chaleur à sa place, ou alors la pluie l'avait effacée. Après ce petit amusement, il retourna dans l'école pour prendre sa douche et faire un peu le ménage dans sa chambre. Il finit par tout ranger, même ses quatorze paquets de chips dont il n'avait mangé que la moitié, et au moment où il finit son rangement, la porte s'ouvrit et Eryn entra.

— Coucou Adrian, dit-elle avec ce sourire enfantin qu'elle avait toujours gardé.

Adrian sourit bêtement et ses yeux glissèrent discrètement vers le poignet droit d'Eryn. Là, quelque chose attira son attention. Une fois qu'il eut vu ce qu'il cherchait, il rougit timidement et invita son amie à s'asseoir sur son lit. Il éteignit la télévision et prit place à côté d'Eryn.

— Alors que me vaut cette visite ?

Eryn jeta un coup d'œil autour d'elle, puis elle ferma la porte et revint s'asseoir. Elle recoiffa légèrement ses cheveux et se rapprocha d'Adrian.

— Je crois que je suis amoureuse, lui chuchota-t-elle à l'oreille.

En disant ces mots, Eryn rougit et le calvaire d'Adrian commença à cet instant précis.