Chapitre XXVIII

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Epiales continua de courir, sa respiration haletante et son cœur battant la chamade. Il ne savait pas où il allait, mais il savait qu'il devait rester en vie. La douleur de la perte de sa famille était insupportable, mais il s'accrocha à l'espoir de trouver un endroit sûr.

Epiales finit par s'arrêter et il put enfin se lâcher. Il pleura toutes les larmes de son corps. Il pleura si fort que les cieux entendirent sa requête. Les sanglots d'Epiales étaient emplis d'une tristesse profonde et déchirante. Chaque larme qui coulait de ses yeux portait le poids de la douleur et du deuil. Il pleurait non seulement la perte de sa famille, mais aussi la cruauté de la guerre qui avait détruit son village et plongé son pays dans le chaos.

Ses pleurs se mêlaient aux gouttes de pluie qui tombaient du ciel, comme si le ciel lui-même partageait sa peine. Les nuages sombres s'étendaient à l'infini, reflétant l'état d'esprit d'Epiales. Chaque éclair déchirait le ciel, illuminant brièvement la tristesse profonde marquée sur son visage. Le tonnerre grondait en harmonie avec la tourmente intérieure du jeune garçon, créant une symphonie de désolation et de douleur qui résonnait à travers la nuit. La nature, témoin silencieux de son chagrin, pleurait avec lui dans ce moment d'agonie.

C'est alors qu'un étrange phénomène se produisit. Alors qu'Epiales pleurait à chaudes larmes, une présence sombre et mystérieuse commença à émerger de l'obscurité. Un démon, vêtu d'une cape noire et

doté de yeux flamboyants, se matérialisa devant lui. Sa cape semblait absorber la lumière. Un silence éthéré enveloppait le lieu, seulement rompu par les pleurs d'Epiales et les murmures inquiétants du démon.

Pourquoi pleures-tu, jeune enfant ? demanda le démon d'une voix grave et envoûtante.

Epiales, surpris mais intrigué, s'essuya d'abord les yeux puis raconta au démon son histoire, sa perte et sa douleur insurmontable. Il exprima son désespoir face à ce monde déchiré par la guerre et sa solitude en tant que dernier survivant de sa famille. Le démon écouta attentivement, ses yeux brillant d'une lueur étrange. Puis, d'un ton calme, il déclara : "Je peux t'offrir une chance de résurrection, un moyen de ramener tes proches à la vie et de mettre fin à cette souffrance insupportable."

Epiales le regarda, incrédule. La perspective de revoir sa famille était à la fois tentante et terrifiante. Il se demandait si cette proposition était réelle ou s'il était tombé dans les griffes d'une illusion démoniaque. Le jeune enfant, ému par la perspective de revoir sa famille, décida de faire confiance au démon. Il accepta son offre et une énergie étrange enveloppa son corps. Les pleurs d'Epiales agirent comme un catalyseur, invoquant les pouvoirs du démon et créant une symbiose entre eux.

Dès lors, Epiales devint l'hôte du démon, partageant son existence et ses pouvoirs. Ensemble, ils commencèrent à parcourir le pays, offrant la possibilité de résurrection aux âmes tourmentées et apportant un renouveau d'espoir là où il n'y avait que destruction.

Epiales put ainsi mettre fin à la guerre. Averill et Campbell purent trouver un accord pour le territoire et le pays redevint calme.

Malheureusement, Epiales ne put ramener sa famille à la vie. Le démon avait considéré ces décès comme le sacrifice ayant permis la symbiose. Après cela, Epiales s'enferma dans une grotte afin de ne plus pouvoir être utilisé. Malgré son jeune âge, Epiales savait bien que les humains chercheraient à ressusciter leurs proches perdus.

Pour empêcher encore plus la résurrection, Epiales instaura une règle. Parce qu'il ne put pas sauver les trois membres de sa famille, les humains qui voudraient ressusciter une personne devraient d'abord tuer trois autres personnes.

Ensuite, à l'aide de ses nouveaux pouvoirs de démon, il créa les alter égos. Leur but était d'empêcher les humains d'avoir l'envie de ressusciter quelqu'un. Ils apparaissaient dans l'esprit d'une personne dès que l'idée de résurrection lui traversait l'esprit. Ces alter égos avaient leur propre personnalité et leur propre libre arbitre ce qui les faisait parfois dériver.

Plus le temps avançait, plus Epiales regrettait sa décision. Lui qui n'était qu'un enfant autrefois était maintenant un Roi Démon. Tout ce qu'il souhaitait était de retrouver sa famille. Une fois de plus, et pour une dernière fois, il utilisa ses pouvoirs de démons. Il créa ainsi une fresque qui prophétisa qu'un jour quelqu'un viendrait le délivrer, le sortir d'ici et qu'un jour il pourrait enfin revoir sa famille.

Je t'attends dans 200 ans, Felix.

Il s'enferma ensuite dans une grotte qu'il protégea de nombreuse créatures et scella à l'aide d'une grande porte.

Felix se réveilla en sursaut de son sommeil. Il était trempé à cause de la sueur. Il ne comprenait pas tout ce qu'il venait de voir. Était-ce un rêve ? Était-ce une vision ? Le brun sortit de son lit et se dirigea vers sa salle de bain tout en titubant. Il se regarda dans le miroir, son visage pâle reflétant l'incompréhension et le doute qui tourbillonnaient dans son esprit. Les images du rêve ou de la vision, quelle que soit sa nature, étaient encore vives dans sa mémoire : Epiales, le jeune homme tourmenté, pleurant des larmes chargées de douleur. Le démon mystérieux qui lui offrait la possibilité de ramener les morts à la vie, mais à un prix terrible. Et ces alter égos, des entités apparues pour empêcher les humains d'envisager la résurrection, avec leur personnalité propre et leur libre arbitre.

Felix se passa de l'eau froide sur le visage, espérant chasser les pensées confuses qui l'assaillaient. Il avait du mal à comprendre les motivations d'Epiales et les principes qu'il avait instaurés. Quel genre de choix cruel était-ce ? Soudain, il se rappela de la stèle qu'il avait vu lors de son premier voyage. Il se rappela des larmes d'Epiales, de la tristesse déchirante qui émanait de lui. Peut-être qu'Epiales avait été submergé par la douleur et la colère, perdant tout espoir en l'humanité. Peut-être que sa décision était une tentative désespérée de mettre fin à la souffrance qu'il avait lui-même endurée.

Mais Felix ne pouvait s'empêcher de se questionner sur la moralité de ces actions. Les fins justifiaient-elles vraiment les moyens ? Devait-on infliger plus de souffrance et de mort pour compenser celles déjà subies ? Il sentait que les principes d'Epiales étaient empreints d'une noirceur profonde et d'une détresse incommensurable.

Il se regarda de nouveau dans le miroir mais il n'eut pas le temps de regarder son reflet qu'il se mit à toussoter. Lorsqu'il rouvrit les yeux, il vit que sa main était parsemée de taches de sang. Il se fixa dans le miroir et soudainement son œil droit se mit à pleurer. Il l'essuya rapidement et se passa de nouveau de l'eau froide sur le visage.

— Qu'est ce que c'est que ce bourbier ?!

Felix s'effondra sur le sol de sa salle de bain.

Crépuscule d'un Ange Déchu [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant