Chapitre XXVII : Le monde que l'on connaissait

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L'orage grondait et la pluie s'abattait de manière féroce sur les corps inertes tandis que les murs, les habitations et les villes étaient maculés de sang. Les échos des tirs de feu résonnaient à travers tout le pays, alors que les habitants des différents villages étaient abattus. L'Angleterre était déchirée en deux camps. D'un côté, le roi du Nord, Averill, et de l'autre, le roi du Sud, Campbell, se livraient une guerre acharnée pour déterminer qui gouvernerait l'ensemble du pays.

Epiales et Iris jouaient près de leur maison, entourés par le bruissement léger des feuilles dans le vent et le bourdonnement distant des activités du village. Des rires d'enfants résonnaient, emplissant l'air d'une joie insouciante. Les deux frères et sœurs se livraient à un jeu simple, oubliant momentanément les préoccupations du monde. Leurs rires cristallins se mêlaient à l'ambiance paisible du village, créant un petit moment de bonheur dans ce coin de tranquillité. Les rayons du soleil caressaient leurs visages pendant qu'ils s'adonnaient à leur jeu lorsque soudain leurs parents vinrent les chercher soudainement. Sans même avoir le temps de poser une seule question, Epiales et sa sœur se retrouvèrent déjà dans leur petite maison de bois.

Qu'est-ce qu'il se passe, maman ? demanda Iris.

Ne pose pas de questions, enfile juste ça, répondit leur mère précipitamment.

La mère de Iris s'empressa de lui mettre un vêtement épais, pendant que leur père remplissait plusieurs sacs : un avec des rondins de bois, un autre avec quelques ustensiles qu'il remit à Epiales. Une fois cela fait, les parents prirent quelques affaires essentielles. Epiales remarqua toutefois que son père saisit une fourche.

Oh non, je ne veux pas travailler aux champs !déclara Epiales en s'arrêtant net à l'entrée de la porte.

Son père le saisit par le col.

Epiales ! Nous n'avons plus le temps de plaisanter. Nous devons nous dépêcher. Dès maintenant, vous devez écouter tout ce que nous vous disons, lui dit-il d'un ton sévère.

Son père le relâcha et la famille put quitter le village. Après quelques heures de marche éreintante, les enfants s'arrêtèrent, épuisés. Ils s'assirent au pied d'un arbre et se retournèrent pour contempler la vue magnifique de leur village, comme ils en avaient l'habitude. Mais cette fois-ci, la scène qui s'offrit à eux fut terrifiante. Leur village, autrefois paisible, était maintenant dévoré par les flammes voraces. La lueur rougeoyante des incendies contrastait violemment avec la nuit qui tombait.

Des cris emplis de terreur, de tristesse et de douleur résonnaient dans l'air, créant une symphonie lugubre qui déchirait le silence de la nuit. Les deux enfants restaient là, figés par l'horreur de la scène, leurs yeux grands ouverts fixant le spectacle apocalyptique qui se déroulait devant eux. Leurs visages reflétaient l'incompréhension et la peine devant la perte soudaine de tout ce qu'ils connaissaient. La petite Iris attrapa, de sa main tremblante, la tunique de sa mère.

Maman ?!?! Il se passe quoi chez nous là ?

Les larmes de Iris commencèrent à monter, elle qui n'avait que huit ans. Epiales, lui ne comprenait rien. Pourquoi son village brûlait ? Pourquoi devait il partir de son chez lui ?

C'est la guerre, ma chérie. L'abomination de la guerre.

Malgré ses mains sales, la mère de Iris s'agenouilla pour lui essuyer les yeux.

C'est pas le moment pour pleurer. Relevez-vous les enfants. On y va.

Epiales et Iris mirent un peu de temps à se remettre de leur émotion mais quand cela fut fait, toute la famille reprit le chemin. Leur père menait la marche, toujours sa fourche dans les mains. La mère, quant à elle, s'occupait des ramasser des baies qu'elle trouvait sur le chemin afin de nourrir sa famille.

Après plusieurs jours de marche, la famille finit par arriver dans un refuge à une centaine de kilomètres de leur village d'origine. Lorsqu'ils approchèrent de l'entrée, des dizaines de soldats de regroupèrent autour d'eux.

Qui êtes vous et que voulez vous ? demanda un soldat en pointant en fusil sur eux.

On veut juste se réfugier, commença la mère des enfants. Tout comme vous on a fui la guerre. On vient du petit village de Willingham.

Le soldat les examina et désarma d'abord le père. Puis, il alla se concerter avec les autres gardes qui surveillaient l'entrée du refuge.

Il n'y a déjà pas assez de nourriture pour nous tous et en plus tu veux faire rentrer une famille de quatre personnes.

On ne les laissera pas entrer.

Ils viennent du même village que nous, ajoute le soldat. On ne peut pas les laisser comme ça.

Tu as le choix de sauver quatre vies ou tout un camp donc choisis bien.

La tension montait dans l'air. Le soldat finit par retourner à l'entrée et refusa la demande de la famille. Le père, furieux, s'approcha dangereusement du soldat mais il fut rapidement maîtrisé par d'autres gardes.

C'est pas possible. Pourquoi vous ne voulez pas nous laisser rentrer ? demanda le père, soumis au sol.

On est en manque de vivre. Maintenant, partez. Partez loin, nous ne voulons pas nous faire remarquer.

Les soldats poussèrent le père vers sa famille et gardèrent sa fourche. La famille se retrouva donc sans arme, sans défense, sans rien. La mère prit ses enfants dans ses bras afin de les réconforter.

On finira bien par trouver quelque part. Ne vous inquiétez pas les enfants...

La famille partit de devant le refuge, à contrecœur. Plus le temps avançait, plus la récolte de vivre se faisait compliquer. La famille manquait cruellement de nourriture. Epiales et Iris peinaient à marcher sur leurs deux jambes tant ils souffraient. Alors que la famille continuait son périple à travers les terres ravagées par la guerre, ils tombèrent sur un groupe de soldats appartenant au camp adverse. Les soldats, armés jusqu'aux dents, se méfiaient de tout ce qui bougeait.

Le père de famille tenta d'abord d'apaiser la situation en expliquant leur situation difficile et leur désir de trouver un refuge en ces temps de guerre. Mais les soldats étaient impitoyables et ne montraient aucune pitié.

Vous êtes des ennemis du camp du Nord. Nous n'avons aucune raison de vous laisser en vie. déclara l'un des soldats d'un ton froid.

Les parents de la famille tentèrent de plaider leur cause, arguant qu'ils étaient simplement des civils innocents cherchant à échapper à la violence de la guerre. Mais les soldats restaient inflexibles, convaincus que tout le monde était un ennemi potentiel.

La tension atteignit un point de rupture, et sans avertissement, les soldats ouvrirent le feu sur la famille sans la moindre pitié. Les balles fusèrent dans toutes les directions, frappant les parents et Iris de plein fouet. Le père, touché à l'épaule, tenta de se relever, mais une balle le faucha violemment en pleine tête. La mère succomba instantanément, tandis qu'Iris souffrit cruellement de ses multiples blessures avant de succomber à son tour.

Pris de panique et de terreur, Epiales réalisa rapidement que sa seule chance de survie était de s'échapper. Dans un état de choc, il se précipita hors de la zone de danger, esquivant les balles qui sifflaient à ses oreilles. Il courut aussi vite que possible, laissant derrière lui le massacre de sa famille. Il était le seul survivant

Crépuscule d'un Ange Déchu [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant