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La conférence s'est déroulée sans encombres au même endroit que la veille et s'est terminée dans la fin d'après-midi. En sortant nous avons décidé, pour notre dernière soirée avant notre retour vers Sète, de se promener le long de la plage.

    Ce n'est que lorsque le Soleil se couche que nous nous arrêtons prendre un cocktail. Nous nous asseyons avec notre verre sur le sable. Il n'y personne autour de nous et je me délecte de ce nouveau calme tandis que la brise du soir caresse mes joues. Inès contemple à mes côtés les vagues le regard perdu. Sa respiration est régulière, sereine et son visage détendu. Elle semble envahie par des souvenirs lointain et je n'ose pas l'interrompre. Sa carapace se fissure et me laisse entrevoir la vraie Inès, celle qui se cache obstinément derrière son masque.

    Et je trouve cette nouvelle Inès encore bien plus belle que l'ancienne.

— Qu'est-ce que vous regardez comme ça Jessica ?, demande-t-elle avec un petit sourire au coin des lèvres.

    Me voilà encore prise sur le fait. Je tourne la tête, gênée et voyant que je ne réponds pas, Inès éclate de rire. Instantanément, ce son me fait sourire à mon tour sans que je ne comprenne pourquoi. Je voudrais que le temps s'arrête, qu'on reste là des heures encore. J'ai peur que les choses changent et redeviennent comme avant lorsque nous serons au bureau, qu'elle redevienne la Inès sans arrêt désagréable et qui m'évite comme la peste. J'aime bien mieux lorsqu'elle baisse sa garde, qu'elle écarte sa condescendance et me traite comme son égal, presque comme son amie.

    Jamais je n'aurai pensé que ces deux jours se dérouleraient de la sorte. Je pensais qu'ils n'allaient qu'accentuer nos différents mais depuis l'incident de ce matin, je me rends compte qu'il nous a en réalité beaucoup rapprochées et qu'il y a encore tant de choses qu'elle s'acharne à cacher.

— Je vous taquine, reprend-elle. Regardez comme cet endroit est juste sublime. Je ne me lasserai jamais de cette vue !

    Oh oui moi non plus, pensais-je le regard de nouveau posé sur elle.

    Inès me dévisage, attend une réponse de ma part mais rien ne sort. Je suis bien trop absorbée par sa langue qui glisse une nouvelle fois sur sa lèvre. Les battements de mon cœur s'accélèrent. Elle sait qu'elle domine l'échange. Son sourire est confiant, sa position large.

    Inès me tend son verre vide avec une moue enfantine et je lui montre le mien en l'imitant. Je nous en ramène deux nouveau, m'assois à côté d'elle sur le sable. Je regarde l'immensité bleue devant moi et je m'y noie un instant.

— Pourquoi cet air morose ?, me coupe Inès. Vous ne trouvez pas ça magnifique ?

— Je ne suis pas morose, je réfléchissais, réponds-je en me retournant vers elle.

— A quoi ?

    Eclairé par la lumière du coucher de Soleil, son visage ressemble à celui d'un ange.

— J'en sais rien, murmuré-je. Je crois que je n'ai plus très envie de rentrer à Sète.

    Inès amène ses genoux contre elle et dépose sa tête au creux de sa main. Je capture cette image dans mon esprit.

— Pourquoi ?

    Je hausse les épaules.

— Je suis bien ici en ce moment, j'ai l'impression d'enfin plus penser à rien, d'être dans une sorte de parenthèse enchantée.

    La brune laisse échapper un petit rire.

— Je comprends, mais la règle de base avec les parenthèses c'est qu'il faut bien finir par les fermer, aussi triste cela soit-il.

L'ivresse de notre haine - gxgOù les histoires vivent. Découvrez maintenant