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Je me réveille le lendemain encore chamboulée par les évènements. Le souvenir d'Inès, de son corps collé au mien, de ses lèvres et de ses yeux perçant imbriqués dans mes émeraudes me fait tourner la tête et m'empêche de penser à autre chose. Je sens  encore son odeur flotter sur ma peau, je l'entends encore gémir contre moi et ces sensations me hantent.

    Je ne sais pas comment je suis censée agir avec elle après cet écart. Il aurait été dans tous les cas impossible de continuer d'éviter l'inévitable mais que faire maintenant qu'il s'est produit ? Comment ouvrir le dialogue sur ce qu'il s'est passé ?

    Devrais-je lui envoyer un message ?

    Je m'empare de mon téléphone à tâtons. Aucun texto d'Inès évidemment. Je soupire, pose mon portable sur ma poitrine.

    Un message pour lui dire quoi de toute façon ?

    Toujours couchée dans mon lit, je fixe le plafond dans la faible luminosité matinale. Je pianote quelques mots dans mes notes que j'hésite à lui envoyer mais me ravise au dernier moment.

    Habituellement, quand j'ai aimé une relation charnelle avec quelqu'un je rappelle la personne, ou du moins je lui écris un petit mot pour la remercier et lui dire que c'était chouette. Alors si Inès ne le fais pas, c'est peut-être pour me faire comprendre subtilement qu'elle n'a pas vraiment apprécié, que c'était sympa d'apaiser ses frustrations mais que tout s'arrêtera la.

    Ou bien peut-être que je réfléchis trop et qu'elle pense la même chose que moi, parce que après tout, je ne lui ai pas écris non plus. Elle a peut-être aussi choisi de saisir l'occasion que lui offre mon silence pour ne pas ébruiter notre liaison jusqu'aux oreilles de Jonatan ou pire encore : de son mari.

    J'ai vraiment le don de foncer tête baissée dans les situations les plus compliquées.

    Et pour quoi en prime ?

    Absolument rien.

    Sans grande motivation, je me lève et descends dans la cuisine. Je croise Jonatan encore groggy. Accoudé devant la bouilloire, il tourne la tête vers moi. Son regard se glue sur le mien et me frappe de sa tristesse. Ses cheveux blonds en bataille désobéissent à leurs courbes habituelles. Il ne dit rien, se contente simplement de me regarder et je frissonne. La distance entre nous me pèse.

    Je tente une approche :

— Cheveux indociles aujourd'hui ?

    Jonatan acquiesce et laisse flotter un maigre sourire sur ses lèvres. Sa bouche s'ouvre et se referme dans un soupir. Je voudrais tellement le serrer dans mes bras, sentir son odeur et ses bras autour de moi. Sans lui, je me sens vulnérable à la terre entière.

— Tu me manques Jo, murmuré-je ensuite. Ça fait des jours qu'on se croise sans se parler, j'y arrive plus.

    Ses deux charbons s'éclairent. Il s'approche de moi.

— Toi aussi tu me manques Jess, tu le sais très bien.

    Je lui souris, sourire qu'il me rend aussitôt.

— Je suis encore désolée de t'avoir déçu, je t'assure.

— Je n'arrive pas à t'en vouloir. Même si je me fais violence, que tu me déçois, ou n'importe quoi ça sera toujours pareil. Tu me fais ces petits yeux et j'oublie tout ce pour quoi j'étais en colère.

    Sans lui laisser le temps de finir, je me jette contre lui. Respirer son odeur me rassure immédiatement. Jonatan laisse échapper un hoquet de surprise puis me serre plus fort. Son menton sur mon crâne, je ferme les yeux et il accentue la prise de ses mains dans mon dos.

L'ivresse de notre haine - gxgOù les histoires vivent. Découvrez maintenant