L'ivresse de notre haine - gxg

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— Pourquoi t'as l'air si excitée ?, me rattrape Leslie dans le couloir.

Interrompue dans mes pensées, je me retourne vers elle.

— Qu'est-ce qui t'arrives ?, renchérit-elle une fois à ma hauteur. Ok demain c'est férié mais la tu pues le bonheur. C'est à cause de ta musicienne ?

Je mets quelques secondes à raccrocher les wagons. Si elle savait... Je meurs d'envie de me confier à Leslie, de partager avec elle cette adrénaline qui brûle chaque centimètre de ma peau mais ce n'est pas raisonnable. Moins il y a de personne au courant, plus tranquille je serai. Et après tout ne dit-on pas que pour vivre heureux il faut vivre caché ?

— Non, chuchoté-je.

Le regard brûlant de la blonde m'indique qu'elle ne se satisfera pas de cette réponse vague, alors je rajoute :

— Je sais que tu vas désapprouver mais je vois quelqu'un ce soir.

Leslie entrouvre les lèvres puis les pince l'une sur l'autre. Elle pose son dos contre le mur.

Le même mur où Inès et moi avons...

Je secoue la tête pour chasser toutes les images intrusives.

— C'est ta femme mariée ?, demande-t-elle.

J'acquiesce. Elle me donne une tape sur l'épaule.

— Tu joues à un jeu dangereux ma petite Jess, mais en même temps je comprends. Ne te brûle pas les ailes, c'est tout ce que je peux te dire. Il ne faut surtout pas s'attacher aux gens mariés parce que tu peux être sûre que jamais ils ne briseront leur mariage pour toi. Tout ce qui les intéressent c'est sortir de leur quotidien de merde et s'amuser avec nous. Crois moi, je sais de quoi je parle.

— Tu as déjà eu une liaison avec un mec marié ?

Leslie arque les sourcils.

— Change pas de sujet, tu crois que je te vois pas venir là ?

J'attrape sa main entre les miennes, ne peux m'empêcher de lui sourire.

— Ne t'en fais pas, on va juste manger un bout et regarder un film. Je la sauve juste d'une mauvaise soirée. On va papoter devant la télé puis elle rentrera chez elle.

— Oui t'as raison et puis devant la télé vous allez débattre du temps qu'il fera demain !, dit-elle en levant les yeux au ciel.

Je lui donne une tape sur l'épaule, lui fais un clin d'oeil.

— Bien sûr que oui, je suis pas une fille facile moi !

Encore une fois, le sarcasme reste ma meilleure arme. Même si j'avais envie de coucher avec Inès, je sais très bien que ce n'est pas le but de la soirée, que les limites ont été posées, bien qu'elles soient à présent floues dans ma tête.

Soudain, Cerbère passe à côté de nous. Ses cheveux virevoltent derrière elle, j'ai l'impression d'être dans un ralenti. Je peux voir chacun de ses traits, de son regard en amande à ses longs doigts fins. Elle s'arrête entre Leslie et moi. Son sourire carré me fait fondre sur place et brûler mes entrailles.

— Vous êtes encore là Evans !, ricane Inès. Vous êtes accro au travail finalement, moi qui pensais que vous auriez hâte d'hiberner toute la journée du premier mai.

Elle se tourne vers Leslie, lui adresse un signe de la main puis revient vers moi. L'électricité de son regard pénètre dans chaque parcelle de ma peau.

— A ce soir !, murmure-t-elle si doucement que je dois le lire sur ses lèvres.

Inès disparaît du couloir et immédiatement, la secrétaire s'empare de mes bras, me tourne vers elle.