22

462 37 4
                                    




De retour au bureau, et prise dans ma conversation avec Leslie, je percute quelqu'un de plein fouet. Je perds l'équilibre pendant quelques secondes et c'est les yeux d'Inès que je croise en me redressant. La blonde à côté de moi déglutit. Aucun mot n'est prononcé mais pas un seul ne pourraient rivaliser avec les poignards luisants dans ses prunelles. Je voudrais disparaître. Je plisse les paupières, appréhende de quoi Inès va me maudire cette fois. Curieusement, la catalane ouvre la bouche mais ne dit rien, se contente de tiquer avant de tourner les talons.

    Visiblement, la nouvelle attitude d'Inès n'a rien à envier à celle de ce matin. La remise en question est décalée à plus tard et je peux dire adieu aux excuses que je mérite.

— Plus de peur que de mal !, s'exclame Leslie. Je retourne à mon boulot, à toute à l'heure !

— Vu tout ce qu'il me reste encore à faire je pense que je vais devoir rentrer plus tard aujourd'hui.

— Pas de soucis, on se voit demain alors !

    J'acquiesce en souriant. Je marche jusqu'à mon bureau et me remets au travail.  Je respecte chacune des indications d'Inès pour qu'elle ne puisse plus rien me reprocher. Plus mon travail sera exemplaire plus je la ferai enrager et je jubile rien d'imaginer sa peau devenir écarlate et la fumée sortir de son nez sans pouvoir rien me dire.

    Je ne relève la tête de mon ordinateur qu'en fin d'après-midi lorsque j'entends hurler au bout du couloir :

— C'est pas possible, elle n'a pas pu faire ça !

    Mi curieuse mi inquiète, je me dirige vers la source du cri et quelle n'est pas ma surprise de voir Inès s'acharner contre la porte en verre qui sépare les bureaux du hall d'entrée. Je m'approche d'elle à pas mesurés de peur de me prendre une nouvelle vague de colère à la figure. Parce ce que Dieu sait que les vagues d'Inès sont terrifiantes et que j'en ai assez de toutes me les prendre en pleine figure.

— Tout va bien ?, osé-je.

— Bien sur que non ! J'avais prévu de travailler plus longtemps ce soir donc j'ai demandé à Leslie de fermer en partant. C'est ce qu'elle a fait mais elle a pris mes clés et les a laissé de l'autre côté !

    Pour la vague de colère c'est raté, je suis noyée. Néanmoins je comprends son agacement lorsque j'aperçois le trousseau posé sur la commode juste de l'autre côté de la porte.

    Nous sommes donc joliment bloquées dans le couloir.

    Je maudis la blonde de toute mon âme. Grâce à elle me voilà coincée avec Cerbère.

— Et vous n'avez pas d'autres clés ?

    Au vu du regard incendiaire qu'elle me lance j'en déduis que non. Inès souffle et s'empare de plus belle de la clanche. Elle tente de la faire bouger de haut en bas plusieurs fois, de tirer ou de pousser dessus mais rien ne se passe.

    Logique.

    Même si la voir s'acharner de toutes ses forces m'amuse beaucoup, je décide de mettre de l'eau dans mon vin et m'approche d'elle.

— Attendez je vais vous aider, dis-je en prenant sa place devant la porte. J'ai vu une vidéo une fois sur internet où ils disaient qu'on pouvait y arriver en faisant passer une carte de crédit.

    Elle me dévisage comme si je venais de dire la pire des absurdités. Enfin c'est comme ça que j'interprète ses sourcils levés. Je demande quelques secondes plus tard :

— Il n'y a que nous deux ?

— Apparemment. Je ne savais même pas que vous étiez là, je pensais être toute seule.

L'ivresse de notre haine - gxgOù les histoires vivent. Découvrez maintenant