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(ce chapitre est un peu long mais je n'avais pas le coeur de le couper, bonne lecture :))

La pluie tambourine et le long des rues s'écoule toute l'eau accumulée. Inès écarquille les yeux et jure.  Je lui dis de ne pas se tracasser. Peut-être que le dicton est le même que pour les mariages : anniversaire pluvieux anniversaire heureux ?

    En tout cas pour moi cette pluie torrentielle ne pouvait pas plus mal tomber. Comme si j'avais le temps de perdre du temps ! Jonatan doit être en furie et si il ne me tue pas  en arrivant c'est un miracle.

— Attendons de voir si ça se calme, me dit la catalane en s'abritant sous le toit du bar.

— Putain fais chier !, m'exclamé-je. Pourquoi même la météo est contre moi ?

Inès grimace pour empêcher un sourire de se dessiner sur son visage. Elle me lance :

— Effectivement je ne donne pas cher de votre peau si c'était pour le diner que vous deviez rentrer.

    J'ouvre les bras, me retiens de toutes mes forces pour ne pas lui renverser la tête sur le sol.

    C'est pour ELLE que je suis restée, c'est ELLE qui ne voulait pas que je parte et maintenant c'est ELLE qui se moque de moi.

— Je me passerai bien de vos commentaires, grommelé-je suffisamment fort pour qu'elle puisse m'entendre. Et si j'étais à votre place, je ne me réjouirai pas de votre malheur.

    Elle souffle, sort une cigarette.

— Ce n'est qu'un dîner Evans. Tout va bien se passer, personne ne vous a arraché un bras. Je rigolais c'est tout.

    Inès allume son cylindre d'un coup sur son briquet. Elle laisse sortir de ses lippes un volupté de fumée encore plus sensuel dans l'obscurité.

— Je ne suis pas sûre que ça s'arrête tout de suite ceci dit, dit la brune en désignant la pluie.

— On y va dans ce cas, réponds-je.

— Je finis de fumer.

    Je hurle intérieurement.

    Le culot !

    Le culot Jessica le culot !

    Je serre les poings pour ne pas craquer. De toute évidence, elle n'attend que ça et je refuse catégoriquement de lui donner ce plaisir.

    Pour m'apaiser, je sors à mon tour une cigarette en attendant qu'elle finisse la sienne. J'emprunte le briquet d'Inès. Nous n'échangeons pas un seul mot.

    Inès écrase son mégot dans le cendrier derrière elle puis place sur sa tête le châle qu'elle avait sur ses épaules avant de s'élancer sous l'averse.

    Je reste interdite tandis qu'elle s'éloigne de moi en riant. Je jette la fin de ma cigarette dans le pot en verre.

— Eh !, m'écrié-je en courant derrière elle.

    De grosses gouttes d'eau s'écrasent déjà sur ma tête lorsque j'arrive à sa hauteur et je donne pas cher de mes cheveux. La sensation de fraîcheur est délicieuse et contraste avec l'alcool dans mes veines qui me donne l'impression de brûler de l'intérieur. Je lève le crâne vers Inès qui tournoie sous l'averse.

— Vous avez trouvé ça drôle de vous enfuir alors que je vous attendais ?, lui lancé-je. Parce que moi non.

    Inès hausse les épaules.

— Plutôt oui, excusez-moi d'avoir pensé que vous aviez de l'humour.

    Je lève les yeux au ciel.

L'ivresse de notre haine - gxgOù les histoires vivent. Découvrez maintenant