Chapitre 10

53 8 6
                                    

Sans surprise, Olympe avait été rattrapée peu après son départ de la salle à manger et reconduite dans sa chambre. Les Fylis n'avaient cependant rien dit, troublés par ses derniers mots.

Cela devait faire à présent vingt-quatre heures qu'Olympe était dans sa chambre. Gabrielle était venue lui apporter deux plateaux repas et la jeune femme qui lui avait promis de lui montrer les salles de bain n'était pas venue. La princesse se dirigea vers le lavabo de sa chambre. Après avoir dormi pratiquement dix heures, épuisée par l'enlèvement et tous les évènements des semaines précédentes, elle ressemblait à un monstre écrasé par une charrette. Les baies bleues séchées n'arrangeaient rien à sa mine. Elle ouvrit le robinet et une eau froide s'écoula. Elle se débarbouilla le visage comme elle le put, mais sans savon ni serviette, la tache n'était pas facile. Olympe s'observa dans le petit miroir attenant à l'évier : ses joues étaient creuses et son teint blafard. Elle n'avait vraiment pas bonne mine. Ses cheveux étaient emmêlés et collants. Et sa robe... Olympe avait mal au cœur pour les couturières du château. Déchirés à plusieurs endroits, elle comportait à présent, en plus des taches de poussières, du coulis de baies bleues. Autant dire qu'elle était totalement foutue. Olympe balança sa tête en arrière et quitta la salle d'eau. Il était inutile de s'infliger ce supplice plus longtemps : elle avait besoin d'une douche un point c'est tout. Pourquoi ne pas y aller d'ailleurs ?

Olympe ne devait rien aux Fylis. Elle était captive, certes, mais cela ne l'obligeait pas à les écouter à la lettre. Elle retira une épingle de sa coiffure (certes ses cheveux étaient lâchés et emmêlés, mais il en restait encore) et commença à crocheter la serrure. Elle avait appris à le faire avec les gardes du château. Olympe avait vécu enfermée entre les murs blancs du palais royale, il lui avait bien fallut trouver des occupations. Discuter avec les bonnes et s'entrainer avec les gardes en faisait partie. Quand elle parvint enfin à ouvrir la porte, elle jeta un coup d'œil dans le couloir vide : la voix était libre. Elle se déplaça de la façon la plus discrète possible, ce qui n'était pas une mince affaire vu la taille de sa robe. Alors qu'elle atteignait enfin le bout du couloir, des voix remontèrent de la cage d'escalier.

Le cœur d'Olympe s'emballa : ce couloir ne comportait aucune cachette, à part la cage d'escalier, et il était trop tard pour qu'elle retourne dans sa chambre sans se faire voir. Or elle ne pouvait pas révéler aux Fylis qu'elle savait crocheter des serrures. La femme qui lui avait proposé de l'accompagner aux salles de bain apparut sur le seuil, accompagnée de l'homme à la peau foncé et d'une autre femme, plus en arrière. Elle afficha une expression surprise face à Olympe qui n'avait rien à faire là. L'homme, qui avait vu la même chose que sa camarde l'attrapa alors et pressa ses lèvres contre les siennes, entravant l'entrée du couloir.

- Beurk, s'exclama la femme plus en arrière. Si j'ai accepté de couvrir votre relation secrète, je n'ai pas signé pour vous voir vous rouler des pelles à chaque coint de rue. Je vous laisse.

Puis elle s'éloigna, se cachant les yeux de sa main. L'homme lâcha la femme et tous deux se tournèrent vers Olympe, bouche bée. L'avaient-ils défendu ? Elle en avait bien l'impression mais était étonnée...

- Marceau, murmura la jeune femme aux yeux verts. Tu...

- Je suis désolé d'avoir fait diversion de cette façon, mais j'étais sincère, ce baiser en disait beaucoup pour moi.

- Ne t'excuse pas, c'était parfait je...

La jeune femme passa une main sur ses lèvres, puis parut se souvenir de la présence d'Olympe. Elle s'écarta vivement de Marceau, visiblement gênée. Leur relation ne devait pas dater de très longtemps. Des voix resonnèrent dans la cage d'escalier, encore. Olympe lança un regard paniqué vers les deux amants, tel un renard pris au piège. Marceau indiqua la porte sur laquelle était gravé son nom. Olympe s'y rua, Daphnée à sa suite. Marceau pénétra dans la chambre alors que les voix atteignaient le couloir.

Arcalya - tome 1Where stories live. Discover now