Arcalya - tome 1

Chapitre 15

Olympe était assise sur son lit. Sa porte avait été réparée et elle était quasiment sûre que quelqu'un montait la garde. La princesse réfléchissait depuis de nombreuses minutes, tentant de déterminer comment elle agirait dans les prochains jours. Car Olympe n'était pas dupe, elle allait devoir cohabiter avec les Fylis, et ce durant plusieurs semaines au minimum. Comme le lui avait dit Ruby, et comme le lui avait dit Charles, les Fylis ne lui voulaient pas de mal. Ils restaient persuadés que leur plan allait fonctionner, ce qui n'était pas le cas, mais cela impliquait qu'Olympe reste captive encore un petit moment. La princesse n'avait pas encore réellement réfléchi à la question avant : comment devait-elle se comporter avec les Fylis ? Devait-elle rester froide et distante, en rabâchant l'excuse de l'enlèvement ? Ou devait-elle au contraire, suivre les conseils de Ruby et s'intégrer, profitant de ce temps hors du château ? Olympe hésitait beaucoup.

            Après deux longues heures plongées dans ses pensées, alternant le sommeil et l'angoisse, la princesse avait fait son choix. Car oui, elle ne pouvait plus attendre, elle devait savoir ce qu'elle allait faire. Elle se dirigea vers la salle de bain et regarda son reflet dans le miroir. A l'aide de l'élastique que Ruby avait utilisé pour lui faire un chignon la veille, Olympe attacha ses cheveux en une queue de cheval basse, plaquant sa chevelure vers l'arrière avec de l'eau. Elle passa ensuite une main sur sa chemise, lissant le tissu de sa paume. Trop habituée à répéter ce geste sur ses robes au château, c'en était devenu un automatisme. Après cela, Olympe se dirigea vers la porte. Elle prit une grande inspiration et l'ouvrit, certaine qu'elle n'était pas verrouillée. Elle ne fut pas surprise de trouver un homme devant sa porte, qui montait la garde. C'était le même qui l'avait emporté avec Marceau pour l'emmener dîner quelques jours plus tôt, mais elle ne connaissait pas son nom. L'homme la regarda avec surprise, étonnée qu'elle sorte de sa chambre. Olympe voyait qu'il se méfiait d'elle.

            - Bonjour monsieur, fit-elle dans un sourire qu'elle essaya de rendre sincère. Puis-je me permettre de vous appeler par votre prénom ?

            - Saphir, bougonna-t-il, ne répondant pas réellement à la question. Vous voulez quoi ?

            - J'aimerais me rendre dans la salle à manger afin de partager un repas avec le reste du clan (Saphir haussa les sourcils). Comme je me doutais que quelqu'un veillait devant ma porte, j'ai pensé préférable de prendre mon repas avec les Fylis. Cela vous donne une pause, Saphir.

            - Depuis quand vous pensez à moi ? répondit-il en se renfrognant. Enfin à être gentille.

            - Rassurez-vous, je ne fais rien dans votre intérêt.

            Olympe lui tourna le dos, commençant à s'éloigner de sa chambre. Elle connaissait le chemin à présent, ce n'était pas la première fois qu'elle se rendait à la salle à manger. Saphir la suivit, déboussolé par la princesse et ses paroles qui l'embrouillaient.  

            Olympe descendit d'un étage et se dirigea vers la grande porte de la salle à manger qu'elle ouvrit sans hésiter une seule seconde. Les regards de tous les Fylis se tournèrent vers elle, tous aussi étonné que Saphir. Celui-ci arriva, essoufflé et haussa les épaules, faisant comprendre à ses camardes qu'il n'en savait pas plus qu'eux. Olympe chercha réconfort dans le regard de Ruby qui hocha la tête, signe d'approbation. Quand Olympe croisa le regard de Daphnée et Marceau, ils lui sourient. Au moins pour trois personnes, elle était la bienvenue.

            La princesse s'installa à la même place que les fois précédentes et attendit. Marceau s'exclama :

            - Qu'est-ce que c'est que ces manières, Victor ? Apporte-lui des couverts !

            Puis Daphnée fit passer une bouteille de vin rouge à Olympe qui attrapa un verre au hasard pour se servir. Ruby se leva pour aller chercher les couverts elle-même. Quelques minutes plus tard, Olympe se servait sous le regard sidéré des autres Fylis. Elle porta une fourchette de cerf à sa bouche, savourant la viande tendre.

            - C'est délicieux, Victor, fit-elle en prenant une nouvelle bouchée.

            Charles observait attentivement la princesse qui mangeait proprement à l'autre bout de la table, juste en face de lui. Il ne savait pas ce qu'elle avait derrière la tête mais son comportement le perturbait beaucoup. Que cherchait-elle ?

            Olympe pouvait sentir le regard du chef des Fylis sur elle. Elle devinait ses questions. Mais ne vous méprenez pas, malgré son comportement avenant, Olympe n'oubliait rien de sa condition de captive. Elle ne serait jamais amie avec les Fylis, elle souhaitait seulement profiter de ce temps hors du château... Elle leva alors les yeux vers lui, plongeant son regard dans le sien et leva son verre dans un sourire carnassier, encore.

            Les jeux étaient lancés.