Chapitre 2

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Mary, une petite femme blonde et agile qui servait de femme de chambre, coiffait la longue chevelure noire d'Olympe. Celle-ci essuya d'un geste las de la main l'unique larme qui avait mouillé sa joue porcelaine quand son père avait usé de son autorité sur elle quelques minutes auparavant. Les coups étaient partis tout seul lorsque le roi avait retrouvé sa fille plus tard dans la soirée, après qu'elle ait quitté la table sans autorisation. Olympe n'en gardait aucune marque, il savait s'y prendre, il avait l'habitude. Et elle aussi malheureusement. Voilà pourquoi les larmes ne coulaient plus. Elle encaissait les coups, sans broncher, en espérant qu'il n'aille pas trop loin. Le cœur battant, Olympe pencha sa main vers la poche de glace que lui avait apporté Mary et la posa sur sa joue rougie. Certes le roi ne laissa pas de marque visible, seulement certaines fois, des rougeurs restaient et Olympe devait se débrouiller pour les cacher sous peine de pire. La princesse avait les doigts tremblants, Mary l'avait vu. Elle reposa le peigne sur la coiffeuse et s'empara de la poche de glace qu'elle appliqua sur la joue de la princesse. Mary aussi était habituée à retrouver Olympe cabossée, son silence faisait partie du contrat, cependant cela lui serrait toujours autant le cœur.

- C'est fini, murmura-elle. Vous êtes en sécurité ici, il ne viendra pas.

- Je vais bien, Mary.

- Vous n'allez pas bien, mademoiselle. Je le vois, depuis l'annonce de vos fiançailles avec le prince de Barossellie, vous êtes dans tous vos états. Et à juste titre d'ailleurs.

- Je vais bien, Mary.

- Vous savez ils nous en envoyé du personnel, les bonnes de là-bas le disent horrible et irrespectueux. J'espère que vous ne vous laisserez pas faire, mademoiselle.

- C'est plus compliqué que cela, Mary. Mais je suis d'accord avec vous, malgré mon isolement, je n'ai également pas entendu de positif à propos de ce prince.

- Si vous avez besoin de moi pour quoi que ce soit, même les choses les plus folles, je suis là, mademoiselle. Je ne suis pas fidèle au roi. Je suis fidèle à vous.

- Je ne souhaite que fuir mon mariage, mais tu ne peux rien faire. Je voudrais m'échapper, arrêter le temps. Sortir de ce château trop blanc, rencontrer le peuple, et même les clans, dont on parle tant. Je voudrais simplement vivre avant de lier mon destin avec un parfait inconnu, mais c'est impossible, et tu le sais. Il n'y a aucune solution à mon problème, et il n'y en a jamais eu. Seule la mort me libèrerait de mon fardeau.

- Ne dites pas n'importe quoi, mademoiselle, ou je vais finir par rester dans votre chambre jour et nuit, même quand vous serrez mariée, pour vous éviter toute bêtise.

- Cela risque de déplaire à mon futur mari. Cependant, ça ne me dérangerait pas, moi. Si le prince est aussi répugnant que ce que les bonnes disent, je préférerais que tu sois là pour le surveiller et me sortir de toutes situations inconfortables, si tu vois ce que je veux dire.

Olympe ajouta un clin d'œil à son propos et Mary explosa de rire. La princesse sourit à son tour, amusée par le rire franc de sa femme de chambre. Elle adorait le naturel de la blonde qui n'hésitait jamais à lui dire le fond de sa pensée. Mary était sans filtre et de bons conseils. Elle ne faisait pas beaucoup de différence entre elle et Olympe alors que celle-ci était une princesse. De ce fait, Olympe avait constamment l'impression d'être en compagnie d'une amie. C'était le cas, en fait. Mary eut le bénéfice de la détendre, ne serait-ce que pour un moment, et la princesse en eut chaud au cœur. 

Arcalya - tome 1Onde histórias criam vida. Descubra agora