Chapitre 5

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Olympe ouvrit ses yeux englués par une mixture inconnue. Elle releva la tête et aperçut Mary, assise sur une chaise à son chevet, les yeux clos. Quand elle entendit Olympe bouger, elle se réveilla en sursaut.

- Je ne dormais pas, s'exclama-t-elle.

Olympe palpa la mixture, se salissant les mains. Elle interrogea Mary du regard.

- J'ai dû utiliser la solution d'urgence. Vous vous marriez aujourd'hui, mademoiselle, je ne pouvais pas laisser de vilaines blessures obstruer un visage aussi beau.

Dans un sourire rassurant, Mary s'éloigna dans la salle de bain et en ressortit quelques minutes plus tard avec un linge humide. Elle nettoya le visage d'Olympe et son sourire s'élargit : les blessures étaient parties. Il ne restait plus aucune trace des évènements de la veille. Olympe se leva faiblement pour observer son visage encore plus pale qu'habituellement dans le miroir. Sa joue était légèrement rougie à certains endroits mais le reste avait disparu. Elle poussa un soupire. Cela ne la soulageait pas du tout. Malgré tout ce qu'elle avait pu vivre, jamais son père n'était allé aussi loin... Du moins pas en présence de sa mère et son frère.

- Oulala, mais c'est que vous êtes en retard, mademoiselle, s'exclama Mary qui tentait de détendre l'atmosphère. Vous avez rendez-vous dans le salon d'hiver afin de saluer vos invités. Tous sont très impatients de découvrir la princesse.

- C'est qu'ils ne sont pas prêts à me voir, soupira-t-elle.

Puis elle se dirigea d'un pas las vers la salle de bain. Elle brossa ses dents et lava les dernières traces du combat d'hier à l'eau froide. Olympe devait arrêter de penser à son père et se concentrer sur la journée interminable qui l'attendait aujourd'hui. La surcharge de préparatifs qu'elle avait dû affronter la semaine précédente n'était rien comparé à ce jour. Certes, la robe, la salle et le menu étaient prêts. Cependant, Olympe n'avait encore jamais rencontré le peuple d'Arcalya, et encore moins celui de la Barossellie...

L'appréhension tordait l'estomac de la princesse et vidait son corps de son énergie habituelle. Ce pourquoi elle avait été préparée toute sa vie arrivait cette semaine : la présentation, le mariage, et le couronnement dans cinq jours.

Olympe sélectionna une robe blanche dans la garde-robe réservée aux évènements de la semaine. Elle se glissa derrière les paravents et se déshabilla, se retrouvant nez à nez avec un grand miroir qui révéla toutes les petites cicatrices qui ornaient son corps. Rassurez-vous, elle ne venait pas toutes du roi. Elle ferma les yeux comme à chaque fois, chassant les souvenirs malheureux, et enfila sa robe à l'aveugle, écœurée par la vue de son propre corps. Le visage fermé, la jeune femme s'éloigna des paravents et s'assit sur le fauteuil de sa coiffeuse. Mary appliqua des paillettes blanches sur ses yeux et rehaussa légèrement son teint. Elle tira ses cheveux en un chignon serré : c'était la meilleure chose à faire. Olympe fixa ses cheveux quelques instants, en plus d'être noirs, ils étaient ternes et sans vie. La princesse se leva et resta quelques secondes debout devant le miroir. Sa robe blanche lui couvrait les chevilles mais n'était pas bouffante comme la robe qu'elle porterait à son mariage : elle descendait droite après ses hanches. Elle n'était pas décolletée, ni originale. Malgré le fait qu'elle soit la mariée, Olympe devait rester discrète, personne ne savait comment le peuple allait prendre sa couleur de cheveux.

- Vous êtes magnifique, mademoiselle, murmura Mary d'une voix tremblante.

Olympe se retourna pour lui faire face. Sa femme de chambre lui tendit un chapeau pour dissimuler ses cheveux. Elle considéra quelques secondes la proposition et refusa de le prendre. Certes, elle avait les cheveux noirs, mais Olympe n'était pas un monstre et elle en avait assez de vivre cachée. Mary leva des yeux impressionnés vers la princesse qu'elle avait servie pendant vingt années. Sans lui demander son avis et pour la première fois, Mary la pris dans ses bras. Olympe sourit, soulagée de cette étreinte qui lui fit un bien fou. Elle blottit sa tête dans le coup de son amie, comme une enfant, vulnérable et triste.

Arcalya - tome 1Donde viven las historias. Descúbrelo ahora