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Le combat de Hwa Lin s'était fini aussi vite qu'il avait commencé, laissant la foule silencieuse et ébahie. Sûrement aucun d'entre eux n'avait imaginé qu'une femme aussi frêle que Hwa Lin pouvait infliger autant de dégâts à un homme aussi fort que Chen liu. Xiulan pensait que le pire pour eux était sûrement l'expression déçue de Hwa Lin, comme si le combat était trop ennuyeux pour elle, alors que son adversaire était au sol dans une mare de sang. Hwa Lin descendit du plateau alors que la foule s'écartait sur son passage, cherchant à rester aussi loin que possible d'elle.

- Voilà qui est fait, dit Hwa Lin une fois devant Xiulan.

- On avait dit discrétion, soupira Xiulan.

- Sa tête me donnait envie de faire pire, dit Hwa Lin en souriant joliment, son visage aussi doux que possible, comme si elle n'avait pas presque tué quelqu'un juste avant. Il nous reste encore du temps avant ton combat, et si on allait voir les autres ?

- Ils commencent en même temps, se plaignit Xiulan et prenant la main de Hwa Lin, se dirigeant vers un étal de nourriture installé dans le campement. Lequel allons-nous soutenir ?

- Cet idiot de Mo Yuan n'a définitivement pas besoin de nous, pas la peine de se déranger pour lui.

- Mais et les deux autres ?

- Hum, fit Hwa Lin tout en choisissant quelques beignets de poisson. J'irai voir mon petit frère et tu restes ici pour assister ton mari.

- Mari ? Ne... Ne raconte pas de bêtises ! Lee... Il n'est pas mon mari.

Hwa Lin fit une pause en regardant le visage rouge de son ami, puis elle se tourna vers la vendeuse et paya ce qu'elle venait de prendre. Les deux restèrent silencieux un moment pendant qu'ils mangeaient leurs beignets.

- Est-ce que tu l'aimes ? finit par demander Hwa Lin.

- Est-ce que ça a une quelconque importance ? Soupira Xiulan. Oui je l'aime, profondément, mais je sais aussi qu'il ne sera jamais à moi seul même si je sais qu'il m'aime aussi. Après tout je ne suis qu'une concubine.

- Au lieu de t'apitoyer sur ta position, bats toi pour une meilleure, dit Hwa Lin d'un ton sec qui surpris Xiulan. La vie est un combat constant entre nous même et les autres. Il faut se battre pour avoir ce que l'on veut. Tu dis que tu l' aimes, alors fait en sorte qu'il ne soit qu'à toi. Ainsi même si tu finis par avoir le même statut que maintenant tu seras le seul à le posséder vraiment.

- On ne peut posséder un homme de son rang, dit Xiulan.

- Alors tu vas laisser les autres prendre ta place ? Hwa Lin se moqua, bien sûr que non. J'ai appris à te connaître, tu as peut-être l'air d'être le plus calme des deux, mais entre vous deux tu es le plus possessif. Tu ne le laisseras jamais appartenir à d'autres, je le sais.

Xiulan ne répondit pas cette fois, il savait que Hwa Lin avait raison. C'est vrai il aimait Lee Yuan, bien plus que ce dernier ne pouvait l'imaginer, il l'aimait à un point que ça lui faisait peur car dans sa tête il se voyait déjà tuer tous ceux et celles qui essaieront de se mettre en eux. Lee Yuan était son aerfa, son homme, il le lui avait juré et Xiulan l'avait pris à cœur, car c'est ce qu'il ressentait au fond de lui. Les deux s'appartenaient l'un à l'autre, et il se sentait qu'il ne pourrait jamais en être autrement. C'était cette façon de penser qui le poussait à se détacher, chaque jour il se mettait en tête qu'il devait réfréner ses sentiments, car une fois cette épreuve passée ils retourneraient au palais, et il n'y aura plus qu'eux deux.

Mais la théorie était plus facile que la pratique, même s'il savait qu'il devait penser ainsi, chaque fois qu'il imaginait Lee Yuan avec une autre personne, des pensées de meurtres sordides se glissaient dans son esprit et il en avait peur. Il avait peur de ce que Lee Yuan penserait de lui, et s'il le prenait pour un fou dangereux, pour un maniaque atteint de jalousie maladive. Mais il n'y pouvait rien, Lee Yuan était la première personne dont il était tombé amoureux et il n'imaginait pas en aimer un autre, même s'il était plus jeune que lui-même, pour lui Lee Yuan était son homme. Alors  allait-il le laisser aller vers d'autres ? Pas sûr, surtout que dans son esprit, il préférait détruire ce qu'il ne pouvait posséder. Il pouvait probablement accepter que Lee Yuan partage le lit d'autres personnes car son rang de prince héritier pourrait l'y obliger, mais si un jour son cœur battait pour une autre... Alors il n'en aurait plus besoin.

C'était justement parce que Xiulan pensait ainsi qu'il avait peur de lui même. Il avait perdu sa mère tôt et cette dernière n'était plus que l'ombre d'elle même dans les dernières années de sa vie, une loque car l'homme qu'elle aimait l'avait délaissé. C'est pour ça qu'il savait que sans l'amour de Lee Yuan il dépérirait de la même manière, alors pourquoi ne pas en finir tous les deux ensemble ? Oui, autant mourir ensemble alors... Non ! Ne pense pas comme ça Xiulan ce n'est pas toi !

- Tu m'écoutes Xiulan ? Cria presque Hwa Lin.

- Désolé, j'étais ailleurs, tu disais ?

- Je disais que j'allais au plateau trois, ça va bientôt commencer, tu devrais retourner au plateau deux.

- C'est vrai, merci de me l'avoir rappelé.

Ils étaient sur le point de se séparer lorsque qu'il reprit la parole.

- Hwa Lin ?

- Hum ?

- Tu avais raison, dit Xiulan avec un sourire de dérision, je ne pourrais jamais le laisser partir.

- Je sais, dit Hwa Lin d'une voix douce, en passant une main sur le visage de Xiulan. C'est ce qui arrive quand un oumî s'imprègne trop profondément d'un aerfa, c'est fort n'est-ce pas ?

- Tu l'as déjà vécu ? Comment as-tu fait pour que ça s'arrête ? Demanda Xiulan d'une voix désespérée.

- Il n'y a qu'une seule chose à faire dans ce cas. Tuer l'aerfa.

- Je...

- Je sais, tu ne le feras jamais, du moins j'espère. Alors il ne te reste qu'une seule chose à faire, fais en sorte qu'il ne soit qu'à toi seul. Pour ton bien et le sien. Les gens n'imaginent pas à quel point la possessivité d'un oumî peut être dangereuse. Si tu ne veux pas finir comme moi, alors fais en sorte de bien faire les choses.

- J'ai compris, merci... Ma sœur.

Hwa Lin sourit et déposa un doux baiser sur le visage du Xiulan.

- De rien mon frère, puis elle chuchota, fais attention, le prince Lao Ye te surveille depuis que nous avons quitté le plateau.

Noces d'orient 2.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant