luidji (pt.1)

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αnéα 🍯

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αnéα 🍯

je me passe la main sur la barbe et je passe la porte de l'appartement, encore défoncé. je referme la porte un peu trop fort et j'enlève mes chaussures non sans peine, foutus lacets! je vais ensuite dans la cuisine où je trouve ma meuf en train de faire à manger.

— tu nous fais quoi de bon, mi amor? je demande.

elle se retourne et elle vient me faire un bisou, je la prends donc dans mes bras et j'embrasse son front. je dois puer le shit, le sexe et l'odeur de la sirène a certainement dû imprégner mes vêtements, vu la tonne de parfum qu'elle porte.

ma brune s'éloigne de moi et elle fronce les sourcils.

— t'étais avec elle, encore? c'est pour ça que t'es en retard? elle hausse le ton.
— avec qui? je fais l'innocent.
— te fous pas de ma gueule. putain t'es vraiment un connard! elle hurle en me repoussant, ses deux mains sur mon torse. pendant que j'te fais à manger, toi t'es en train de baiser ta pute!
— arrête de faire ta parano ané'. j't'ai dit qu'y a rien entre nous. je continue de nier.
— elle dira la même chose que toi si je lui demande?
— dis pas n'importe quoi. tu vas rien lui demander.

elle est folle cette meuf, elle va questionner delphine toutes les deux semaines pour savoir si on se fréquente. elle est un peu parano, elle casse la tête. heureusement pour moi, ma sirène continuera de nier jusqu'à la mort — tout comme je le fais.

— tu te fais des idées mi amor, t'sais que je t'aime.

elle soupire et elle se remet aux fourneaux. elle va me faire la tête un petit moment mais je sais qu'elle finira par me pardonner, même si dans le fond elle connaît la vérité.

anéa c'est mon ancre, celle qui me permet de rester sur terre et de ne pas sombrer. la part de moi qui me permet de rester humain. mais dans les moments où je sombre, tout en bas du fond marin, il y a ma sirène qui m'y attend, delphine. celle qui m'a appris à survivre dans cet environnement sombre, comme elle le fait depuis tant d'années. ironiquement, c'est également cette sirène qui me fait couler, au moyen de sa belle voix.

anéa est trop bien pour, je le sais. je ne la mérite pas, je le sais. et elle le sait aussi, mais elle reste.

c'est le genre de meuf que tu présentes à ta famille et à tes potes. le genre de meufs avec qui t'emménages. le genre de meufs avec qui tu fondes une famille à ton tour.

je l'ai présentée à mes potes, je l'appelle mi amor. je l'ai présentée à ma famille et on a emménagé ensemble. j'souris sur les photos mais j'me fais chier à mort.

je vais me poser dans le canapé du salon en attendant qu'elle finisse de cuisiner, t'as meilleur temps d'éviter de traîner dans ses pattes quand anéa est dans la cuisine. elle est toujours tendue quand je la regarde faire à manger et préfère donc s'enfermer seule à l'intérieur pour être tranquille.

assis dans le canapé, j'me rappelle exactement du poids de la sirène sur mes cuisses, pendant que je la soulevais dans sa voiture. j'me rappelle exactement de son regard ancré dans le mien. j'me rappelle exactement de ses cheveux roux qu'elle tentait tant bien que mal de maintenir dans sa queue de cheval malgré les mèches rebelles qui s'y échappaient.

— viens manger, c'est prêt! hurle la voix mielleuse d'anéa depuis la cuisine.

je rejoins ma meuf dans la cuisine et on se met à table dans un silence pesant. j'essaie de me concentrer sur mon assiette mais j'ai la tête qui tourne, j'ai l'impression d'être sur un bateau. l'effet du shit.

— y a quoi? tu penses à elle? pendant que t'es à table avec moi? elle s'agace et je souffle.
— franchement t'abuses. tu me boudes donc je te laisse tranquille et toi tu me prends la tête encore plus!
— c'est ça.

elle mange en pleurnichant et je me demande vraiment ce qu'elle fout encore avec moi. je sais qu'elle ne me quittera jamais, je ne comprends juste pas pourquoi.

ONE SHOTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant