NDA: ce OS se porte sur deux personnages de mon histoire "risibles amours" (nekfeu) disponible sur mon profil :) ces événements n'ont pas été évoqués dans l'histoire, c'est à vous de choisir de lire ou non!
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SEPTEMBRE 2020
Je fixe mon téléphone qui est en train de sonner depuis un quart d'heure, sans aucune envie ni motivation de décrocher. Je joue nerveusement avec le bracelet qui pend autour de mon poignet, il est un peu trop grand. Malheureusement, je ne pourrai jamais aller le faire échanger. Clém n'a pas eu le temps de me dire où il l'avait acheté, avant de mourir. Il y a tant de choses qu'il n'a pas eu le temps de faire avant de mourir. Il n'a pas pu se marier ou avoir des enfants. Il n'a pas pu voir son album sortir et tout déchirer. Son premier vrai succès, et le dernier. J'espère au moins qu'il fait du surf au paradis.
La porte de ma chambre s'ouvre brusquement, me sortant de ma rêverie. Pendant un instant, je me suis laissé rêver que Clém est mieux au paradis qu'il ne l'était ici. Que quelque chose de mieux l'attendait après cette vie. Malheureusement, celui qu'on surnomme le cramé a décidé de me faire revenir à la réalité. Peu de gens ont osé le faire, depuis le départ de Ken. La plupart ont fini par abandonner et m'ont laissée me morfondre seule chez moi, certains n'en avaient simplement rien à foutre. Ils pensaient que c'était ma faute qu'il soit parti.
— Luna, tu dois apprendre à répondre à ton téléphone! gueule l'algérien. — Désolée, je marmonne. — Bon, on fait quoi aujourd'hui? il demande en s'affalant sur mon lit, sur moi.
Je couine de douleur parce qu'il reste un homme assez musclé et je sens chaque kilo de son poids m'écraser. Il me fait un câlin et il rigole avant de se mettre à côté de moi, plutôt.
— Je reste ici aujourd'hui.
Hakim est le seul qui pense à moi et qui fait de son mieux pour me faire sortir de chez moi, même quand je lui rends la tâche vraiment difficile.
— Allez ma grosse!
Je soupire et je sursaute quand il commence à me chatouiller. Je me replie contre moi-même pour me protéger mais ça ne marche pas. Je hurle quand il vient me pincer les hanches. J'ai mal au ventre à force de rire.
— Arrête! — Que si t'acceptes de sortir! — Ok, ok! Je viens!
Il arrête ses chatouilles et je prends un moment pour reprendre ma respiration. Je profite d'un instant d'inattention de la part du grand brun pour commencer à le chatouiller à mon tour. Il grogne et il se débat du mieux qu'il peut. Il finit par attraper mes deux poignets avec une main et il les maintient au-dessus de ma tête.
Ça doit sûrement être le fait que je n'ai pas baisé depuis plus de 6 mois, mais je me bats contre l'envie de l'embrasser. Il doit le sentir puisqu'il me lâche et il se redresse brusquement en quittant la pièce.
— Dépêche-toi Luna! Je t'attends dans le salon.
Je me mords la lèvre, morte de honte. Je fais n'importe quoi, je peux pas merder autant. Quand Ken reviendra, comme il me l'a promis, je peux pas lui dire que j'ai couché avec Hakim en son absence. Il serait déçu que j'aie utilisé ce temps "pour guérir" de cette manière, pendant qu'il est sûrement en train de suivre une thérapie au Japon.
Je me change rapidement et je rejoins mon pote dans mon salon, il est en train de tourner en rond dans la pièce. Quand il m'entend arriver, il se retourne et il soupire avant de s'avancer vers moi.
— Ça va, Hak's? — Refais plus jamais ça, d'accord? — Faire quoi? — Regarde moi plus jamais comme tu l'as fait tout à l'heure, OK? Je suis pas ici pour trahir mon frère de la sorte.
Je sens mon estomac se retourner. Dans un sens, on l'a déjà trahi. Je pensais que c'était juste moi qui avait ces pensées, mais apparemment ce n'est pas le cas.
— On y va?
⁂
Je place le joint entre mes lèvres et je tire dessus en fermant les yeux. La voix de Ash Kidd résonne dans la pièce et me transporte sur un nuage. Jasmine m'envierait, depuis son tapis volant.
— Lou, faut que t'arrêtes cette merde.
La douce voix de Hakim me ramène à la réalité. Il a cette manière de prendre une voix douce quand il veut sermonner quelqu'un. Comme un daron qui voudrait te donner des leçons de vie.
— Faut que t'arrêtes de penser que t'es mon père. — Et toi faut que t'arrêtes de repousser tous les gens qui veulent prendre soin de toi. Depuis qu'il est parti, on dirait que ton objectif est de te détruire. Apprends à vivre pour toi-même.
Ses mots me percutent comme un camion sur l'autoroute. Je ricane et je change de chanson, laissant la voix de N.O.S remplir la pièce à présent.
L'algérien soupire face à mon semblant d'indifférence et il vient s'assoir à côté de moi sur le canapé. Ses bras viennent entourer mes épaules et il me tire contre lui. Je pose ma tête sur son torse et je lui tends le joint.
— Je dis ça pour ton bien Lou. Si tu t'accroches uniquement à son retour, tu pourrais tomber des nues. Guéris d'abord ton cœur et fais ton deuil, puis vous pourrez reprendre votre histoire sainement plus tard.
Je lui souris et je l'observe tirer sur le joint à son tour. Il recrache la fumée et il écrase le mégot dans le cendrier, passant sa langue sur sa lèvre inférieure. Nos regards se croisent et je réalise que je suis sur le point de commettre une erreur.
