Chapitre 6

681 51 71
                                        




Si on avait demandé à Yeonjun s'il aimait faire du sport, il aurait répondu que oui, il adorait ça.

Il ne serait pas en train de parler du golf.

C'est pourquoi, quand monsieur Choi avait commandé ses services pour une sortie sportive en famille et qu'il était sorti de la voiture pour voir des collines vertes de gazon, il s'était senti profondément trahi. Son humeur n'était pas aidée par la météo, son application lui ayant promis une tempête sur le chemin du retour. Il n'aimait pas conduire par temps de pluie.

Soobin n'était pas non plus très enthousiaste, tendu et cassant avant même de monter dans la voiture. Les gardes personnels de monsieur Choi se lançaient parfois des regards entendus, et Yeonjun ne pouvait qu'en déduire qu'une dispute avait eu lieu avant son arrivée. Quelle qu'en soit la raison, Soobin l'évitait délibérément, et il n'avait même plus cette distraction pour l'aider à tuer le temps. Il était condamné à regarder le gazon pendant plusieurs heures.

Monsieur Choi avait loué une petite voiture de golf, blanche et propre, pour se déplacer sur le terrain. Il n'y avait pas assez de place pour tout le monde, alors Yeonjun s'accrochait à l'arrière comme les gros sacs contenant leur matériel, et au moins ça lui offrait un peu de distraction. Ils allaient de colline en vallée, attendant dans un silence tendu que la petite boule blanche finisse dans le trou avant de passer au prochain. Soobin jouait mieux que son père, et d'une façon ou d'une autre ça semblait être un point important de leur désaccord. Soobin finissait avant lui, il le défiait du regard de dire quelque chose, et son père se plaignait du vent se levant ou de son épaule douloureuse.

Ce cirque continua pendant quelques trous, jusqu'à ce que Soobin réussisse un trou en un coup que Yeonjun trouvait honnêtement très impressionnant. À peine la balle disparue au loin, il se retourna vers son père, mâchoire serrée, lui parlant pour la première fois depuis leur arrivée.

« Ah, encore un coup de chance. J'ai tellement négligé mon entraînement, ça ne peut être que ça, dit-il, et Yeonjun sentit la température baisser de quelques degrés. Certainement tu peux faire mieux que moi avec tes années de pratique ?

– C'est ces gens à l'accueil, j'avais dit qu'ils m'ont donné un mauvais club, il n'y a que le putter qui ne sabote pas tous mes tirs, répliqua-t-il, défensif. Je vais aller les échanger, et ils vont m'entendre ça tu peux le croire ! »

Toujours en train de se plaindre du matériel, l'ambassadeur remonta dans la voiturette avec ses gardes du corps pour retourner à l'entrée du parc. Soobin regarda son père partir, articulations blanchies sur le manche de son club. Une fois hors de portée de voix, il se retourna vers Yeonjun, le regardant pour la première fois, ses yeux plissés dans une colère à peine contenue. Puis il soupira, ferma les yeux, roula la tête sur ses épaules pour se décontracter la nuque, et le regarda à nouveau, cette fois sans donner l'impression qu'il voulait agresser la première chose qui bouge.

« Désolé pour ça. Tu ne dois pas vraiment t'amuser.

– Je fais juste mon travail, je ne suis pas supposé m'amuser.

– Bien sûr. »

Il regarda à nouveau vers son père, une tâche blanche passant derrière une colline.

« Tu sais jouer ?

– Non.

– Tu veux essayer ?

– Non.

Bien sûr. »

Il tapota le gazon avec son club, les sourcils froncés.

« Vingt euros pour que tu essayes de tirer.

– Pardon ?

– J'ai l'argent sur moi. Si tu prends ce club, et que tu essayes sincèrement de viser le trou quand tu tapes dans la balle, je te donne vingt euros. »

Let It All GoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant