Chapitre 22

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La scène réapparaissait lentement devant les yeux floutés de Yeonjun. La lumière diffuse du soleil de midi éclairait sa chambre à travers les rideaux, et, sur son bras qu'il ne sentait plus, Soobin s'écartait de son torse, réveillé comme lui par les frappements à la porte. Il cligna des paupières pour chasser la fatigue de sa vision, regardant la tête blonde sous lui se secouer dans le même but. Ils n'avaient pas dormi tant que ça, entre l'un qui se réveillait de douleur par intermittence et l'autre qui sursautait en sortant de cauchemars. Le souvenir de leur nuit était confus, des fragments de conscience constitués de murmures rassurants et de tentatives de masquer leurs visages du soleil levé trop vite.

Les frappements à la porte reprirent de plus belle, cette fois accompagnés par la voix de Taehyun.

« Yeonjun, ton infirmier est là, dit-il avec un soupir las. Ne me laisse pas porter le matériel à bout de bras. Ouvre. »

Soobin se redressa, repoussant la couverture dans son geste, et ce n'est qu'en voyant son torse nu que la conscience de Yeonjun le rattrapa. Ignorant la douleur dans son bras engourdi où la circulation repartait, il l'admira passer une main dans ses cheveux, l'air hagard. C'était ce à quoi il ressemblait au réveil. C'était ce qui se passait, quand il ne partait pas après le secret de la nuit et que le matin les attendait. Il voulait le tirer à nouveau vers lui, le caresser, le garder précieusement dans ses bras pour profiter de sa vulnérabilité. Avant qu'il puisse bouger, Soobin tituba hors du lit et enfila hasardeusement certains vêtements abandonnés au sol avant d'ouvrir la porte.

« C'est pas trop tôt », râla Taehyun en refermant derrière lui, ignorant un Soobin perdu pour se décharger sur le lit.

Il accrochait une nouvelle poche transparente sur le portemanteau alors que Soobin se frottait les yeux avec un grognement, Yeonjun complètement déstabilisé par la vitesse des événements.

« Bonjour ? » décida-t-il de dire.

Taehyun le regarda comme s'il était surpris qu'il soit réveillé, ou qu'on lui ait rappelé des règles basiques de politesse.

« Oh. Bonjour. Rien d'inhabituel à signaler ?

- Il y avait deux fois plus de gens dans mon lit que d'habitude. »

Soobin pouffa, Taehyun roula des yeux. Il avait atteint son public cible. À nouveau branché à l'intraveineuse, il se relaxa.

« Hilarant. Soobin, ton père est passé devant ta chambre pour essayer de te parler ce matin. Il n'a pas eu de réponse donc il pensait que tu le snobais, mais Kai est allé lui dire qu'on t'a maintenu réveillé très tard. Fais attention en sortant qu'il n'y ait personne dans les couloirs. Ce serait dur d'expliquer pourquoi tu sors de la mauvaise chambre. »

Soobin huma, son sourire fondant comme neige au soleil. Sa parenthèse d'insouciance, durement gagnée, s'arrêtait là.

« Lève-toi, monsieur muscle. J'ai besoin de pouvoir changer tes pansements. »

Son petit ami – est-ce que c'était bien le bon terme ? Le concept lui semblait si étranger – retourna sur le lit pour l'aider à se redresser, sa prise sur son corps ferme mais précautionneuse. Son soignant s'appliqua à lui enlever les bandages tâchés, et pour la première fois, Yeonjun s'autorisa à regarder l'état de la plaie. Sang et hématomes mis à part, l'impact sur son bras faisait la taille d'une pièce de deux euros, la peau proprement tendue par une rangée régulière de points de suture. Il eut à peine le temps de le regarder avant qu'il ne le nettoie des deux côtés et pose de nouvelles appliques, passant au second point d'intérêt, une longue estafilade lui coupant le flanc. Là encore, il avait été joliment recousu. Il pouvait déjà imaginer la cicatrice qui serait là dans quelques mois, droite et régulière.

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