Chapitre 13

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Comme Soobin l'avait prévenu, Yeonjun ne parvint pas à trouver le sommeil facilement. Malgré les étoiles à la fenêtre, il avait l'impression d'être en début d'après-midi, et même une sieste lui semblait irréaliste. Abandonnant l'idée de dormir, il enfila un short par-dessus le caleçon qu'il portait comme pyjama, et décida qu'il allait brûler les calories du barbecue où il avait peut-être eu les yeux plus gros que le ventre.

La maison, silencieuse, était baignée dans la lumière bleutée de la lune. Après l'avoir vue si dorée et chaleureuse, le contraste d'ambiance était surprenant. Il sortit du bâtiment, la porte d'entrée déverrouillée, et l'agent de sécurité en lui grinça des dents ; mais ils étaient au milieu de nulle part, et il pouvait reconnaître que ce n'était pas un vrai risque. Dehors, il pouvait y voir clairement, le ciel dénué de pollution lumineuse éclairant la plage d'une façon qu'il n'aurait pas cru possible. Il s'y avança, le sable encore chaud crissant sous ses pieds nus, les vagues s'écrasant à quelques mètres de lui avec moins d'intensité que pendant la journée comme pour respecter cette atmosphère élégante. L'air, plus frais sans être froid, était porté par le vent marin qui faisait voler ses cheveux.

Il se tourna dans le sens du vent, et se mit à courir le long de la berge, remontant l'intérieur du croissant de l'île. Il préférait faire son jogging le matin, mais dans ce cadre, il n'allait pas faire la fine bouche. Ses pas étaient plus difficiles que d'habitude, ralentis par le sable, et il en profitait pour découvrir l'île. Il y avait surtout des fougères et des palmiers, leurs grandes feuilles se balançant au gré du vent. Après être remonté jusqu'à la pointe, il passa derrière la grande formation rocheuse séparant l'île, découvrant un paysage plus rocailleux avec beaucoup moins de plage, les vagues arrivant parfois jusqu'au pied de la falaise. Le sable saturé d'eau était plus ferme sous ses pieds, lui permettant d'accélérer le rythme, et il ne prit pas beaucoup de temps pour regarder ce qui semblait être un poste d'observation accessible par un escalier creusé dans la pierre. Ses pas le ramenèrent vers la végétation, où il reconnût l'endroit où ils avaient mangé ensemble, suivi de transats encore pliés et d'une petite cabane couverte de panneaux de danger électrique. Et enfin, il rejoignit l'autre pointe, puis ferma la boucle.

Ce n'était pas un parcours négligeable, surtout considérant la nature du sol, mais il ne s'arrêta pas, préférant refaire un tour. Ses jambes tiraient, sa respiration devenait plus lourde, mais ça lui faisait du bien de pouvoir se dépenser, et surtout pouvoir canaliser le stress qu'il avait accumulé à cause de ce voyage. La sueur coulant dans le creux de son dos, il repassa au pied de la falaise, le battement de son cœur dans ses oreilles se mélangeant aux sons de l'océan à ses côtés. Dans ces moments, il pouvait se concentrer sur son corps, sur sa détermination, et tout le reste s'effaçait. Peut-être qu'après ça, il pourrait faire un rien de musculation, et il était certain de pouvoir s'endormir. Ses pas, de plus en plus laborieux tout comme sa respiration, le ramenèrent une fois de plus à son point de départ, à la différence qu'une silhouette était à présent assise sur le sable.

« Soobin ? » dit-il, trottinant jusqu'à lui.

Le jeune homme se releva maladroitement, son cardigan trop grand pour lui tombant un peu de son épaule.

« Oh, je ne pensais pas que tu serais là si tard, tu avais l'air fatigué tout à l'heure... »

Yeonjun passa une main dans ses cheveux pour mieux y voir avec ses mèches collées sur son front, toujours essoufflé. Ça faisait un moment qu'il était dehors, Soobin avait dû essayer longtemps de dormir.

« Et toi ? Il est tard. »

Soobin marmonna qu'il n'arrivait pas à fermer l'œil, et presque par réflexe, Yeonjun rajusta son cardigan par-dessus son épaule. Sa voix mourut, ses doigts restèrent trop longtemps sur le tissu. Il faisait nuit, et la nuit les règles étaient différentes. Au milieu du bien-être qu'avait créé son sport, quelque chose se noua en bas de son ventre - de l'appréhension, de l'impatience, de l'espoir, de la peur.

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