Let It All Go

Chapitre 7

Yeonjun était chez lui. La porte était trop grande, les chaises de la salle à manger trop hautes, les escaliers trop gros. Mais c'était normal, parce qu'il était petit, et plus tard il serait grand, tout serait à sa taille. Quelque chose lui disait qu'il avait déjà été grand, mais ça devait être un rêve.

Il était chez lui, et sa sœur était avec lui, en train de jouer à la poupée à ses côtés sur le tapis. Elle était encore plus petite que lui, et ses cheveux noirs étaient courts, ce qui était bizarre parce qu'il était presque sûr qu'ils étaient longs la dernière fois. Peut-être qu'elle les avait coupés.

« Non, tu peux pas dire qu'elle est partie avant, parce que on a dit que c'était après. »

Yeonjun fit la moue, frustré. Elle ne voulait jamais jouer correctement avec lui. Il avait la voiture, alors c'était lui qui décidait de quand la voiture partirait.

« Non, c'est moi qui choisis et j'ai dit qu'elle est partie, arrête de faire n'importe quoi, ordonna-t-il en tirant sur la poupée.

– Non !! C'est ma poupée c'est moi qui décide !!

– C'est moi la voiture et je dis qu'elle est partie !! »

Sa sœur cria, le son aigu lui vrillant les oreilles, et Yeonjun sentit sa colère monter, mais un autre son prit rapidement le dessus. Un grondement, un cri, quelque chose qui éveillait une peur primale en lui et qui venait de l'étage. Il lâcha la poupée comme si elle l'avait brûlé, le cœur battant.

« Je suis désolé, je suis désolé, ne pleure pas », supplia-t-il en vain.

De grands battements retentirent dans l'escalier, faisant craquer le bois. Dans son torse, faisant vibrer ses os. Toujours plus proches. Paniqué, il attrapa le bras de sa sœur qui s'époumonait toujours, la tirant pour qu'elle se lève.

« Viens, il faut y aller, suis-moi », répétait-il, le danger lui broyant le ventre. « Il faut y aller !! »

Une ombre apparut à l'entrée de la pièce, s'infiltrant partout, menaçant de les atteindre. Sa sœur, réalisant enfin sa présence, cria encore plus fort, provoquant un nouveau hurlement assourdissant en réponse. Au moins elle était debout, et Yeonjun la tira derrière lui, courant à travers les couloirs. Il devait atteindre le garage, où ils pourraient ramper sous les étagères et être hors de portée. Mais il courait, courait, et il se trompait de porte, et le couloir ne devait pas être aussi long, et l'ombre gagnait du terrain, et sa sœur n'arrêtait pas de crier et une main s'agrippa sur son épaule-

Il ouvrit les yeux. Quelqu'un était penché sur lui, une main sur son épaule.

Yeonjun lui prit le poignet, retourna son bras dans son dos et le plaqua au sol, son genou appuyant sur sa colonne vertébrale. Le cri qu'il entendit en réponse était trop aigu, cependant.

Un éclair illumina la pièce, révélant le jeune homme torse nu sous lui. Soobin. Soobin, l'hôtel, le sofa. La lucidité le frappant presque aussi fort qu'il avait jeté Soobin au sol, il se retira, tremblant.

« Désolé, pardon, est-ce que ça va ? Je t'ai fait mal ? Je suis si désolé, balbutia-t-il, le supportant pour se redresser.

– Ça va, ça va, grogna-t-il en se relevant. Rien de cassé.

– Je suis si désolé, je voulais pas, je-

– C'était juste un cauchemar, dit-il doucement, le guidant à son tour pour qu'il se rassoie. Essaye de respirer. »

Yeonjun réalisa qu'effectivement, il était en train d'hyperventiler. Il était couvert de sueur, tremblant, et quand le tonnerre arriva après son délai, il sursauta, à cran. Il n'avait même pas peur de l'orage en temps normal. Il tenta de calmer sa respiration, mais ses poumons refusaient de coopérer, et malgré tout son rationnel, il continuait de vérifier la porte d'entrée plongée dans l'obscurité. Comme si quelqu'un allait essayer de rentrer.