Chapitre 10

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S'il n'imaginait pas la demeure des Choi si modeste, la salle de réception était aussi tape-à-l'œil qu'il l'attendait. La pièce était absurdement grande, avec un plafond absurdement haut et un chandelier absurdement massif. Les gens discutant au centre de la pièce, tout comme les lieux, présentaient leur statut, tissus chatoyants et cristaux luisants. Ils étaient à leur place, dans la lumière dorée, et Yeonjun était à la sienne, à l'ombre du balcon à l'étage, tenant compagnie à un autre agent de sécurité derrière une table basse de petits fours.

« Et du coup, tu la recommanderais ton école ? demandait-elle, aussi ennuyée que le reste de l'équipe.

– Probablement, répondit Yeonjun sans la regarder. Les profs étaient bien, mais l'infrastructure posait régulièrement problème. Ça se trouve dans quelques années les choses ne seront plus du tout pareilles. Au moins ils prenaient les inscriptions sur dossier, donc les étudiants étaient sérieux.

– J'ai un cousin qui veut entrer dans le métier, mais je peux pas lui dire d'aller là où j'ai été, c'était une gigantesque arnaque. Je sais pas trop quoi lui dire.

– J'ai entendu dire que les écoles dans le nord étaient bonnes.

– Moi aussi, mais j'aimerais avoir quelqu'un qui y est allé pour me le confirmer... »

Yeonjun regardait paresseusement Soobin et son père faire leur chemin dans la pièce, valsant de personnalité en personnalité, le même schéma se répétant si souvent qu'il pouvait presque lire leur dialogue sur leurs lèvres en temps réel. Bonjour, comment allez-vous, ça faisait si longtemps. Échange de plaisanteries. Monsieur Choi mettait une main sur le dos de son fils, grand sourire. Vous savez, mon fils est sur le point de décrocher son master de physique quantique. Sourire gêné de Soobin, oh, ce n'est pas si impressionnant que ça. Tapotement de la main sur son dos, mais si, ne sois pas si modeste. Et vous, comment va votre fils/fille. Concours d'ego par proxy. Rires polis pour conclure le sujet. Et sinon, que pensez-vous de telle situation politique. C'était à peu près le moment où Soobin tournait la tête et croisait son regard, cette seconde de contact durant un peu plus longtemps que les secondes normales, et il retournait participer au dialogue.

Cette fois, la femme à ses côtés le remarqua. Un peu inévitable, vu le nombre de fois où c'était arrivé depuis leur arrivée.

« C'est le tien ? Le blondinet avec le maire? demanda-t-elle, plus pour tuer le temps que par vraie curiosité.

– Oui.

– Il est drôlement grand. J'aimerais pas avoir quelqu'un de plus grand que moi à surveiller, ça rend ridicule sur les photos.

– On fait plus ou moins la même taille...

– Tout le monde ne peut pas naître avec un corps comme le tien, soupira-t-elle. Il est difficile ? »

Yeonjun grimaça. Oui, il l'était, mais pas pour les raisons communes. La garde gloussa.

« Ah, c'est toujours ceux qui ont l'air d'anges qui nous rendent la vie dure, hein ? Le mien s'est enfui en moto pendant que je récupérais son café l'autre jour. C'est un ado, il se croit invincible.

– Comment ça s'est fini ?

– J'ai infiltré son téléphone et trouvé où il comptait passer la nuit avec sa petite amie, et du coup j'y suis juste allée avant lui et je l'ai attendu là. On fait comme on peut, hein. »

Il voulait dire à quel point il était désolé pour elle, mais aussi, il était un peu envieux. Une course poursuite, il pouvait gérer. Se faire offrir des bijoux, ce n'était pas dans son curriculum.

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