Let It All Go

Chapitre 8

Yeonjun n'était pas à l'aise en politique. Il était familier avec le danger physique, pas verbal, et naviguer une soirée mondaine en étant un invité au lieu d'un employé lui semblait être un cauchemar. Soobin, lui, avait au contraire l'air presque excité de la situation alors qu'il l'accompagnait au coiffeur pour se préparer à l'événement. Peut-être que c'était simplement un changement dans sa routine qui le rendait heureux, peut-être que c'était autre chose. Il n'allait pas extrapoler.

« Tu vas rester avec moi toute la soirée ? demanda-t-il, assis sur la chaise du coiffeur de luxe avec la cape noire constellée de cheveux coupés sur ses épaules.

– Pas toute. Je serai avec vous pour les trajets et l'arrivée, et après je resterai sur les bords de la pièce avec le reste de la sécurité. Théoriquement, tu pourras circuler librement dans le bâtiment, comme l'organisateur est responsable de la sécurité, donc tu ne seras pas obligé de me demander de t'accompagner. Ensuite, je te déposerai à l'hôtel et j'irai prendre mes propres accommodations.

– Et si par exemple je veux aller dans les jardins, et qu'il fait nuit dehors ? Je pourrais y aller tout seul, ou j'aurais besoin de toi ?

– Comme c'est un espace moins surveillé, je dois recommander ma présence. Cependant, le gala de charité se passe à l'intérieur, pas dans les jardins. Tu n'aurais pas de raison de sortir. »

Soobin huma, ignorant clairement sa dernière phrase. Ce qui devait être des heures supplémentaires faciles promettait de devenir une épreuve. Mais pour le moment, il avait l'air heureux, regardant dans le miroir sa nouvelle coupe laquée qui dégageait pour une fois son front. Le coiffeur demandait la moitié de son loyer en payement, mais la famille Choi semblait satisfaite de ses services, le père venant de sortir du salon et attendant dans la voiture de luxe rouge en face de la vitrine.

C'était un miracle qu'il ne soit pas déjà devenu suspicieux du comportement de Yeonjun. Ou plutôt qu'un miracle, une preuve que Soobin savait qu'il ne fallait pas donner d'informations superflues concernant leur relation. La seule fois où il avait eu peur s'était passée quelques jours auparavant, quand il l'avait attendu à son arrivée, et lui avait demandé si le retard de Soobin ce fameux jour au parc était vraiment dû à la pression de ses études. Yeonjun avait soutenu son regard inquisiteur, et assuré que oui, il avait eu un résultat décevant pendant la journée, et avait évacué du stress avant de partir. Monsieur Choi avait examiné son visage, cherchant un signe de mensonge, avant de décider qu'il était honnête et lui dire en souriant qu'il devait aimer les dépassements d'honoraires. Yeonjun avait poliment souri en retour, avec un rire vide, et s'était accordé quelques minutes après son départ pour calmer ses palpitations.

Plus que la perspective de la soirée, c'était celle du trajet qui le rendait anxieux. Ils allaient prendre le même train pour aller au gala de charité, et s'il était habitué à passer du temps avec Soobin en privé et à distance, il ne savait pas ce qui pouvait se passer avec son père dans l'équation. Comment allait se comporter Soobin ? Il prenait toujours soin de ne pas être trop amical devant lui, mais c'était sur de courtes durées, et il en fallait si peu pour qu'une interaction devienne un faux pas. C'était si dur de camoufler ce qui n'était qu'une bonne entente.

Ce serait tellement plus dur si c'était plus que ça.

Sur le trajet de retour, Yeonjun était écrasé sur la plage arrière entre les deux gardes du corps de son patron. Monsieur Choi aimait beaucoup sa voiture, et profitait de ce genre de sortie pour la conduire, son fils à l'avant avec lui. Il parlait de la soirée, de ses contacts, des plans qu'il avait. Soobin se montrait curieux et intéressé, mais il n'était pas aussi détendu qu'avec lui. Une sorte de tension latente, son dos un peu trop droit, son rire un peu trop court. Yeonjun se força à se concentrer sur autre chose. Il n'avait pas à analyser ce genre de détail. Ça ne le regardait pas.