Let It All Go

Chapitre 1

Cover art by KUKIHIME !! ✨

Yeonjun s'avança dans l'allée bordée d'arbres, ses bottes noires crissant contre le gravier pavant son chemin. La résidence était grande, mais pas autant qu'il l'aurait pensé pour un ambassadeur. Le bâtiment au centre du jardin avait l'air assez vieux pour avoir une histoire, assez récent pour ne pas faire tâche au milieu des voisins. Les seuls indicateurs d'un statut plus que moyen étaient la plaque informative à côté du portail en fer forgé, et une voiture de luxe en biais devant le garage. En arrivant à son niveau, il regarda son reflet dans la carrosserie rouge, rectifiant un pli de son costume et recoiffant rapidement ses cheveux noirs. Il voulait faire une bonne première impression, après tout.

Il monta les quelques marches menant à la porte d'entrée, rajusta ses gants en cuir noir, et frappa à la porte, le dos droit. Après quelques secondes, une jeune femme lui ouvrit avec un sourire.

« Bonjour, je suis le nouvel employé, Yeonjun. Monsieur Choi a demandé ma présence aujourd'hui. »

Son sourire s'élargit à son nom malgré son ton plat, et elle l'invita à entrer, l'informant qu'elle allait le prévenir de sa venue. Yeonjun se planta dans l'entrée, attendant que son patron le rejoigne. Il avait eu beaucoup de chance d'avoir ce poste. Certes, il avait réussi ses études de sécurité avec brio, maîtrisait plusieurs arts martiaux, avait un droit de port d'armes et des dizaines de lettres de recommandations dans son dossier, mais il y avait tout simplement plus de gens voulant être garde du corps que de gens pouvant en embaucher, et une première expérience était dure à obtenir. Alors quand son entretien avec l'ambassadeur s'était soldé par une offre d'emploi, il avait immédiatement signé. Ce genre d'opportunité ne se présentait pas deux fois, et il était parfaitement conscient d'à quel point il était remplaçable, ne serait-ce que par les quinze autres candidats avec qui il avait patienté ce jour-là.

Monsieur Choi apparut dans le couloir, ouvrant grand ses bras avec un sourire avenant. Ses cheveux poivre sel étaient soigneusement peignés, ses lèvres poussaient des rides sur ses joues, et sa tenue professionnelle entourait sa silhouette fine. Il avait l'air sincère, mais Yeonjun savait voir le professionnalisme travaillé de ses gestes.

« Yeonjun ! Quel plaisir de vous revoir ! Venez, je vous en prie, suivez-moi. Vous avez trouvé l'adresse facilement ?

– Bonjour. Oui, c'était très bien indiqué, sourit-il poliment, le suivant sans question.

– Tant mieux, tant mieux. Après les présentations, je vous transmettrai vos horaires fixes, comme convenu. Naturellement nous aurons parfois des besoins plus flexibles, mais ma secrétaire devrait tout vous transmettre en temps et en heure. J'ai aussi fait commander votre oreillette, elle arrivera dans le courant de la semaine.

– Entendu. Merci. »

La maison était également plus petite qu'il ne l'aurait pensé, mais les tableaux au mur étaient des vrais, le tapis coûtait probablement plus cher que son loyer, et le parquet était récemment lustré. Tant de signes discrets de leurs fonds financiers, sa propre présence inclue. Son hôte frappa brièvement à une porte, avant de l'ouvrir et le mener dans un salon blanc bardé d'une baie vitrée et aux meubles modernes. À l'intérieur, un jeune homme attablé devant un ordinateur portable regarda vers eux, et, remarquant la figure inconnue derrière le maître de maison, se leva précipitamment pour le saluer.

Il était grand, plus grand que lui, avec des cheveux blonds et un visage doux. Ses vêtements étaient neutres, dans des tons gris et marron, mais confortables et élégants. Ce style mature contrastait avec son air un peu naïf, sa bouche entrouverte par la surprise et ses yeux l'examinant comme il était en train de lui faire. À bien y réfléchir, sa sœur regardait une série où le personnage secondaire qui servait de troisième pointe au triangle amoureux lui ressemblait un peu.

« Soobin, ton garde du corps est arrivé, annonça son père en tendant le bras vers l'invité. Je sais que ça va prendre un certain temps d'adaptation, mais vu la situation actuelle, j'ai confiance que tu apprécieras la sécurité que ça apporte.

– Bonjour, dit Yeonjun en s'inclinant. Je m'appelle Yeonjun. À votre service. »

Lentement, un sourire se répandit sur le visage de Soobin, et au lieu de lui répondre de loin, il s'avança pour lui tendre la main.

« Hey ! Je dois avouer, j'avais vraiment peur que je me retrouve toujours accompagné d'un vieux monsieur, ça m'aurait mis vraiment mal à l'aise... mais tu as l'air d'avoir à peu près mon âge ? Ça veut dire qu'on pourrait être amis ! Ne me vouvoie pas, ça fait bizarre. »

Yeonjun serra sa main tendue, ses longs doigts se fermant sur son gant, et il réalisa trois choses en même temps. Premièrement, Soobin rougissait et souriait un peu trop. C'était discret, mais un œil observateur pouvait le remarquer, et Yeonjun était un très bon observateur. Deuxièmement, ces mêmes talents d'observation lui permettaient dans sa vision périphérique de voir monsieur Choi se raidir devant cette action. Il n'approuvait pas de leur comportement de camaraderie, et ne le cachait pas. Troisièmement, si ça avait été dans un autre cadre, il aurait demandé son numéro au jeune homme. Son expression avait quelque chose de si sincère, si chaleureux, qu'il se sentait attiré par son aura radieuse comme un papillon de nuit à la lune.

Il décida donc, à cet instant, que pour garder son travail il allait devoir être intransigeant avec lui-même. Étouffer une étincelle était bien plus facile que vaincre des flammes.

Il retira sa main, un peu brusquement, et le sourire de Soobin, comme ses émotions, s'éteignirent. Monsieur Choi se relaxa.

« Enfin, Soobin, c'est un professionnel, ne le met pas dans l'embarras comme ça ! Il n'est pas là pour te tenir compagnie, je le paye pour te garder en sécurité. Il est peut-être jeune, mais je te prie de le traiter avec respect comme un collègue. »

Soobin regarda son père, puis chercha dans les yeux de Yeonjun une confirmation, une réponse, quelque chose. Avec son meilleur visage d'agent de sécurité impassible, Yeonjun était un mur, et les expressions sur le visage en face de lui changèrent discrètement. Confusion. Frustration. Tristesse. Détermination.

« Je te demande pardon, dit-il finalement. Je ne voulais pas partir sur de mauvaises bases.

– Il n'y a pas de mal », répondit simplement Yeonjun.

L'ambiance était beaucoup moins confortable, mais son patron avait l'air satisfait. Bien. Il ne pouvait vraiment pas se permettre de perdre son premier travail pour promiscuité.

Il avait trop fait d'efforts pour les gâcher comme ça.

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Merci de me lire ! Cette fiction est déjà complètement écrite, je posterai les chapitres régulièrement ✨