Chapitre 18

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Yeonjun n'avait pas vu Soobin depuis une semaine. C'était une durée normale pour ne pas voir quelqu'un, et il n'était pas de type dépendant. C'est pourquoi il était aussi confus d'à quel point ça lui manquait de l'accompagner en cours chaque jour. Peut-être que c'était avoir pris l'habitude au cours des derniers mois, peut-être que c'était le timing avec leur dernière discussion dans la grande roue qui le rendait plus sensible. Dans tous les cas, Soobin ne sortait plus, ce qui rendait sa présence inutile, ce qui le laissait tourner en rond dans son appartement jour après jour.

Ils parlaient par messages, bien sûr. C'était ainsi qu'après son rendez-vous le soir de l'incident, Yeonjun avait appris que Monsieur Choi avait décidé de le garder au domicile par sécurité pendant un certain temps. Il était un peu amer, mais il devait reconnaître que c'était la meilleure des initiatives au vu des circonstances. Leur stalker n'était pas un incident isolé, d'autres embassadeurs signalant également des incidents similaires autour du monde. Une alerte officielle avait été donnée à l'ensemble de leur délégation, et les tensions internationales s'étaient un peu plus aggravées. Les médias en parlaient presque quotidiennement, laissant planer une atmosphère anxiogène.

Pour se distraire de tout ça, parfois, Soobin l'appelait, et voir son sourire, même si ce n'était que quelques pixels sur son téléphone, calmait aussi Yeonjun. C'est avec une certaine impatience qu'il décrocha une fois de plus, son petit appartement éclairé par le soleil couchant à travers la fente de ses volets. Il s'était senti anxieux pendant la journée, et quand son exercice physique et ses tentatives de méditation ont échoué, il en avait été réduit à se réfugier dans des fantaisies où des bras l'entouraient. C'était un peu pitoyable, mais il n'avait plus à y penser à présent.

« Hey, fit-il en orientant son écran dans un angle plus flatteur, se laissant tomber sur son canapé usé.

– Hey ! Désolé de te prendre de court comme ça, s'exclama Soobin, jeté sur son lit. Mais j'ai une grande nouvelle et je dois le partager !

– Oh ?

– Ils m'ont répondu, je peux toujours participer à la représentation au théâtre même si j'ai loupé la répétition générale !

–... Celle de demain ? »

Yeonjun n'était pas aussi enthousiaste que Soobin, et il avait l'air de s'y être préparé.

« Je ne serai pas crédité, et tout le monde pense que je ne participe pas, donc personne ne saura que j'y vais ! Du moment que je m'y rends discrètement, ça ira. J'en suis sûr.

– Ton père n'accepterait jamais ça.

– Non. C'est pour ça que j'irai contre son gré. »

Il soupira, baissant le téléphone quelques secondes. C'était exactement ce qu'il avait passé la journée à craindre. Lui qui espérait être rassuré, il avait à la place une confirmation.

« Tu sais à quel point c'est important pour moi », fit la voix un peu grésillante de Soobin.

Yeonjun regarda à nouveau l'écran, trouvant l'entrain factice avec lequel il avait lancé la conversation remplacé par une moue coupable. C'était un piège, et il le savait. Il ne se sentait coupable que de le mettre de mauvaise humeur, pas de sa décision. Et il le connaissait assez bien pour savoir que débattre avec lui ne mènerait à rien ; il l'aimait, mais il pouvait être formidablement buté parfois.

« Je sais, céda-t-il. C'est juste une idée incroyablement stupide et dangereuse. Est-ce que tu vas quand même prévenir ton père de tes mouvements, ou tu comptes fuguer en plus de ça ?

– Je vais lui dire. Je veux que tu sois là, et s'il venait à apprendre que tu étais avec moi sans rien communiquer, tu vas avoir des problèmes.

– Merci au moins de penser à ma sécurité quand tu ignores la tienne.

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