Let It All Go

Chapitre 9

Les Choi avaient des moyens, mais pas au point de se payer des déplacements en jet privé. C'était un peu étrange, après les avoir vus si isolés tout ce temps, de les voir au milieu de tout le monde dans la gare locale. Certes, lui et les deux autres gardes du corps laissaient une bulle de vide autour d'eux, mais tout ce mouvement de foule mettait Yeonjun à cran. Ils avaient reçu un peu plus de menaces que d'habitude dernièrement, et contrairement aux aéroports, les gares n'offraient aucune sécurité. En observant la foule, il pouvait voir plusieurs passants fixer Soobin. Ce n'était pas surprenant. Il était habillé pour l'occasion, et particulièrement radieux avec sa coupe impeccable et son maquillage. Il comprenait. S'il pouvait, lui aussi l'admirerait.

Heureusement, rien d'inhabituel n'arriva, et ils embarquèrent dans le train à son arrivée, Yeonjun portant à la fois ses bagages, un sac à dos noir contenant ses essentiels, et ceux de Soobin, la valise allégée grâce à la suggestion judicieuse de son père. Il n'était encore jamais allé en première classe, et était un peu déçu de sa première expérience. Pas qu'il ait à se plaindre, se voir offrir une place ailleurs qu'en économique était déjà beaucoup, mais il aurait pensé qu'un peu plus de luxe serait disponible pour ce prix.

Il déposa la valise au-dessus d'un carré de quatre places, où le reste de son groupe passera le voyage, et s'installa lui-même derrière, seul à une double place. Il était soulagé par cet arrangement. Un angle de vue direct avec Soobin aurait été une source de stress absurde tout au long du trajet, et là, il pouvait simplement se relaxer. Par une chance absurde, une fois le train prêt à partir, personne ne s'était assis à côté de lui, et au vu de la voie directe, il allait être tranquille tout du long. Il s'installa dos à la vitre, pour avoir une bonne vue sur les environs, juste au cas où.

Sans y réfléchir, bercé par les tremblements du train en mouvement, il faisait tourner la chaîne en argent entre ses doigts. Elle était fine, de très bonne facture. Peut-être qu'il aurait dû la refuser, que c'était une erreur de le laisser l'attacher comme ça. Mais qu'est-ce qu'il était supposé faire ? Dire non ? Quand il le regardait comme ça, avec ce sourire gêné ? Qu'est-ce qu'il était supposé faire d'autre, piétiner des chiots ? Ce n'était pas un choix, c'était la seule bonne option.

Les éclats métalliques contrastaient sur le cuir noir de ses gants. C'était un cadeau. Un cadeau secret, pas même admis à voix haute entre eux. Une preuve physique qu'il avait laissé progresser les choses au point où c'était une possibilité. Pire, une réalité. Et il l'avait accepté de bon cœur. Clairement, son plan visant à éviter cette situation en premier lieu avait lamentablement échoué. Quelle était la prochaine étape, alors ? Faire régresser leur relation ? Mettre des limites claires pour ne pas que les choses deviennent pires ? Laisser aller, et faire de son mieux pour s'en sortir, quoi qu'il arrive ?

Une bonne demi-heure dans le trajet, Soobin se leva dans l'allée, et Yeonjun le suivit comme son ombre. Surpris, il secoua la main.

« Je vais juste aux toilettes, dit-il.

– Et moi je t'accompagne juste jusque là. »

Soobin n'était pas très convaincu, mais hocha la tête. Sans plus discuter, ils avancèrent dans les wagons, trouvant rapidement celui disposant de toilettes. Malheureusement, il y avait aussi un incident en cours juste devant. Un homme et une jeune femme criaient l'un sur l'autre, bloquant la route, le reste des voyageurs visiblement inconfortables. Yeonjun s'apprêta à s'avancer pour forcer le passage, mais Soobin intervint avant qu'il puisse.

« Elle a été très claire. Laissez-la tranquille », ordonna-t-il.

Yeonjun se sentit soupirer intérieurement. Ce voyage commençait si bien. Il se plaça derrière lui, faisant de son mieux pour avoir l'air intimidant, sale regard et menton levé. Le type, un homme à la veste Adidas trop courte et les chaussettes remontées sur le jogging, reporta toute son agressivité sur l'intrus. Yeonjun posa un pied sur le siège adjacent, trouvant des solutions dans le couloir exigu.