𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟏

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˚⊱ La frénésie et l'endurance d'une âme en proie à la destruction.⊰˚





IFE


10 Janvier 2008

Chaque matin, je me réveille sans aucune envie.

C'est affreux.

En réalité, affreux n'est même pas assez précis pour décrire ça . Il n'y a pas de mots pour exprimer correctement à quoi ça ressemble.

La colère, la tristesse, le désespoir et la confusion. Ils tentent tous de s'exprimer en même temps, cherchant à s'annuler mutuellement. Et tout ce qu'il me reste, c'est le vide. Un engourdissement que rien ne peut remplir.

Mes yeux, fatigués par l'insomnie, se dirigent lentement vers le miroir accroché au mur. Ce dernier me renvoie impitoyablement l'image de cette vérité douloureuse que je refuse obstinément d'accepter....... Je me détruis à vue d'œil.

Je suis en train de me perdre dans cette apathie qui me consume jour après jour.

Je me laisse mourir de faim, doucement mais sûrement, plongeant de plus en plus profondément dans les abysses de ma propre déchéance. Chaque jour qui s'écoule, je sens mon corps se dégrader un peu plus. La dernière fois que je me suis pesé, j'ai été frappé par la réalité brutale : moins de 50 kilos. Je suis devenu une ombre, une silhouette fragile, si maigre que le simple fait de me lever de mon lit me demande un effort considérable. Mes genoux saillent à travers ma peau, mes omoplates sont des montagnes décharnées qui percent ma chair.

Mais je ne peux blâmer personne car je suis seule responsable de cette situation. La nourriture s'est métamorphosée en mon pire ennemi. Le simple goût de ma salive me dégoûte, et même l'eau, pourtant si vitale, est devenue un défi insurmontable. Je ne bois plus par plaisir, mais par nécessité, uniquement lorsque ma survie est menacée, quand je sens mon âme s'échapper de mon être.

Mon corps subit les conséquences de mes choix, figé, dépourvu de toute émotion. Je lui inflige tant de souffrances qu'il m'est impossible de pleurer, car il utilise ces mêmes larmes pour me maintenir en vie.

Le réveil sur ma table de nuit sonne pour me rappeler qu'il est temps de partir. Je referme aussitôt mon journal et le glisse sous mes vêtements dans un tiroir.

Je remonte la fermeture éclair de mon jean, enfile la veste rouge AC Milan de mon père et mes baskets TN noires et rouges.

Aujourd'hui, c'est ma première sortie de l'année, et pas n'importe laquelle... J'espère qu'elle me permettra de prendre l'air, de retrouver un peu de vie, ne serait-ce que pour un instant...






𓍼



L'infirmière tape sur les touches de son ordinateur, faisant défiler les noms des patients de cet hôpital. En mâchouillant bruyamment son chewing-gum, pendant ce temps. J'aurais aimé pouvoir lui apporter quelque , mais ma tirelire vide m'a rappelé de manière catégorique que mes possibilités étaient malheureusement limitées.

—    Voilà ! S'exclame-t-elle en éclatant sa bulle tout en me tendant  un badge. Chambre 245 ! Vous ne pouvez pas rester plus d'une heure et les rapports sexuels sont interdits.

Je n'avais pas prévu de perdre ma virginité aujourd'hui, donc ça va de soi.

—    Merci .... mais vous ne m'accompagnez pas !

—    Pas besoin, vous ne courez aucun danger de ce côté de l'hôpital.

Je hoche la tête avant de quitter l'accueil pour m'enfoncer dans les couloirs étrangement silencieux. Je m'attendais à plus d'agitation, mais visiblement, ce n'était pas le cas.

CARELESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant