𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟔

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"Tout va mieux quand personne ne sait rien."





MARCUS.


Tic ... tac

La pendule à balancier qui oscille au-dessus de ma tête tourne inlassablement en boucle, égrenant les secondes avec une régularité presque hypnotique.

Le bruit des sphères de Newton s'entrechoquant dans cette pièce silencieuse devient de plus en plus intense, résonnant comme une cacophonie dérangeante. Le grattage de son crayon sur le calepin ajoute une couche de son agaçant à l'atmosphère.

— Es-tu enfin décidé à parler aujourd'hui ? me demande-t-il d'un ton calme, sans même lever les yeux vers moi.

Je voudrais sincèrement lui exprimer tout ce que j'ai sur le coeur, mais il ne me croira pas, personne ne me croira ... même moi, je ne me crois pas pourtant c'est la réalité !

— Tu ne paies pas 60$ de l'heure pour regarder le plafond. Essaye t'il de plaisanter. Nous en sommes quand même à notre 50ème rendez-vous depuis le début de l'année, et dans moins de deux mois, nous serons en 2006, mais rien n'a avancé. Je n'ai même pas dépassé la page 3.

— Pourtant vous écrivez à chaque séance. Dis je

— Tu veux savoir ce que j'écris ? Demande-t-il. C'est simple : « Il y a eu une légère évolution par rapport à la semaine dernière, il m'a raconté comment s'était passée sa journée. » , « Aujourd'hui, il n'est pas du tout ouvert à la conversation. », « Il semble plus anxieux que d'habitude. », « Je pense qu'il a pleuré avant de venir, mais le, il ne me dira pas la raison. » , « Ce garçon a vraiment besoin d'aide, ...

— C'est bon j'ai compris. L'interrompé-je. J'ai compris ... je ne suis juste pas encore prêt.

— Il n'y a pas de problème. Souffle t'il en retirant ses lunettes qu'il pose sur la table basse en verre. Est ce que tu prends les médicaments que je t'ai prescrit ?

Je hoche simplement la tête, tout en regardant le plafond comme à mon habitude.

Aujourd'hui, j'ai décidé de brûler les livres dans lesquels j'avais gravé mon nom. Ce geste marque le début de mon processus de détachement:  m'en aller en douceur , sans me précipiter.

Pas comme les autres fois, parce qu'il réussira encore à me sauver, mais je ne veux pas être sauvée, que ce soit par lui ou par quelqu'un d'autre.

Les fleurs retrouvent leur jeunesse au rythme du souffle d'un bébé, pendant que mes os s'étioleront inexorablement pour finalement se dissoudre en poussière.

J'ai laisser comme souvenir de moi dans ce monde mes larmes de cristal, peut être que le soleil qui brille de mille feu s'en serviras comme élixirs pour en faire une fontaine de jouvence.

— Je suis conscient que tu es complètement ailleurs et que tu ne me prêtes plus attention. Me dit le psychologue . Mais j'ai parlé à l'autre médecin que tu consultes ici... Ralentis sur la musique !

Pourquoi devrais-je freiner sur la seule chose qui me fasse aller bien ? Quand je suis loin du groupe, c'est elle qui me maintient en vie. À ses côtés, je passe de ce monde ennuyant, avec ses contraintes et ses jugements, à un univers vibrant, rempli de mes pensées et de mes rêves.

C'est une coutume que j'ai depuis l'enfance, un rituel dans lequel je me réfugie lorsque le tumulte de ce qui m'entoure devient trop lourd. Je me souviens encore de mes premiers écouteurs que ma mère m'avait offerte. Je les avais pendant si longtemps qu'ils étaient devenus une extension de moi-même, presque comme une seconde peau, jusqu'à ce qu'ils soient pratiquement cassés, mais je n'ai jamais pu me résoudre à m'en séparer.

CARELESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant