CARELESS

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟓

˚⊱ La lumière du plus haut des cieux, vient du fond des yeux.⊰˚

IFE

Initialement je n'avais vraiment pas prévu de vivre presque une semaine sous le même toit que lui.

Après ce qui s'est passé à l'hôpital, j'ai informé Kaein que j'allais retourner sur Shady Lane. Il s'y est opposé tout en me demandant de rester chez lui jusqu'à la fin de mon séjour.

Au début, je n'étais pas pour, mais d'un côté je n'avais pas envie que mon père sache que ma mère m'avait mise à la rue. L'idée de le voir, ses traits se durcissant sous le coup de la tristesse et de la culpabilité, me hantait. Vu la manière dont j'étais à bout, j'aurais pu tout lui dire me concernant, et ça n'aurait rien changé hormis le faire culpabiliser ... du coup je n'ai pas eue d'autre choix que d'accepter.

Chaque matin, je trouvais un petit déjeuner soigneusement préparé devant ma porte: un bol de céréales, deux pancakes, un jus d'orange et bien sure une sucette à la cerise . Même ce geste était bienveillant, il ne faisait que raviver ma culpabilité, me rappelant à quel point j'étais dépendante de lui.

Recevant pas mal de monde pour faire des parties de jeux, je reste dans la chambre pour ne pas les déranger. Je m'occupe en regardant les photos et vidéos que Solveig a postées de Jackson sur Skyblog. Il m'arrive parfois de commenter ou de liker, mais pas tout le temps.

Si je ne suis pas derrière l'écran, je joue avec Dokaï, son chien de compagnie, un berger du Caucase.

Notre rencontre était pour le moins saugrenue. Un soir, vers 4 heures du matin, alors que je me rendais à la cuisine pour boire de l'eau, la lumière éteinte pour ne pas attirer l'attention, je suis tombée sur lui. Je ne le voyais pas très clairement, mais j'entendais ses rugissements. Vu la taille qu'il dégageait dans l'ombre, j'ai cru que c'était un ours ou quelque chose du genre. Mon premier réflexe a été de monter sur la table en hurlant, ce qui l'a fait aboyer. La minute suivante, Kaein a dévalé les escaliers en furie avec son pistolet à la main.

Une fois la situation clarifiée – moi, apeurée, et son chien, enragé – il a essayé de calmer les choses, mais nous étions déjà à notre apogée.

Le comble, c'est quand j'ai su que depuis le début je dormais dans sa chambre et que j'allais devoir partager avec lui parce qu'il ne supporte pas de dormir ailleurs.

Heureusement, nous avons appris à nous connaître et nous nous entendons vraiment bien. Il m'arrive parfois de dormir sur lui quand il fait trop froid et que j'ai peur d'aller demander une deuxième couverture à Kaein.

Actuellement, je suis allongé sur le lit, fixant le plafond, un lustre pendouillant de gauche à droite, bercé par la douce musique des flocons de neige mêlés à la pluie qui frappe contre la vitre de la chambre.

La météo a annoncé une espèce d'averse plus alerte grêlons à la télé. Les images de voitures glissant sur des routes verglacées et de passants se protégeant sous des parapluies malmenés me reviennent en tête. Je n'avais prévu d'aller nulle part, comme les autres jours, mais d'après ce que j'ai entendu dans les couloirs il y a quelques jours, ce soir c'est l'anniversaire d'un ami de Kaein et il compte s'y rendre.

J'espère qu'il ne lui arrivera rien sur la route... après tout, c'est lui qui doit me raccompagner.

Les léchouilles incessantes que Dokaï me prodigue sur la plante des pieds commencent à me faire réagir. Mes orteils se contractent involontairement et mon pied bouge de haut en bas. Aidé de mes bras, je me redresse lentement pour le fixer. Il est là, assis devant moi, la langue pendante, bavant légèrement.