« J'ai été sa fin, il a été mon commencement. »IFE
J'ai pris mes jambes à mon cou.
Voilà ce que j'ai fait, parce que pour une fois, c'était moi qui avais le pouvoir de décider, sans avoir à justifier mes choix auprès de qui que ce soit.
Il a bien essayé de m'arrêter, sa silhouette se dessinant derrière moi. L'entendre presque supplier mon prénom, comme si cela pouvait apaiser ma colère, me révoltait au plus haut point.
Je voulais juste une chose : qu'il me foute la paix.
C'est vrai quoi, pourquoi aurais-je dû céder ? Après six mois de silence sur son frère, une chose si banale, mais pourtant transformée en un secret d'État.
Je m'en veux tellement de n'avoir rien vu, comme si un voile épais s'était installé sur mes yeux. J'ai conscience que je ne porte pas attention à ce qui se passe autour de moi, mais bordel, on parle de jumeaux ! Ils ont beau être presque identiques, ce ne sont quand même pas une seule et unique personne.
Chaque nuance de leur caractère, chaque inflexion de leur voix, aurait dû me frapper, mais j'étais trop absorbée par mon propre désir d'être la priorité de quelqu'un, de me sentir choisie.
Je le déteste... non, je les déteste. Tous les deux m'ont prise pour une conne, m'échangeant comme une vulgaire carte Pokémon, comme le font les gamins au fond de la cour de récréation, sans le moindre respect, sans la moindre considération.
Dire que j'étais sur le point de lui parler de ça... de me confier à lui sur ce poids... J'ai failli tout lui dire à ce sujet...
Tout ça parce qu'il a prononcé deux phrases, simples en apparence, mais qui avaient résonné en moi comme une aide désespérée.
Bordel, je me sens si stupide, trahie, honteuse.
Mes mains blotties entre mes cuisses, je me recroqueville sur moi-même, cherchant un semblant de réconfort dans cette position. Mon regard est fixé sur ma coiffeuse, dont la lumière brille encore dans l'obscurité de ma chambre. Mes vêtements, encore humides de la pluie de tout à l'heure, me collent, comme une seconde peau qui me rappelle à quel point je suis perdue.
En rentrant à la maison, je n'ai pas pris la peine de les retirer, la fatigue et le désespoir m'ont poussée à sauter directement dans mon lit.
Mon téléphone, posé sur mon oreiller, vibre pour la quatorzième fois. C'est encore lui, inlassablement, qui essaye de me joindre. Pourquoi ne peut-il pas comprendre que je n'ai pas envie de l'entendre ?
Ça serait trop lui demander de me laisser tranquille ? Il en a déjà assez fait aujourd'hui.
Je serre les dents, alors que je tire mon portable vers moi, le regard figé sur l'écran qui m'affiche son nom. Avant de l'éteindre complètement, je prends la décision de supprimer les messages vocaux qu'il m'a laissés, sans même les écouter. Je tape furieusement sur mon clavier et je sens un soulagement éphémère à chaque "supprimer" qui s'affiche.
« Ce n'est pas ce que tu crois »
« Laisse-moi t'expliquer »
Je connais déjà la chanson par cœur, non merci ! Je refuse de me laisser happer par ses discours éculés.
Un bruit provenant du salon, signe que mon père s'est finalement réveillé de sa sieste, me ramène à la réalité. Je dois savoir. Est-ce qu'il était au courant de l'existence des Jumeaux Barthélémy ? Du moins, si c'est vraiment leur nom.
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CARELESS
RomancePour sa dernière année de lycée, Ife n'a pas de grandes attentes sachant qu'elle quitte sa ville d'enfance pour emménager dans le conte balnéaire huppé de Wechester où vit son père. Alors qu'elle tente de s'intégrer dans ce nouvel environnement qui...